Chapitre 8

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J'ai passé la pire semaine de ma vie. Ça fait exactement dix jours qu'Alex est décédé. Cinq séances avec ma psychologue. Ma psychologue qui me connaît mieux que Sandra maintenant. En tout cas, elle connaît mieux mon passé. Même si je ne lui ai plus rien dis de trop douloureux depuis Terry.

C'est enfin le week-end. Je ne sais pas si je suis contente ou non. L'avantage du travail c'est qu'il m'empêchait de penser à tout ça. A ma vie. Je caresse Lhassa qui est assis à côté de moi sur le canapé. Je regarde la télé. Comme ce soir la, où m'a vie c'est arrêtée. Brutalement.

Je ferme les yeux pour oublier ce terrible appel. Je force mon cerveau à penser à autre chose. Mes pensées dérive vers mon nouveau collègue, Aaron. C'est le seul à ne pas m'éviter au travail. Tous les autres collègues préfèrent rester entre eux. Je ne pensais pas que les gens avaient si peur de ça, d'affronter une personne en deuil. Comme si la présence d'autres personnes me feraient pleurer. A vrai dire je ne comprends pas trop leurs raison mais je ne cherche pas. C'est mieux ainsi.

Et j'aimerais bien qu'Aaron les imitent au lieu de me coller. Au lieu d'essayer de faire la conversation avec moi. Je ne nie pas qu'il est charmant et je vois bien le regard que les femmes lui jette. Et comment elles me regardent aussi, avec envie. Je me débarrasserais volontiers de ce collègue aussi beau que collant. Parce que mes pauvres phéromones de femmes font qu'il m'attire physiquement. Et je déteste ça. Je le déteste plus que tout.

Je me lève brutalement du canapé, réveillant Lhassa par la même occasion. J'en ai marre de me morfondre. Et pour une fois que ma psychologue ne peut pas venir, je compte bien profité de mon après-midi.

- Allez vient Lhassa, on va se promener.

Je vais chercher la laisse et il me suit gaiement. En quelques minutes nous sommes déjà dehors. Il pleut. Mais je m'en fiche. Je trouve que la pluie a quelque chose de beau. C'est le seul moment où on peut tout ressentir. On peut hurler, pleurer, sourire. La pluie nous accompagne dans nos émotions. Son bruit cache nos cris, ses gouttes cachent nos larmes et sa pénombre cache nos sourires.

Mais aujourd'hui la pluie ne me cachera pas. Car je n'ai rien à cacher. J'ai perdu mon sourire, je n'ai plus de larme et ma voix ne supportera pas de cris supplémentaires. Je vais seulement marcher. Écouter les gouttes tomber. Lhassa aboie en commençant à courir partout, aussi loin que lui permet sa laisse en tout cas. Il a vite fait d'enrouler sa laisse autour de mes jambes et je manque de m'écrouler par terre. Je me dépêtre avant d'avancer, suivie de Lhassa.

Je ne croise personne. Même les voitures semblent avoir disparues. Je marche comme ça une dizaine de minutes avant que la pluie ne s'arrête. Ce n'était qu'une simple averse malheureusement. On ne peut pas espérer plus au mois de juin. Je regarde le soleil reprendre sa place dans le ciel, embellit par un arc-en-ciel. Une ébauche d'un sourire apparaît sur mon visage quand Lhassa rencontre une grenouille. Quand celle-ci croasse, il glapit avant de courir se réfugier derrière moi.

Je m'approche de la grenouille, essayant de montrer à Lhassa qu'il ne court aucun danger. Les grenouilles ne m'ont jamais enchantées donc je ne la touche pas. Mais ce rapprochement convainc Lhassa de venir renifler la bête. Quand elle croasse une nouvelle fois, il sursaute seulement. Je rigole face au comportement de mon chiot. Je m'imagine Alex à mes côtés, rigolant à cause du comportement de notre chien.

- Kathleen ?

Je cesse de sourire quand je reconnais cette voix. Il sort de sa maison, muni d'un t-shirt bleu ciel et d'un short noir. Il marche jusqu'à moi, s'arrêtant quand sa barrière est notre seul obstacle. Je suis trop étonnée de le voir ici pour réagir plus tôt.

- Aaron ? Vous habitez ici ?

Mon nouveau collègue passe une main derrière sa tête, comme gêné, avant de répondre.

D'amour et de lettres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant