Chapitre Cinquième

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De : Type de la boulange

Vous sortez où ce soir ? Comme la dernière fois ?

De : Eliott

Oui, je crois.

De : Type de la boulange

Tu veux que je vienne ?

De : Eliott

Pourquoi, t'as peur que je me foute à poil chez un autre inconnu ?

De : Type de la boulange
🤫

De : Eliott

T'es con. J'suis vacciné, crois-moi. Je vais passer la soirée au jus d'orange.

De : Type de la boulange

Je crois pas avoir jamais vu de jus d'orange dans les afters des étudiants en médecine.

De : Eliott

Parce que t'en as fait souvent ?

De : Type de la boulange

Ça m'arrive. On y trouve souvent de beaux garçons. 😉

De : Type de la boulange

T'es fâché ?

De : Eliott

Nan, je bosse ! Je vais pas pouvoir ce soir, alors je dois cravacher maintenant. Et franchement ? Ça me fait bien chier, je préfèrerais avoir le temps de souffler un peu.

De : Type de la boulange

Pardon. Je te dérange plus. Mais dis-moi si ça ne va pas ce soir, d'accord ? Je passerais te chercher.

De : Eliott

OK.

**

Jules avait disparu depuis un moment avec une fille de la promo, et vu que son manteau n'était même plus là, on pouvait penser qu'il ne reviendrait pas. Pourtant, Eliott n'était pas parti. Parce qu'un de ses camarade l'avait retenu, lui avait glissé un cocktail hors de prix dans la main et qu'il aurait été impoli de refuser. Le jeune homme l'avait goûté, puis l'avait posé devant lui et le faisait durer le plus possible. Pour ne pas avoir à en boire d'autre, ni à en acheter encore. Son genou s'agitait nerveusement alors qu'il semblait être devenu le centre de l'attention générale, grâce au camarade qui l'avait retenu et qui avait braillé qu'il pouvait bien offrir à boire au major du semestre.

Depuis, Eliott ne cessait de se ratatiner dans la banquette de velours du club. Vincent – c'était son nom – ne cessait de lui poser des questions allant de l'indiscrétion à l'impolitesse et Eliott louvoyait pour essayer de ne rien dire de lui tout en contentant l'abruti qui l'empêchait de partir et essayait clairement de le saouler.

Il sortit son portable de sa poche, discrètement.

De : Eliott.

Viens.

**

Eliott avait les yeux clos et la tête renversée en arrière dans le velours rouge de la banquette. Autour de lui, ses camarades poursuivaient leurs conversations, voire le sollicitaient encore. Il se massait les tempes. Mathis lui tapota l'épaule en passant derrière lui, mais fit le tour en bousculant sans ménagement les gens présents autour de l'étudiant pour l'aider à se lever. Eliott se lova contre lui, les deux bras passés autour de son cou pour se retenir de tomber. Un type manifestement aviné se leva en même temps et l'apostropha :

« Eh, t'es qui toi, qu'est-ce tu fous à une soirée privée ? Laisse-le-nous, on est occupés !

— J'crois pas non, c'est l'heure pour lui de rentrer dormir.

— Hinhin c'est ton mec ? Eh les gens, regardez notre petit major de promo a son chérichou qui vient le chercheeeer !!

Des ricanements s'élevèrent autour d'eux. Mathis roula des yeux d'un air blasé et déclara platement :

— C'est mon cousin, crétin. Laisse-nous passer maintenant. On se tire. »

Il se fraya un passage, soutenant par la taille un Eliott mal à l'aise, et l'entraîna dehors. À l'extérieur il aida le jeune homme à s'adosser à un mur et le regarda attentivement avant de demander :

— Tu as toutes tes affaires ? Ton portable, ton portefeuille, tes clés ?

Elliott opina et se massa les tempes.

— Je comprends pas, j'ai bu que trois verres... Mais j'ai la tête qui tourne tellement...

— Tu as mangé aujourd'hui ?

— Évidemment !

— Quand ? Quoi ?

Eliott regarda subitement ses pieds. Mathis patienta, pas vraiment pressé. L'étudiant finit par céder et murmura :

— Un croissant. Ce midi.

Mathis lui sourit, rassurant.

— Ben t'es bourré. Je préfère ça. En buvant de l'eau ça devrait passer un peu, et en mangeant aussi.

— Tu préfères ?

Mathis sourit encore et l'aida à nouveau à se redresser, passant un bras autour de sa taille. L'air frais avait déjà commencé à faire son effet et Eliott semblait un tout petit peu plus stable. Le blond lui expliqua qu'il préférait qu'il soit saoul plutôt que drogué à son insu par ses camarades. Le bizutage avait l'air parti pour durer, et il était bien content qu'Eliott ait pensé à le prévenir, sans quoi cela aurait pu mal se finir.

Le boulanger n'habitait qu'à quelques rues de là, ils furent vite chez lui. Eliott se pendit à son cou dans l'entrée, et le regarda un instant dans les yeux.

« Merci de toujours t'occuper de moi », murmura-t-il.

Subitement, les lèvres pleines de l'étudiant furent sur les siennes.

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