Les Maraudeurs et la Traque du Flambeau (tome 4)

Prologue

Tout au nord, au bord d'une mer qui ouvrait sur les confins du monde, se dressait un sinistre château aux hautes tours noires et décharnées. Incartable, impossible à voir par les Moldus, ce fort dont la localisation restait un mystère était cependant connu dans le monde des sorciers. C'était le château de la très ancienne maison des Wandcaster, une lignée de mages noirs remontant aux premiers siècles du Moyen-âge. Beaucoup de rumeurs couraient autour de ce qui pouvait se passer entre ses murs. Certains l'appelaient même « le Palais des agonies ».

Mais comment quiconque pouvait savoir ce qui se déroulait derrière les hautes murailles du château des Wandcaster ? Que ce soit au Moyen-âge ou en cet été 1974, les seules personnes pouvant espérer pénétrer entre ses murs et en ressortir vivants se comptaient sur les doigts d'une main. Il y avait les alliés de la maison, leurs très nombreux serviteurs et, bien sûr, les membres de la famille Wandcaster. Tous auraient volontiers choisi la mort plutôt que de parler sur les sombres affaires qui se tramaient derrière ces murs noirs.

Dressé sur les côtes écossaises, l'édifice arborait fièrement un blason aussi sombre que le paysage lui-même. Un corbeau perché sur une branche tordue.

Cette nuit-là, le ciel restait couvert et le vent sifflait entre les tours. Au sommet d'une des murailles du château, le patriarche de la famille Wandcaster, l'un des hommes les plus recherchés par le Ministère de la Magie, regardait partir au compte-gouttes ses quelques alliés. La réunion était terminée. Et les Mangemorts devaient faire à présent une certaine marche loin des murs du château pour pouvoir transplaner.

Orestus Wandcaster les regardait s'éloigner. Ils étaient déjà des petits points noirs qui s'enfonçaient dans la forêt morte qui encerclait le domaine. Dans sa longue cape noire ballotée par les vents énergiques de la mer, le vieil homme leur tourna finalement le dos et retourna dans le grand salon dans lequel la réunion avait eu lieu.

Tous les Mangemorts étaient partis. Tous sauf un. Il ne restait qu'un jeune homme d'à peine plus de vingt-cinq ans qui patientait là, tourné vers l'âtre de la cheminée, pensif.

- Il ne me semble pas vous avoir convié à rester pour le dîner, Rodolphus, fit remarquer Orestus en contournant la table de réunion.

Le jeune homme se retourna. Ses cheveux d'un noir de jais et son visage émacié au teint halé étaient typiques des Lestrange. Il paraissait cependant nerveux comme s'il osait enfin faire quelque chose qu'il avait longtemps remis à plus tard.

- Mr Wandcaster, dit-il, je suis désolé... Je partirai aussitôt que... Enfin, si vous me permettez que je vous dise deux mots en privé...

Orestus pensait bien deviner le sujet que voulait aborder le jeune Lestrange. D'un geste de la main, il l'invita à entrer dans une pièce plus petite et plus confortable où un elfe de maison au dos couvert de cicatrices laissées par un fouet était occupé à raviver un feu dans une autre âtre de cheminée.

- As-tu déjà goûté à la cuvée de vins d'elfe des Wandcaster, mon garçon ? demanda Orestus en s'asseyant sur l'un des grands fauteuils en cuir.

- Je n'ai pas eu cette chance, monsieur, répondit Rodolphus Lestrange.

Orestus fit signe au jeune homme de s'asseoir devant lui. Il n'eut besoin de rien dire pour que l'elfe de maison se mette à quitter en claudiquant le petit salon pour aller chercher deux coupes de vin dans la cuisine.

Le silence ne dérangeait pas Orestus. Il sortit une pipe et se mit à la bourrer de tabac. Mais le jeune homme assis en face de lui semblait de plus en plus mal à l'aise devant ce blanc.