Chapitre 6

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"Il faut qu'on sorte d'ici"

Cette phrase résonna un moment dans ma tête. Je me mis à rire soudainement, de peur ou plutôt d'hystérie.

-Si seulement...lançai-je doucement à Yann. Et puis tu sais, je ne suis pas du genre à m'enfuir avec des inconnus !

-Je crois que tu ferais tout pour sortir d'ici. Même avec un inconnu, n'est ce pas ?

Je ronchonnai tandis que lui riait, ignorant son nez qui commençait à saigner abondamment ou encore les regards dédaigneux des prisonniers.

-"Visiblement, je n'ai pas l'impression qu'ils savent où ils sont pour rigoler comme ça" entendis-je dans mon dos.

Je me retournai pour apercevoir une rousse au visage dur. Elle était éclairée par un fin rayon de lumière, ce qui la rendait encore plus effrayante.

- Je m'appelle Chloé. Ça fait maintenant quatre mois et dis-neuf jours que je pourris ici. Apparemment, je ne suis plus en état d'être mise en vente.

J'aurais voulue lui dire que je me fichais bien de sa vie, mais elle me fournissait des détails importants. Je la laissai donc continuer son discours:

- Je me suis entaillée la jambe avec un couteau improvisé pour qu'ils ne me vendent pas. Je perdais mon sang peu à peu, et ils s'en sont aperçus. Ils mont fait un garrot Mais il était trop tard, j'ai perdu l'usage de la jambe droite.

"Quelle pipelette" songeai-je, amusée.

- J'ai entendu les gardes parler entre eux. Ils ne pouvaient pas me relâcher puisque j'eveillerais des soupçons. Néanmoins, ils m'ont sur le dos jusqu'à la fin de ma vie..ou de la leur.

Elle termina son récit, ayant captivé toute l'assemblée au passage:

- En gros vous ne pouvez PAS vous échapper.

Elle ajouta à voix basse:

- Et je ne vous conseille pas non plus d'échafauder vos plans misérables d'une voix aussi forte. Même quand vous "chuchotez", tout le monde vous entend.

En effet, tous les yeux étaient rivés sur nous deux.

Puis, tout redevint calme. Malgré tout, il y avait encore quelques chuchotements désapprobateurs et des yeux qui traînaient sur nos visages, par ci par là.

Ayant perdu la notion de temps, je ne pouvais pas vous dire quand la porte s'ouvrit doucement pour laisser entrevoir une jeune fille à l'air timide.

Bizarrement, celle ci ne semblait rien regarder.

Elle déposa sur chaque lit un petit panier remplit de nourriture suspecte.

Quand elle arriva à mon lit, je pus voir que ses yeux étaient tout sauf animés. Vides. Elle était aveugle.

Mon cœur se serra en la voyant trébucher et éparpiller la nourriture sur le sol poussiéreux. J'aurais tellement voulu être libre et l'aider à se relever !

Un homme costaud entra en trombe dans la pièce en grommelant. Il vit la fille par terre, la releva et la gifla si fort que son corps tout entier tressaillît. Des hoquets de surprise s'élevèrent dans la pièce.

L'homme finit de distribuer la nourriture et cria sur l'aveugle d'une langue étrangère. Il la poussa sur un lit vide et partit sans même l'attacher.

La fille tremblait comme une feuille et ne répondait à aucune des questions qu'on lui posait.

- Eh, les gars, en plus d'être aveugle, elle est muette et sourde ! S'exclama un mec en pouffant.

Le caveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant