Chapitre 1

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Les doigts fins et parfaitement manucurés de Lydia Martin tapotèrent l'écran de son téléphone dernier cri avant d'appuyer sur l'icône « envoyer ». Seulement après, elle relut ce qu'elle avait marqué et eut un sourire satisfait. Son message était parfait, il ne manquait plus qu'on lui réponde. Ses amis n'avaient pas intérêt de lui faire faux bond et de toute façon, ils connaissaient l'adage : ce que Lydia veut, Lydia l'obtient. En l'occurrence, elle voulait les revoir, tous. Cela faisait des mois qu'elle planifiait leurs retrouvailles parce qu'ils lui manquaient, tous ces idiots. Oh, bien sûr, elle voyait régulièrement Jackson qui était devenu son meilleur ami, mais... Même s'ils continuaient de faire partie de la même meute, celle-ci lui semblait absente. Ainsi, elle leur avait parlé à tous – ou presque – en privé, histoire de récolter des informations sur leurs emplois du temps, leurs disponibilité. La jeune femme, banshee de son état, était si investie dans cette mission personnelle qu'elle avait installé un tableau dans sa chambre. En soi, elle copiait la manière de faire d'un autre de ses meilleurs amis, mais celui-ci lui avait démontré de nombreuses fois à quel point cette méthode était efficace. Néanmoins, elle savait que n'importe qui verrait son organisation la trouverait folle mais de cela, elle se fichait. Ce n'était pas la première fois que son tableau « de psychopathe » faisait fuir quelque amant : et ça, c'était lorsqu'ils ne fuyaient pas lorsqu'elle leur faisait une démonstration de son intelligence... C'était comme ça, les hommes la trouvaient belle, mais ne voulaient pas avoir affaire à une femme qui en avait plus qu'eux dans le ciboulot. Regrettable, pensa fugacement Lydia, regrettable pour eux. La banshee reporta son attention sur son téléphone portable lorsque celui-ci se mit à vibrer. Elle sourit et nota une nouvelle information sur son tableau.

Et ce fut comme ça tout le long de la journée qui, par chance, était un jour de congé. Le hasard faisait qu'elle l'avait posé au bon moment... Tout ça parce qu'elle avait si peu dormi cette nuit qu'elle avait jugé bon de prendre un jour pour se reposer. Au final, elle l'occupa à de bien meilleures activités et ça, ce n'était pas pour lui déplaire.

A la fin de la semaine, tout le monde avait fini par lui répondre, lui envoyer un petit quelque chose.

Vraiment tout le monde ? Non.

Stiles manquait à l'appel mais elle le savait occupé, alors elle saurait patienter et décida donc de lui accorder un peu de temps.

Oui mais la fin du mois finit par arriver sans aucun signe de sa part. Elle l'appela : tomba sur sa messagerie. Plus tard, alors qu'elle était en réunion, la banshee finit par recevoir un message écrit de son hyperactif préféré. Message qui, loin de la ravir, lui donna un air maussade toute la soirée. Minuit venu, elle se glissa dans son grand lit en ressassant cette réponse qu'elle était loin d'attendre. De tous temps, Stiles avait été le plus excité à l'idée de rassembler la meute une fois que tout le monde étudierait puis serait dans la vie active. Au départ, il avait même initié certaines retrouvailles comme voulait le faire Lydia, donnant le goût des rassemblements à celle-ci. Elle avait toujours été d'avis que pour montrer son attachement aux autres, il ne fallait pas juste suivre. Il fallait proposer. Alors, c'était ce qu'elle faisait.

Mais là, Stiles ne répondait pas présent. Son message ne disait pas qu'il ne voulait pas venir, simplement qu'il ne pouvait pas, arguant qu'il était extrêmement occupé et qu'il n'avait pas une minute pour lui, ajoutant ensuite qu'elle avait de la chance qu'il ait pu se trouver un court moment pour lui répondre, terminant par le fait qu'il risquait de ne pas pouvoir lui envoyer quoi que ce soit d'autre avant longtemps. Bien sûr, Lydia lui avait envoyé un autre message, lui demandant ce qui diable lui prenait tant de temps !

Evidemment, Stiles ne répondit pas, même les jours suivants. Idem pour les appels qu'elle tenta. A nouveau, l'hyperactif faisait le mort.

Cependant, vint un moment où l'on revint vers Lydia pour lui parler de ces fameuses retrouvailles et au fur et à mesure du temps, celles-ci se concrétisèrent. Ce fut tel qu'elle se retrouva bientôt obligée de considérer le fait de l'organiser... Sans Stiles qui, plus tard, lui reconfirma qu'il n'avait pas le temps pour ces choses-là. Son message était court, sec, pas de ceux qu'il lui envoyait autrefois.

