La tribu, la princesse et le sage

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La princesse regarda autour d'elle, ne voyant que des commerçants marcher pieds nus dans le sable d'été. Elle cria à Lydia en disant :

« Ce n'est pas possible, avant-hier encore j'étais dans mon palais. »
Lydia rigola.
« Ce n'est pas drôle, » s'écria Leila.
Lydia dit d'une voix moqueuse :
« N'ayez crainte, ma princesse, ici rien ne vous atteindra à part quelques dirhams. »
Soudain, des guitares se mirent à jouer, annonçant l'arrivée imminente du crépuscule.
« Mais qu'est-ce que ce beau son ? »dit Leila.
« Le son du sommeil. » répondit Lydia.

Avant de dormir, les souvenirs de l'évasion de Leila lui revinrent soudainement. Elle partit demander à voir le chef de cette tribu.
« C'est mon grand-père. »dit une voix magnifique derrière les rochers.
« Montrez-vous donc, ne vous cachez pas et amenez-moi à lui si l'envie vous presse, car la lune ne va pas tarder à se montrer. » dit Leila.
Une femme nommée Asmaa, aux yeux marron d'une beauté incroyable et au visage resplendissant de lumière, sortit et fit signe aux hommes pour leur dire de prévenir le sage d'une nouvelle venue.
« Je vais vous y amener à la seule condition que vous restiez avec nous. Si vous êtes vraiment une princesse, notre économie va monter. » dit Asmaa en rigolant.
La princesse et Asmaa marchèrent en direction du chef de ce village sous des étoiles brillantes de mille feux.
« C'est notre ère qui devrait se nommer siècle de lumière » dit Asmaa en lançant la discussion.
« Oui, mais nous vivons dans le siècle des royaumes. » répondit Leila.

Arrivées à la grande caravane du grand sage du village, une cendre de feu de camp toucha la robe luxueuse de la princesse, ce qui la fit se jeter tout droit vers la porte qui s'ouvrit d'un grand coup, réveillant le sage et sa femme. Tout le commerce tomba sur le pied de Sara, la sœur d'Asmaa, qui s'écria de douleur et réveilla la tribu entière, ainsi que celle d'à côté qui préparait les lances sans que cette information soit arrivée au village précédent.

Le sage interrogea la princesse sur sa vie, son mode de vie, et ses activités habituelles, mais cette dernière répondit simplement ce que toutes les princesses feraient à son image.
Le sage emmena Leila à l'écart pour lui enseigner discrètement une grande leçon.
« Les étoiles dans le ciel sont chacune semblables malgré leurs différences, tout comme les grains de sable dans le sol.» dit le sage d'un ton doux.
La princesse Leila, confuse, répondit : « Où voulez-vous en venir ? »
Le sage sourit légèrement et dit : « Chaque humain est pareil, le noir comme le blanc, l'Arabe comme le non-Arabe, et le noble comme le pauvre. »
La princesse rigola et dit : « Vous voulez dire que je suis comme votre peuple ? »
Le sage, sans émotion, répondit : « Eh bien, je ne pense pas qu'on te divinise. Les prophètes eux-mêmes reconnaissaient être des hommes, alors en quoi une princesse est-elle digne de plus de faveur ? »
La princesse dit : « Eh bien, on dit que les rois sont établis par le pouvoir de Dieu ? »
Le sage répondit alors : « Que dire des prophètes ? Réfléchis profondément à ce que je viens de dire. Toi comme moi, un jour nous fermerons les yeux pour toujours dans cette vie d'ici-bas, alors rien ne nous différencie des autres. »
La princesse s'assit sur le sable et se mit à réfléchir à ce que le sage venait de lui enseigner, mais soudain, le bruit de chevaux et de cris venant de loin retentit. Le sage reçut une lame dans le dos.

À suivre...

Le voyage entre deux frontièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant