Chapitre 11

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Tandis que de pauvres malheureux essayaient de scier leurs chaînes avec leurs dents, je dessinai sur le matelas à l'aide d'une brindille et d'un peu de terre poussiéreuse la démarche de notre plan.

Yann et Travis se tordaient le cou à examiner mon pauvre dessin.

- Ce qu'on peut faire, c'est tenter une ruse pendant le moment des douches, fis-je.
- Après ce qu'il s'est passé, il ne vont plus rien laisser au hasard...

Consternée, je ne répliquai rien. Mais comment va-t-on faire ?! Je ne veux pas terminer ma vie dans un endroit pourri où les cafards ont élus domicile ! Je ne veux pas non plus "travailler" pour des pervers. C'est hors de question.

Alors que je relevai la tête, je croisai le regard de Yann. Le genre de regard qui exprime de la fatigue, de l'inquiétude, de l'abandon.

- Ne renonce pas..soufflai-je.
- Que dis-tu ? Demanda Travis
- Rien. Ce n'est pas important.

Je fronçais des sourcils.

Il y a toujours des solutions. Toujours. Alors pourquoi nous n'arrivions donc pas à trouver un plan pour la fugue ?

- Et pourquoi ne n'y mettrions pas tous un peu du notre ?
- C'est à dire ? Répondit Yann, intéressé par mon hypothèse.
- Il faut savoir que nous sommes beaucoup plus nombreux qu'eux, n'est ce pas ? C'est nous qui avons la balle dans notre camp sans qu'ils n'y sachent rien. On peut les renverser sans problème si tout le monde s'unie. J'en suis persuadée.

Travis hausse les épaules, les yeux dans le vague. Apparemment, lui aussi a perdu tout espoir.

- Tu oublies qu'ils ont des armes, Ajouta-t-il d'une voix morne. Beaucoup d'armes.
- Mais tu as vu comment il était facile de sortir d'ici et de piquer des choses ? M'exclamai-je, à bout.

Je soulevai mon t-shirt miteux pour sortir le plan de l'étage où nous nous trouvions.

- Où est-ce que tu as trouvé ça ?! Répliqua-t-il, bouche bée.
- Dans ton bureau. Oui, Travis. C'est très facile de voler, par ici. Trop, peut-être, tu ne trouves pas ? Alors nous allons nous servir de la débilité de certains trappeurs pour nous enfuir une bonne fois pour toute !

J'epoustai un peu ce qu'il restait de mes vêtements et me levai comme je le pus afin que j'attire l'attention.

Effectivement, je n'eus pas de mal à capter l'attention de tout le monde et, quelques secondes plus tard, un calme relatif s'était installé dans la salle.

- Je vous ai promis la liberté ! Tonnai-je. Je vous ai promis de sortir de ce Caveau ! N'est-ce pas ?

Il y eut plusieurs affirmations timides.

- Je n'entend pas. Est-ce que j'ai promis cela ??!
- Ouii ! Clamèrent-ils, soudain beaucoup plus confiants.
- Bien. Sachez tous que jamais dans ma vie je n'ai fais de discours. Jamais de ma vie, j'ai dirigé un plan pour sortir d'une cave qui est sensée abriter des morts. Jamais. Et je suppose que certains d'entre vous se retrouvent dans la même situation que moi.

Ils affirmèrent.

- Mais pour sortir d'ici, il va falloir participer. Jouer un rôle dans l'évasion. S'entraider les uns et les autres. Parce que les ennemis que nous avons en face de nous sont forts pour la plupart. Ils sont armés. Ils sont déterminés, peut-être pas autant que nous, mais eux sont payés par des traitres pour nous faire subir ce que nous vivons en ce moment. Le pire d'entre tous n'est pas ce jeune homme installé à côté de mon lit, que vous regardez avec mépris. Lui, c'est le moins pire. Alors imaginez-vous en face d'un homme qui ne pense qu'à une seule chose: l'argent. Il veut de l'argent. C'est tout ce qu'il veut. Mais, sachez qu'ils sont moins forts que vous ne le pensez. Ils ont besoin de nous en vie s'ils veulent avoir de la marchandise à revendre.

Plusieurs personnes protestèrent à l'entente du mot "marchandise". Mais après tout, c'est bien ce que l'on était.

- Si nous les prenons par surprise en situation de faiblesse, ils n'auront aucune chance, concluai-je.

Les personnes acquiescèrent. J'en profitai pour jeter un coup d'œil à toute l'assemblée.

J'avais intérêt à ne pas me tromper à ce que j'avais dis sur le fait qu'ils ne nous feraient pas de mal. Ma blessure par balle démontrait le contraire. Je grimaçai en contemplant le bandage poisseux maintenant couleur rouille.

Je repris mon occupation à contempler la salle et les gens qui se trouvaient dedans.

Certains étaient si jeunes...Je ne leur aurait même pas donné 10 ans.

D'autres avaient mon âge ou peut-être une ou deux années de plus. essentiellement des jeunes hommes.

Un en particulier, assis au lit d'en face était occupé à me relooker, un petite sourire en coin.

- Tu es ici pour quoi ? Me fit-il.
- Je ne sais pas trop.

Si je le savais mais j'espérais juste que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.

- Et toi ? Continuai-je.
- J'ai trompé ma meuf. Enfin mon ex.

J'écarquillais les yeux. Décidément, certaines personnes étaient relativement susceptibles, comme son ancienne petite amie, je suppose.

Même si ce qu'il avait fait n'était pas forcément très gentil, ce qu'elle avait fait, elle, l'était encore moins.

- Tu sais, beaucoup d'entre nous sont ici à cause d'une infidélité.

Il eut un petit sourire triste, qu'il effaça rapidement.

- Au fait, je m'appelle Marc. Mais je préfère Marco.
- Moi c'est Shanna.
- C'est mignon comme prénom. Tu vois, j'aurais plutôt vu quelqu'un de couleur porter ce prénom mais il te vas quand-même très bien.

Je haussai les épaules.

- Il t'es arrivé quoi à la jambe ? Demanda-t-il, curieux.
- Cela ne te regarde pas, tonna une voix que je reconnus facilement.

Yann, la mâchoire crispée, fixait avec haine mon interlocuteur.

Il fit claquer ses chaînes, ce que je trouvais relativement puéril de sa part.

Marco s'en fichait et arqua un sourcil, apparemment amusé du comportement de mon ami.

- Je voulais juste savoir. Pas la peine d'en faire tout un plat.
- Je me suis pris une balle, répliquai-je à l'insu de Yann, qui me regarda avec désapprobation.
- Qui t'as fait ça ?
- Les traqueurs.
- On devrait faire attention, alors, marmonna-t-il.

Il souffla longuement et leva les yeux vers le petit trou par laquelle la faible lumière s'incrustait.

- Comment avons-nous pu nous mettre dans un pétrin pareil...déclara-t-il soudain lasse.
- Ce n'est pas notre faute..fis-je.
- J'ai bien l'impression que si.

Un bruit à la porte stoppa toutes les discussions.

Un traqueur entra dans la pièce.

- C'est l'heure de la pause pipi !

Il se dirigea vers notre rangée et détacha Travis.

Pendant que le traqueur s'occupait de détacher Yann, Travis prit le bout de ses chaînes pour les claquer sur la tête du pauvre malheureux, qui s'effondra par terre.

Il me détacha rapidement sous les "Hourra" des gens autour de moi.

J'inspirai et expirai, faisant signe à Travis et Yann de détacher les autres.

Je me munis du pistolet du traqueur et le brandit en l'air comme si c'était un trophée.

- C'est le moment de se soulever !

Le caveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant