Chapitre 4

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Stiles avait oublié de programmer une alarme pour se réveiller à temps, mais ce n'était pas grave : son corps avait des réflexes qu'il ne lui connaissait pas. En effet, l'hyperactif avait émergé juste à temps pour prendre une douche rapide, se préparer et décamper de l'appartement.

Lorsqu'il arriva au bar, il n'avait pas mangé. A vrai dire, il était si fatigué qu'il n'y pensait pas vraiment. Son ventre ne s'était pas serré, n'avait émis aucun bruit. Il ne l'aidait pas, lui aussi. Qu'importe. Cet après-midi, ça irait. Il était là parce qu'on le lui avait demandé. Il devait dépanner le patron, parce qu'un de ses collègues avait eu un empêchement. Il l'avait su la veille. Alors, il était là, prêt à aider. C'était le soir que les choses se gâteraient, dans le sens où il y aurait du monde. A ce moment-là, il serait impossible pour lui de se reposer. Avec un peu de chance, s'il allait assez vite pour préparer cette soirée, on lui accorderait un peu de temps pour piquer un somme dans les vestiaires...

- Stiles, mon chou, par ici !

L'hyperactif tourna la tête, cherchant la propriétaire de cette voix, qu'il connaissait si bien. Il eut juste un peu de mal à la voir. Pas parce qu'elle était loin ou cachée de quelque manière que ce soit. Stiles y voyait juste... Un peu mal. Comme d'habitude. En général, il avait tendance à mettre ce détail sur le compte de la fatigue et parfois, c'était juste. Sauf que sa vue avait commencé à baisser, un peu. Pas beaucoup, pas suffisamment pour qu'il s'embête à aller voir un professionnel de la vue. Puis ce genre de rendez-vous avait un coût.

Et depuis qu'il avait arrêté ses études au FBI, Stiles comptait chaque dépense. Celle-ci n'ayant aucun caractère prioritaire, il ne s'en préoccupait pas. Tant qu'il y voyait, il pouvait travailler, alors c'était suffisant pour lui. Il n'avait pas besoin de plus. La netteté perdue n'allait pas l'aider à augmenter son salaire.

Stiles adressa un sourire franc mais limité à Maïa, qui l'étreignit chaleureusement. Il referma ses bras sur elle sans hésiter, même si les contacts physiques ne l'emballaient plus vraiment. Plus le temps passait, moins il aimait ça. Parce que... Il était fatigué, tout le temps. Ressentait tout à outrance. Chacun de ses sens était exacerbé à cause de la fatigue et ce, par intermittence. Son ouïe faisait naître dans son crâne un capharnaüm sans nom, son odorat lui donnait envie d'éternuer, comme si chaque particule était la source d'une allergie potentielle. Sa sensibilité à la lumière était accrue et son toucher, exacerbé.

Stiles n'était pas un loup-garou, non. Il était juste humain. Un humain épuisé, pour qui le repos était un luxe. Chez lui, la fatigue rendait tout... Trop fort, trop coloré, trop... Tout. Le comble dans tout ça ? Cela ne faisait rien de plus que renforcer la teneur de son épuisement. Stiles était au bord du burn out physique, mais il n'en avait cure.

Parce qu'en fait, il n'avait d'autre choix que celui de tenir.

La bonne humeur habituelle de Maïa lui donna du baume au cœur. C'était bête, mais ce genre de petites choses l'aidait à avancer, à se dire que tout était possible. Qu'il pouvait supporter quelques heures de plus, se mentaliser pour ne pas s'effondrer avant d'être rentré. Au départ, Maïa n'était qu'une simple collègue un peu revêche, mais... Le temps l'avait transformée en une amie certaine. Le genre de personnes qu'il ne se sentait pas capable d'effacer de sa vie.

Elle était comme la meute. A jamais dans son cœur.

Maïa se recula sans se départir de ce sourire qui en faisait tomber plus d'un, et qui pourtant n'était rien de plus qu'amical. Certains hommes y voyaient ce qu'ils voulaient. Une forme de séduction illusoire, le sourire d'une femme affamée.

Non, Maïa souriait juste comme ça aux gens qu'elle portait dans son cœur. Ceux qui décidaient de l'interpréter d'une autre manière et qui le lui montraient finissaient généralement par goûter à la texture quelque peu dure du plancher. Il en allait de même pour ces étreintes qu'elle offrait régulièrement à Stiles. Lui, il qualifiait ça de « câlins-nounours », parce qu'il voyait Maïa comme une dur à cuire face aux autres, mais extrêmement tendre et démonstrative avec lui. Ils avaient développé ce genre d'amitié un peu étrange, parfaitement clair pour eux, ambigu pour d'autres. Maïa, c'était la mère poule de cet hyperactif un peu tête en l'air. Stiles, c'était le gars discret qui temporisait cette femme au tempérament sanguin. Au boulot, ils étaient tout le temps ensemble et les rares fois où le châtain avait un peu de temps libre – qu'il ne passait pas à tout simplement dormir –, ils se voyaient.

In your armsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant