Bzz Bzz Bzz. Bzz Bzz Bzz.
Surpris, Eliott saisit son téléphone, qui vibrait alors qu'il était en plein cours. Le nom de sa mère s'affichait, et c'est d'une main tremblante qu'il décrocha tout en remontant les marches vers la sortie de l'amphithéâtre.
— Maman ? murmura-t-il en décrochant.
Un long silence suivi d'un sanglot étouffé lui répondit.
— Eliott je... Ton père... Il... C'est fin...
— Non ! Nonnonnon !
Il s'affaissa dans le corridor, incapable de parler. Incapable de raccrocher. Accroupi le long du mur, il resta immobile, pleurant en silence. À l'autre bout du fil, sa mère faisait pareil. L'on n'entendait que sa respiration hachée quand elle parvenait à inspirer.
C'est là que Jules le trouva, prostré, de longues minutes plus tard.
Ne le voyant pas revenir, son ami s'était inquiété et avait fini par se faufiler en douce hors de l'amphi afin de voir ce qu'il se passait. Le voyant mutique, il s'empara du téléphone, toujours en ligne, et prit la parole. C'est ainsi qu'il apprit le décès du père de son camarade, dont il ignorait la situation jusqu'à présent. Il murmura quelques paroles, raccrocha le téléphone et le glissa dans la main de son ami.
— Attends-moi là, je vais chercher nos affaires. Je te ramène chez toi.
Eliott était bien incapable de bouger, de toute façon. Jules le retrouva exactement au même endroit lorsqu'il revint quelques instants plus tard, chargé de leurs deux sacs.
**
Mathis s'était tenu en retrait, avec Jules et deux jeunes femmes qu'il ne connaissait pas, mais qui était aussi des camarades de promo d'Eliott, pendant toute la cérémonie. À présent que cette dernière était terminée, et que le cercueil avait été placé dans la tombe, il ne restait plus grand monde. Seuls les plus proches étaient conviés au petit buffet servi chez le jeune homme. Jules était resté un moment, puis reparti. Mathis s'approcha d'Eliott, dans l'espoir que ce dernier communique enfin avec lui.
Dans la semaine qui avait suivi l'annonce du décès Mathis n'avait eu aucune nouvelles. Eliott ne répondait pas à ses messages, ni à ses appels. Il n'était pas venu travailler à l'appartement pendant ses heures de pause et n'était pas passé à la boulangerie au déjeuner. C'est par Jules que Mathis avait eu les informations concernant la cérémonie. Il était rongé d'inquiétude, mais comprenait le silence de l'étudiant. Il avait sûrement besoin d'être seul avec sa mère, et sa tante, et puis il fallait préparer la cérémonie, et...
Eliott se détourna lorsqu'il le vit approcher. Mathis en resta un instant interdit, mais se reprit bien vite et saisit l'étudiant par la main.
—Eliott, attends.
— Non. Merci d'être venu, mais la cérémonie est finie. Tu peux partir à présent.
— Mais... Non ! Il est hors de question que je te laisse alors que tu es... tu es...
Dévasté. C'est le mot qui lui vint à l'esprit quant il put regarder de plus près le visage de son amoureux. Mais il le retint, et se mordit la lèvre un instant avant de reprendre :
— Parle-moi Eliott. Je... Je suis là pour toi. Toujours.
— Parler pour dire quoi ? Il est mort, et c'est moi qui l'ait tué ! Si je n'avais rien dit, si je ne lui avais pas parlé la veille il... il serait encore là !
— Eliott Villebois ! Je t'interdis de dire une chose pareille !
Surgie de nulle part, la mère d'Eliott s'était plantée devant lui, les poings sur les hanches.
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Appartenir
Romanceappartenir : (bas latin appartinere, être attenant, de pertinere, se rapporter à) 1. Être la propriété de quelqu'un, son bien, soit de fait, soit de droit. 2. Être à la disposition de quelqu'un, dépendre de lui, se prêter à une quelconque a...