Les Maraudeurs et la Traque du Flambeau (tome 4)

Chapitre 124 - SIRIUS BLACK

Combien de temps avait-il passé à faire les cent pas dans cette salle commune, Sirius se le demandait. Tout le monde était parti se coucher depuis un bon moment ; Evans avait terminé son devoir assez tardivement avant de disparaître dans le dortoir des filles de quatrième année et même Peter avait renoncé à attendre avec Sirius le retour de James.

S'il lui est arrivé quelque chose à cause de moi... Plusieurs scénarios défilèrent dans sa tête. Rogue, réduit en bouillie par un loup-garou. James, maussade, qui revenait avec une morsure, conscient qu'à partir de ce jour-là, chaque pleine lune, il devrait se transformer en une bête assoiffée de sang. Et tout ça à cause de qui ? De lui qui n'avait pas su supporter des rumeurs stupides qui entaillaient sa fierté.

Cette torture mentale lui parut durer une éternité. Parfois, il essayait de se rassurer. Ne t'inquiète pas. Dumbledore a dû tout arranger. Il doit savoir gérer un loup-garou facilement. Il a protégé James et Rogue. Mais alors pourquoi James mettait-il tant de temps à revenir ? S'il n'était pas blessé, s'il n'y avait pas eu de catastrophe, pourquoi n'était-il pas de retour à la salle commune ?

Durant quelques secondes, Sirius hésita. Devait-il se rendre à l'infirmerie pour voir s'il n'y était pas en train de faire examiner une terrible morsure de loup-garou par une Mrs Pomfresh horrifiée ? Ou peut-être devait-il aller directement au bureau de Dumbledore pour demander ce qu'il se passait ?

Mais, enfin, cette attente s'acheva lorsque le tableau de la Grosse Dame coulissa pour laisser entrer James. Il semblait fatigué et un peu pâle mais il n'avait aucune blessure et était en parfaite santé.

Sirius ne put retenir un soupir de soulagement.

- Alors ? s'exclama-t-il presque en se jetant sur James.

- Alors tu es con, répliqua ce dernier en le fusillant du regard avant de se laisser tomber sur un fauteuil de la salle commune.

- Oui, je sais, grommela Sirius en s'asseyant à côté de lui, mais que s'est-il passé ?

- Rogue a découvert toute la vérité sur Remus, lui expliqua James, il faut dire que si je n'étais pas intervenu à temps, il n'en serait rien resté. Heureusement, Dumbledore lui a fait promettre de ne rien dire.

- Tu... Tu crois que Rogue va respecter cette promesse ?

- Je ne sais pas. Dumbledore lui a assuré que s'il en parlait à quelqu'un, il serait viré de l'école. Je suppose qu'il n'a pas d'autres choix que de garder le secret. Mais ça me dérange de savoir que ce sale petit gnome soit lui aussi dans la confidence.

- Oui, je comprends.

Il y eut un petit silence. Sirius ne pouvait pas s'empêcher de se sentir soulagé par la nouvelle. Tellement de choses auraient pu mal se passer, cette nuit.

- Dumbledore m'a dit qu'il t'avait puni pour ça, dit alors James.

- Oui, répondit Sirius d'un ton morne, je passerai tout mon mois de mai en retenue, chaque samedi. Et il m'a prévenu que si je faisais un pas de travers, je n'aurais pas l'autorisation de visiter Ogalypso, au moins de juin.

Cette espèce de centre commercial pour sorciers situé proche de Uagadou était censé ouvrir ses portes juste avant la Course d'Eté et tout Poudlard n'avait qu'une hâte : visiter cet endroit. Sirius aussi, d'ailleurs.

- Tu l'as mérité, grommela James.

- Oui, je sais...

- Mais enfin, qu'est-ce qui t'a pris ? Tu te rends compte de ce qui aurait pu arriver ? Tu aurais été responsable de la mort de Rogue ; je sais qu'on ne l'aime pas, mais de là à lui réserver un tel sort ! Et Remus ? Tu y as pensé, à Remus ? Comment est-ce qu'il se serait senti, le lendemain en reprenant conscience ?

- Figure-toi que j'ai passé toute la soirée à me torturer l'esprit avec ces pensées. Je ne sais pas, j'étais... tellement en colère. Mais de toute façon, je n'ai aucune excuse.

- Ouais, bon... L'essentiel, c'est que personne n'a eu de mal. Bon, allons nous coucher, sinon Delaunay va me passer un savon quand je m'endormirai durant son cours.