J'ai attrapé la guerre dans ma tête.Ce n'est pas de moi.
C'est Céline qui dit qu'il attrape la guerre comme on attrape un rhume.En lisant cet auteur, j'ai pensé ce que ça ferait d'écrire des mots comme lui. De cracher des pensées sur un papier. De s'en foutre si ça n'a du sens que pour moi.
Je crois que je cherche trop à donner du sens aux autres, quand j'écris.
« J'aime les mots plus que ce qu'ils racontent », j'ai noté en description de mon compte. Comme si c'était vrai. Ça ne l'est pas. J'aime les mots pour ce qu'ils racontent, encore plus si on aime ce que les miens racontent. C'est le problème quand on écrit pour être lu.
Je m'étais promis de ne pas effacer le moindre mot de ces bribes d'esprit que j'extirpe. J'ai déjà corrigé trois phrases. J'ai attrapé la guerre dans ma tête, moi aussi.
Je fuis les répétitions de « je », dans mes romans. Je veux écrire ce texte en « je », je veux faire ici tout ce que je ne fais pas là-bas. J'ai l'impression de me vider d'un poids.
Je n'avance pas dans mes romans parce que je repasse sans cesse sur ce que j'ai déjà écrit. Je n'ai pas encore compris qu'à chaque seconde qui passe, je pourrais avoir envie d'écrire un paragraphe différemment. Une dizaine de secondes sont passées depuis que j'ai commencé celui-ci, j'ai déjà envie de tout recommencer, de tout réécrire.
J'aime les mots dans tous les sens. Courts et à rallonge. Mais en ce moment, je suis obligée de structurer. J'aimerais pourtant apprécier un gros bombardement. Un obus qui tombe sur mes lettres et qui forme des mots inconnus.
J'aimerais écrire au moins une fois pour être incomprise.
Ça m'irrite de voir autant de « je » écris ici.
Ça devient une maladie.
Ecrire est une maladie.
J'espère que vous ne comprenez pas tout. Sinon, c'est que je suis vraiment malade.
J'ai mis plus de trois secondes à reprendre après la phrase précédente, peut-être que mes pensées n'ont plus rien à dire. Je vais aller lire Céline, sûrement qu'il m'en trouvera d'autres à vous partager, et à ne pas vous faire comprendre.
En ce moment, j'attrape la guerre dans ma tête.
Il est encore temps.