Le chemin du retour était calme du côté de Nohan et ses parents. L'échange avec le Père Roland avait créé une tension intangible entre les trois. Une tension si palpable qu'il était possible de percevoir sans encombre le vol d'une mouche.
— Pourquoi tu nous as menti ?
Assis à l'arrière du véhicule, le jeune homme pris au dépourvu ne répondit point.
— Tu ne réponds pas ? insista l'adulte à fleur de peau.
— Je ne voulais pas repartir là-bas, ils... ils me dérangent.
— Tu ne peux pas apprendre à être un homme dis donc ? Ils te dérangent comment ?
— Chéri laisse, (à Nohan) depuis le collège je t'ai dit de ne pas prêter attention à ça. Je vais aller parler à ton directeur à la rentrée, ils vont m'entendre !
— Maman non, non, non, non, non. S'teuplait pas ça, implora-t'il.
Si Nohan avait peur, ce n'était pas parce qu'elle lui mettrait la honte à lui devant toute l'école en allant se plaindre, non. Si il avait peur d'une chose, c'était bel et de bien de ce que sa mère ferait à l'étudiant qu'elle le forcerait à accuser injustement.
A vrai dire, ce genre de situation était déjà arrivé dans le passé — plusieurs fois même. La toute première fois, c'était quand Nohan et sa famille avaient quitté la Martinique pour s'installer au Cameroun. Les deux pays ayant des accents différents, il était difficile pour le petit de trois ans de s'intégrer. Et un jour, parce qu'il en avait marre de ne pas cerner ce que le monde autour de lui véhiculait comme paroles, il a dit à sa maîtresse :
— J'comprends pas ce que tu dis, tu parles mal.
Oui, il a dit ça, à trois ans. Ça pourrait paraître méchant a première vue mais pour lui, c'était innocent. Il cherchait juste à s'exprimer et à comprendre les autres. Cependant, sa maîtresse de maternelle n'était pas de cet avis — le fait qu'elle le considérait supérieur aux autres enfants de par sa différence et son air de gosse de riche, ajouté au fait qu'il lui ait parlé ainsi lui avait donné un nombre suffisant de raisons de faire appel à Bernard, un conduit à gaz qu'utilisent les enseignants de la maternelle au secondaire pour corriger les garnements et parfois, assouvir leurs désirs masochistes. Une autre variante de cet instrument de torture est une courroie de moulin à broyer.
En lui faisant prendre son bain plus tard ce jour là, Joëlle, sa maman découvrit sur tout le corps de Nohan des bleus et traces de fouet identiques à celles des esclaves autrefois. Après insistance, il avait avoué que la maîtresse en était responsable.
Le lendemain, sa maman alla se plaindre au bureau de la directrice après avoir laissé Nohan en classe. La directrice lui avait assuré que cela ne se reproduirait plus en lui présentait mille et une excuses. Malheureusement, le chemin de la sortie passait devant la classe de Nohan, où elle surprit la même maîtresse en train de le battre. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Folle de rage, Joëlle arracha le fameux Bernard des mains de la maîtresse et rendit justice à son fils devant une trentaine d'enfants innocents.
Il avait été renvoyé le jour même.
La deuxième fois, c'était en classe de CM1. Il y'avait ce garçon qui faisait peur à Nohan. Il ne lui avait rien fait, mais Nohan avait juste peur de lui, se sentait intimidé. Sûrement parce qu'il était plus grand, plus fort et plus âgé. Puis vint ce fameux jour, un mercredi pour être précis. Le garçon en question avait bousculé Nohan dans la cour sans faire exprès. Malheureusement pour lui, au cours juste après, la maîtresse s'était absentée pour quelques minutes et c'était à Nohan de dresser la liste des bavards, une feuille de cahier repliée quatre fois sur la longueur où figuraient les noms de ceux qui n'étaient pas silencieux lorsqu'un enseignant n'était pas en salle pour se faire punir, c'était aussi pour certains chenapans un moyen de faire souffrir leurs petits camarades. Vous vous en doutez bien, Nohan en faisait partie, et ce pauvre garçon ne fut point épargné bien qu'il se soit bien tenu jusqu'au retour de la maîtresse.
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Unholy farm |Tome 1| [En Réécriture]
Fiksi Remaja" Tous les portables de la classe reçurent la même notification. Une note AirDrop provenant d'un certain "Dumper". " À l'ACIE (African Catholic Institute of Engineering), se protéger pendant l'acte n'est pas suffisant. Découvrez l'histoire de ce gro...