Par des concours de circonstance

Chapitre 28

Alors que je m' apprêtai a me rendre à la douche, mon instinct m'indiqua de me rendre au réfectoire. Il était bien tard et tout le monde s'était rendu dans son dortoir. Mais cela ne me coûtait rien d'y aller. 

J'ouvris lentement la porte. Comme je m'y attendais, l'endroit était calme et vide à l'exception d'une place  derrière une des tables face aux hublots. Je ne fus que partiellement surpris d'y trouver Heaven, un air mélancolique accroché au visage. 

Elle ne sembla pas perturbée par mon arrivée et se contenta de rester les yeux rivés sur les fonds marins devant elle. Silencieusement, je m'approchai donc et vins prendre place à ses côtés. Là aussi elle, ne tourna pas la tête. 

Ne voulant pas briser sa sérénité, je ne dis rien en attendant qu'elle parle la première. Je me contentai juste de la regarder du coin de l'œil. Elle était déjà douchée et portait simplement une grande chemise en satin comme robe de chambre cachant partiellement ses bandages avec des sandales pour ne pas que ses pieds n'entrent en contact avec le sol froid du sous-marin. Comme à leur habitude, ses cheveux étaient détachés et cachaient quelque peu son visage de ma vue.

Après un long moment ce silence, elle prit enfin la parole. 

- J'ai essayé de dormir mais rien à faire, je continue de ruminer. Pourtant je devrais tomber de fatigue... Malgré mes tentatives, l'image de Ron' m'apparaît dès que je ferme les yeux. Commença-t-elle.

- Je t'aie vue lui parler ce matin. Et toute la journée tu n'as rien fait à part être dans tes pensées.

- C'est vrai que depuis ce matin je suis dans un autre monde. Je crois que je réalises enfin que tout est fini. Cette histoire m'as pris tellement d'énergie et maintenant je suis un peu déboussolée.

Les yeux toujours rivés sur l'étendue d'eau, elle me prit doucement la main et l'emprisonna dans les siennes avant de rapporter cette dernière devant elle.

- Et maintenant qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que j'ai le droit au repos ?Depuis toujours je ne fais que fuir et survivre.

La voir si confuse me déstabilisai beaucoup, elle qui était toujours confiante. Elle s'ouvrait et montrait une facette beaucoup plus craintive.

- Je ne sais pas de quoi ton avenir sera fait et je ne peux pas le décider pour toi. Aujourd'hui tu as coupé court avec ton passé et maintenant, plutôt que de survivre, tu es en droit de vivre une vie loin de ce qui t'as blessé. Si tu ne sais pas quoi faire ni où aller, je peux juste te proposer de rester avec nous et de vivre au rythme des courants en compagnie de tous nos camarades.

Elle tourna enfin son regard vers moi, un peu surprise de ma proposition. Il est vrai que depuis le début, je n'avais fait que sous-entendre ma proposition mais j'espérais vraiment que la réponse serait positive. Nous nous ressemblions beaucoup et depuis notre rencontre elle m'avait beaucoup apporté, j'espérais donc lui rendre l'appareil en lui offrant cette place.

Pour simple réponse, elle resserra un peu plus sa prise, le regard ancré le mien. Une franche joie se reflétant dans ses yeux. D'un simple souffle, elle chuchota un sincère « Merci Law.». Puis, lentement, elle bascula sa tête sur mon épaule en redirigeant son regard sur les profondeurs.

Je fus profondément heureux de sa réponse, du fait qu'elle resterait à mes côtés encore un peu plus longtemps.

 Heaven reprit la parole.

-Laisse moi encore dormir dans ton lit.

- Quoi ?

Elle se retourna une nouvelle fois vers moi, le visage beaucoup plus jovial.

- Peut-être que j'ai juste besoin de compagnie pour m'endormir.

Mes joues s'empourprèrent à ses mots. Elle était vraiment sans gène.

- Ikkaku ne te suffit pas? Tentai-je de la dissuader.

- Voyons Law, je te parles d'une toute autre sorte de compagnie.

Elle se rapprocha un peu plus, me permettant de la discerner un peu plus. Dans ses yeux dansaient ensemble les feux de la séduction et la mesquinerie. Elle sembla aussi se réjouir de me voir ainsi décontenancer.

- Ton silence me fait croire que tu es mitigé. Continua-t-elle déjà lancée. 

- Pas le moins du monde, hors de question que tu dormes dans mon lit !

- Aller s'il te plais ! Tu as bien de la pitié pour une pauvre femme au cœur briser.

- Tu veux me faire avaler que tu l'aimais encore peut-être?

Elle s'éloigna instantanément, une mine offusqué autant par le fait que je ne veuille pas en démordre que par mon sous-entendu.

- Comment tu parles aux femmes ! Le premier amour c'est toujours quelque chose dans la vie d'une femme.

- On dirait que je parle à une gamine adolescente.

Elle se leva brutalement, mécontente de mes arguments.

- Bon j'abandonne. Je ne veux plus dormir avec une personne aussi agaçante que toi.

Je savais bien que notre dispute n'irait pas plus loin, tout comme deux enfants se disputant, demain tout serait oublié. Mais pour l'heure, je ne pus faire autrement que la regarder s'en aller en furie loin de moi.

Je rigolai un peu puis me levai et repartis à mon objectif de base, la douche.