Le caveau

Chapitre 12

"Vous en avez marre d'être traité comme un moins que rien ? D'être trompé par votre partenaire ? D'être harcelé chaque jour ? Les services de Clean's & Co vont changer votre vie ! Conrad et Travis vous débarrasseront des enflures qui vous pourrissent la vie, et un avenir meilleur vous attendra !"

Je relookai l'affiche par terre sous le sol poussiéreux, qui avait pris une teinte jaunâtre.

Plus bas, en tout petit, était écrit:

"Merci de vous adresser directement à l'adresse suivante de votre ville: 3 rue des peupliers sombres, lieu dit La haute pierre.
Nos équipes se chargeront de trouver et traquer vos tourments. Tout cela, très pro et très "Clean"!"

Je déchirai la dernière partie du feuillet qui pouvait s'avérer TRÈS intéressante.

Décidément, si c'était ça leur campagne de pub, ça n'aurait jamais dû marcher. Ça sentait l'arnaque à plein nez.

Et pourtant...

Nous étions une cinquantaine dans cette salle, et d'autres dizaines de pièces froides regorgeaient également de centaines de vies. Nous étions là, pour des raisons que la plupart ignoraient et que d'autres s'en vantaient.

Mais nous avions tous ces points communs: Survivre et s'enfuir.

Alors, le business ne s'annonçait pas mauvais pour Conrad et Travis.

Seulement, ce dernier s'est fait jeté au cachot et je ne doutai pas que Conrad savait quoi faire de l'argent gagner dans ce drôle de business.

Mais il ne savait que nous étions, aujourd'hui, libérés de nos chaînes et lâchés dans tout le bâtiment.

Le plan était laborieux pour chacun d'entre nous. Les règles étaient très claires. Morbides et sanglantes, mais je ne doutai pas de leur efficacité:

- Infiltrer tout l'endroit contrôlé par les traqueurs.
- Ouvrir les caveaux des autres prisonniers et les libérer.
- tuer le plus possible de traqueurs à l'aide de ce que l'on trouverait sur "Le champ de bataille".
- Se protéger mutuellement.
- Et en cas d'extrême urgence: Y laisser sa vie pour la liberté de centaines d'autres.
- Et enfin: Trouver la sortie.

Ces règles là, Travis les répétai à ce moment-là, pendant que les clés détachaient les chaînes attachées aux lits de chacun. Doucement. Sans trop de bruits. Pour éviter d'éveiller trop de soupçons.

Nous savions tous que nous avions peu de temps. Les autres traqueurs allaient s'inquiéter pour leur congénère, qui allait d'ailleurs se réveiller d'un moment à un autre. Et Conrad avait sûrement dû remarquer quelque chose de suspect.

Et puis, nos embardées de voix toute à l'heure a dû également en informer quelques uns de notre soulèvement.

Je sautai de mon lit poussiéreux, et manquai de tomber.

Yann me rattrapa de justesse et m'incita à m'appuyer sur son épaule pour marcher.

Ma jambe meurtrie par la balle qui avait transpercée ma chair me faisait excessivement mal, et ça empirait.

Je cherchai du regard quelque chose de propre pour remplacer mon bandage marron dans ce caveau sombre et à l'odeur insoutenable.

Tout n'était que poussière, pourriture et noirceur.

Travis, qui donnait des ordres et formait des sortes d'équipes de "combattants" comme ils les appelaient s'approcha de moi.

Il jeta un coup d'œil à ma blessure sûrement infectée et chuchota: