Chapitre 2

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À 7h : 00, toute la famille était à table pour le petit déjeuner. Sur la Table il y avait trois verres de café à moitié remplis, et à coté de chaque verre il y avait un morceau de sucre. Rien de plus. Mais personne ne protestait du contenu du petit déjeuner. Ils avaient l'habitude. Car Halima travaillait comme concierge dans un hôtel, et son salaire était très mince pour qu'elle puisse fournir du lait chaque jour à ses enfants.

Houssine avait une façon spéciale de prendre son petit déjeuner. Il 'avait baptisé «sucré café ». D'abord, il croquait le sucre, tout en le savourant, enfin il buvait le café. Il adorait le gout du sucre. Selon lui, le mélanger au café était un péché. Karima avait une question fétiche. Elle la posait à sa mère à la fin du petit déjeuner de chaque matin,

- Qu'avons-nous au déjeuner, demanda Karima.

- Des lentilles, répondit Halima.

-Encore? Hier et avant-hier nous avons aussi mangé des lentilles. J'en ai ras-le-bol. Je hais les lentilles. 

Houssine s'en foutait pleinement de connaitre le menu. Selon lui; n'importe quoi ferait l'affaire. Il suffit juste que le plat soit comestible.

- Tu as raison ma fille, mais si tu la manges aussi aujourd'hui, je te Promets que le dîner sera des sandwiches Shish kebab de l'oncle Mohamed

Ces paroles provoquaient chez les enfants une joie immense. Houssine adorait tellement manger le sandwich shish kebab de l'oncle Mohamed, et Karima ne devait pas laver la vaisselle. Cette corvée qu'elle haïssait plus que les lentilles. Pour elle, c'était un luxe.

- Je mangerai jusqu'à la dernière goutte, dit Karima.

À 7h : 30, c'était l'heure de prendre les enfants à l'école. Mais avant de sortir de la maison, Halima posait toujours ces trois questions à Karima. C'était un rituel : 

- as-tu le double des clés de la maison? 

- Oui, dit Karima. En ouvrant une petite poche dans son cartable; elle sortit les clefs et les montra à sa mère.

- Que dois-tu faire quand tu sortiras de l'école à 11h30?

- Je chercherai Houssine, et je l'amènerai avec moi à la maison en lui tenant fermement la main.

- Et quand tu finiras de réchauffer le déjeuner, que devras-tu faire? 

- Je coupe le robinet du gaz. 

- Très bien. Je sais que je peux compter sur toi. 

Ce n'était pas par manque de cofinance que Halima posait toujours ces questions. Au contraire, elle savait très bien que sa fille pouvait assumer la responsabilité. Karima a prouvé à plusieurs reprises qu'elle pouvait prendre soin de son frère et de la maison, mais c'était plutôt par prudence. Pour Halima, un homme averti en valent deux.

En amenant ses enfants à l'école, elle évitait toujours ses voisines qui accompagnaient leurs enfants à l'école. Elles étaient ennuyantes et collantes, et essayaient à chaque fois de connaitre tout sur elle ; le lieu de son travail, et surtout si elle voulait se remarier. Et dès que la conversation se penchait vers le sujet de mariage, ces femmes avaient toujours un prétendant à lui proposer. Halima n'avait jamais pensé à se remarier. Elle était follement amoureuse de son défunt mari. Elle ne voulait ni trahir ni salir le souvenir de son mari. Mais hélas, ces femmes étaient déterminées, et ne rataient jamais une occasion de la harceler, en se souciant peu de son choix.

Au seuil la porte de l'école, Halima embrassait tendrement Karima et Houssine en disant ; 

- Houssine est sage et écoute ta sœur, Karima traites ton petit frère avec amour. 

- Oui maman, répondit Houssine

- Ok maman, répondit Karima

- Faites de votre mieux les enfants, et bonne chance.

À cause de son mince salaire, Halima n'avait pas le privilège de prendre un taxi pour se rendre au lieu de son travail. Elle y allait à pieds. Heureusement, l'hôtel où elle travaillait comme concierge n'était pas trop éloignée de l'école. Un vieil hôtel de deux étages, trois chambres plus une toilette et une douche collective dans chaque étage. Il était dans un piteux état, à cause de monsieur Ahmed qui ne voulait pas procéder à des rénovations.


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