Alors, nécessairement, Lydia commença à se poser un certain nombre de questions, qu'elle finit par lui exposer. Sans surprise, elle n'obtint un semblant de réponse qu'une bonne semaine plus tard.

« Je suis simplement très occupé. J'ai été muté à Brooklyn il y a peu de temps alors on m'envoie sans arrêt sur le terrain. Je te laisse. »

Et elle le croyait. Elle le croyait parce qu'elle savait quel métier il faisait. Depuis le temps qu'ils ne s'étaient pas vus, il avait obtenu son diplôme à son école de police. Ainsi, il était devenu membre du FBI et devait effectivement enchaîner les interventions. Lydia savait que les « petits nouveaux » travaillaient beaucoup au début de leur carrière, histoire de gravir les échelons le plus rapidement possible. Puis... Elle savait aussi que Stiles faisait partie de ceux qui avaient un problème avec l'autorité, ce qui renforçait cette idée qu'il devait sans doute trimer et se donner à fond pour, un jour, être à la tête d'une équipe. En tout cas, ça ne l'étonnerait pas le moins du monde. De toute façon, il était fait pour ça, c'était un leader dans l'âme et Lydia s'était fait cette réflexion dès la création de la meute. Le fait qu'il n'en avait jamais pris la tête l'avait d'ailleurs grandement surprise car même si elle n'en avait jamais rien dit, Stiles aurait fait un bien meilleur alpha que Scott. Par égard pour le latino, elle avait toujours gardé cette idée pour elle. La banshee se fichait de son humanité, qu'elle avait toujours mise de côté : Stiles avait une intelligence remarquable et il savait diriger d'instinct. Selon elle, pas besoin d'avoir des pouvoirs pour obtenir ce statut que tant convoitaient et c'était également là que Stiles se différenciait des autres.

Il n'avait jamais cherché à l'avoir.

Cependant, elle savait qu'il ne ferait pas la même erreur au FBI. Là-bas, l'amitié ne comptait pas, au contraire du cercle très fermé de la meute, dans laquelle il s'était toujours volontairement écrasé pour laisser briller ceux qu'il pensait plus légitimes que lui.

Mais voilà, Lydia finit par devoir trouver une date pour les retrouvailles de la meute à Beacon Hills, qui auraient lieu d'ici un mois. Quel meilleur lieu que la ville de la création de leur magnifique clan pour les accueillir ? Non, ce n'était pas du tout parce qu'elle y travaillait en tant qu'avocate, pas du tout... Finalement, peut-être un peu. Mais ça restait surtout fort symbolique, attention !

Oui mais ce qui continuait de l'embêter, c'était l'absence de Stiles qui ne cessait – lorsqu'il daignait lui répondre – de lui confirmer qu'il ne pourrait être présent quelle que soit la date qu'elle lui donnerait. Dieu seul sait à quel point Lydia lui en proposa ! Mais rien, rien ne semblait lui aller. Cependant, loin d'abandonner le combat, la banshee commença sérieusement à se dire qu'au final, l'hyperactif ne voulait simplement pas venir. Et en même temps, c'était impensable. Incohérent, aussi. Stiles avait toujours aimé la meute, tant et si bien qu'il l'avait toujours faite passer en premier dans sa vie. Peut-être avait-il voulu prendre ses distances ? Mais même si c'était le cas, jamais il ne le ferait de cette façon car s'il y avait bien une chose que Lydia savait de Stiles, c'était que celui-ci était diablement honnête. Lorsque quelque chose ne lui allait pas, il le disait. Alors pourquoi ?

Vint un jour où Lydia, ayant terminé tôt sa journée et fixé une date définitive pour les retrouvailles de la meute, décida de rentrer chez elle terminer quelques dossiers devant une bonne série, en pyjama et pantoufles lapins. C'était moins gracieux, mais bien plus confortable qu'un tailleur assorti de talons aiguilles vertigineux. Mais alors qu'elle allait s'installer dans cette maison que lui avait légué sa mère, on sonna. N'attendant personne en ce jour ni à cette heure, Lydia fronça les sourcils et se dirigea vers l'entrée. Lorsqu'elle eut déverrouillé la porte, un sourire solaire illumina son visage.

- Derek ! S'exclama-t-elle, surprise mais sincèrement heureuse de le voir.

En retour, l'ancien alpha lui sourit simplement, avec cette retenue qui le caractérisait depuis toujours.

In your armsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant