Chapitre 23

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- Qu'est-ce que t'as ? Je lui demandai légèrement inquiet.

Elle ne sembla se rendre compte de son état qu'après m'avoir entendu et se surprit elle-même.

- Je sais pas, je crois que ton histoire m'a trop touché. Constata-t-elle comme si de rien n'était.

Je la regardai d'un air lasse.

- T'es complètement bourré surtout.

Je me relevai et me plaçai près d'elle toujours assise.

- Allez viens, t'as assez bues comme ça.

Sans que je n'eus le temps de m'en rendre compte, elle m'enlaça, toujours en pleurs.

- Mais qu'est-ce que...

- C'est trop triste, j'arrive pas à m'arrêter.

- C'est bon c'est pas comme si tous les malheurs du monde m'étaient tombés dessus. Assurai-je quelque peu irritée de lui provoquer de la pitié.

Elle ne répondit rien mais resserra ses bras sur moi en nichant sa tête dans mon cou. Même si je ne voulais pas l'admettre, ce contact me réconforta quelque peu après m'être souvenu de tout ce qui m'avait amené à vivre cette vie. Je finis par répondre à son étreinte et pour moi le temps sembla comme suspendu. Je ne pus pas dire combien de minutes cette étreinte dura mais pour moi, cela me parut une éternité.

Je sentis néanmoins la femme qui s'accrochait à moi s'endormir doucement.

- Heaven ne dors pas ici, rentre dans ta chambre, lui chuchotai-je pour ne pas la brusquer.

- Non, reste avec moi.

J'essayai de l'écarter mais elle s'accrocha encore plus à moi, les tentatives suivantes résultèrent toutes de la même réaction. Malheureusement pour elle, la patiente ne faisait pas partie de mes qualités. Et qu'en j'en eu marre de cette méthode, Je me résolus à la porter moi même. Je me penchai un peu et passa mon bras derrière ses genoux, l'autre se tenant derrière son dos. En se sentant décollé du sol, Heaven se réveilla instantanément.

- Mais qu'est-ce que tu fous ?! T'es malade !

- J'en ai marre que tu fasses le koala. Je te ramène dans ta chambre de gré ou de force.

En même temps que je parlai, je quittai rapidement le bureau. Pour toute réponse, Heaven commença à m'engueuler et je lui répondis activement. Mais je me stoppai bien vite en découvrant ma chambre derrière la porte que je venais d'ouvrir. Il y eu un silence avant que ma charge éclata de rire. Par habitude, je nous avais emmené dans ma chambre sans m'en rendre compte.

Celle-ci était assez sobre. Un lit convenant à mon gabarit collé au mur de droite à côté de ma table de nuit où reposait une lampe, un livre entamé et mes lunettes. Au fond de la pièce, deux grandes bibliothèques remplies de livres en tout genre. Sur le mur de droite se trouvait une simple commode. Le tout était bien rangé et propre à mon image.

- C'est bon t'as fini de rire comme une folle. Demandai-je le rose aux joues.

Je me trouvai un peu honteux de m'être trompé par force d'habitude. Son rire ne fit que croître devant ma réaction.

Elle arrêta bien vite quand je me ruai vers mon lit et la lâcha au-dessus de celui- ci. Mais elle ne me lâcha pas, et se pendit à mon coup grâce à ses bras comme un vrai koala.

Je lui lâchai un regard furieux et elle me répondit de ses yeux mesquins.

- Lâche -moi. Sortis-je entre mes dents serrées.

- Veux pas. Dors avec moi.

J'eus un mouvement de recul. Elle n'était tout de même pas sérieuse ? Mais même en cherchant, je ne vis rien de blagueur dans ses yeux.

- T'es pas sérieuse.

- Si si. Me répondit-elle du tac au tac.

Elle me lâcha enfin et descendit du lit pour enlever ses chaussures. Je la regardai faire, stupéfait. Elle se préparait à dormir dans un lit qui ne lui appartenait même pas après avoir fait cette demande comme si c'était la chose la plus normale du monde. Elle me lança un regard en m'encourageant à faire de même et je fus tellement décontenancé que je suivis ses directives.

Une fois tous les deux dans le lit juste assez large pour qu'il y est une assez grande distance entre nous, je me mis au bord du lit, assez pudique de la toucher.

- Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas finir par tomber. Demanda-t-elle en se retournant sur le côté.

- Toi qu'est-ce que tu fais ? C'est mon lit.

- C'est toi qui m'y à jeter. Ria-t-elle.

Je fus si heureux que l'obscurité autour de nous ne la permette pas de voir ma gêne face à ses paroles. Il faisait assez sombre et nous pouvions juste deviner la silhouette de l'autre dans le noir.

- Arrêtes de faire l'idiot et rapproches toi.

Sans me laisser le temps de réfléchir plus, elle me prit le bras pour me tirer au milieu du lit avant de passer ses bras dans mon dos. Elle colla ensuite sa tête à mon torse avant d'entrelacer nos jambes. Le temps de comprendre ce qui m'arrivait je me trouvai collé à elle sous la couette.

J'étais plus sûr qu'elle souriait sous couvert en me sentant me figer. M'avouant vaincus, je passai un bras dans le bas de son dos et l'autre sur ses épaules.

La chaleur de son corps lové contre moi me réchauffa et m'apaisa. Et dans la tranquillité du silence qui nous entourait, je m'endormis rapidement. 

Par des concours de circonstanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant