Chapitre 12

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April


Cela fait plus de deux semaines que nous avons réellement commencé l'entraînement. Suite à notre discussion, Lise et August ont conçu un planning d'entraînement spécial que nous avons débuté peu après. S'ils sont intransigeants et stricts, ils ne me forcent jamais. Petit à petit, j'arrive à retrouver du plaisir à patiner et mes journées autrefois grises commencent à se teinter, à devenir de plus en plus colorés, pièce par pièce. Chaque matin, avec August, nous nous retrouvons à la même heure. J'arrive un peu avant lui, et il me rejoint peu après, deux gobelets de chocolat chaud à la main. Et sans qu'on s'en rende compte ce petit geste est rapidement devenu une tradition. Malgré tous ces points positifs je ne peux m'empêcher, inconsciemment, d'avoir peur. Peur de l'avenir, peur que mes efforts soient vains, peur de décevoir tout le monde, peur de ne pas être prête à temps. C'est sur cette pensée que je pousse la porte et me retrouve à l'extérieur. Aujourd'hui l'entraînement a été décalé en milieu d'après-midi, ma mâtinée étant déjà prise. Ce n'est pas la première fois et même si Lise m'a rassurée en disant que ça ne la dérangeait pas, je suis consciente de l'embarras que je dois lui causer à chaque fois. C'est pourquoi je redouble d'efforts, encore plus en ce moment. Le soleil nous fait profiter de ses derniers rayons, prêt à prendre un repos bien mérité. Le ciel s'est peint d'orange et de rose, et une brise fraîche flotte dans l'air.

« April, attends-moi ! »

La voix d'August me parvient de derrière.

« Tu mets toujours trente minutes pour ranger tes affaires August, t'abuses. »

« Au moins, moi je n'oublie jamais rien. »

Il se tient maintenant à mes côtés, essoufflé d'avoir couru.

« Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Je sais très bien où cette discussion va mener.

« April, tu as oublié tes patins la dernière fois. Comment tu peux oublier tes patins en allant à la patinoire ? »

Et voilà.

« Tu me persécute. »

« Tout de suite. »

Il lève les yeux au ciel et fait glisser mon sac de mon épaule avant de le caler sur la sienne.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« Ça avait l'air lourd. »

Il détourne la tête pour éviter mon regard. Je ne me démonte pas pour autant et continu de le fixer pour l'embêter.

« August. »

« Oui ? »

« T'es un homme à marier. »

Il pique un fard et parle plus fort que nécessaire, ce qui attire les regards curieux des gens aux alentours.

« Arrête de passer ton temps à me mettre mal à l'aise pour ton propre divertissement. »

J'éclate de rire et lui donne une tape réconfortante sur l'épaule. Il se raidit à mon contact mais ne me repousse pas. Ces semaines passées ensemble nous ont pas mal rapprochés. Et en en apprenant plus l'un sur l'autre, nous avons également commencé à nous laisser aller un peu plus. Cela s'est fait naturellement. Je continuais de lui demander de l'aide et il le faisait en rechignant de moins en moins. Au loin, deux formes se dessinent et bientôt, une des deux, la plus petite se met à courir dans notre direction.

« August ! »

La petite fille se jette dans les bras d'August. Le visage de ce dernier s'éclaire presqu'aussitôt. Bleu s'approche gracieusement de nous et nous sourit chaleureusement.

« Quelle coïncidence ! Comment ça va ma petite April ? »

« Et moi alors ? » se plaint August, en essayant de dégager une de ses mèches de cheveux des mains de l'enfant.

« Toi je t'ai vu ce matin ».

Bleuenn concentre de nouveau son attention sur moi.

« Au fait je crois que c'est la première fois que vous vous rencontrez ! April je te présente Mila, ma fille. Mila, voici April une amie de tonton August. »

« Tonton August » ces mots résonnent de façon étrange dans mes oreilles.

« Bonjour Mila ! »

La petite me détail de ses grands yeux en se cachant un peu plus dans les bras d'August. Elle est mignonne. J'ai toujours beaucoup aimé les enfants. Passé un temps, j'ai même hésité à travailler dans le domaine de l'enfance. Ce projet n'aboutira jamais, mais trop de choses m'attendent pour que je m'autorise à déprimer.
Bleu qui s'est lancée dans un monologue s'adresse désormais à August, enfin libéré de l'emprise de sa nièce partie cueillir des fleurs un peu plus loin.

« Tu ne trouves pas que ce serait une bonne idée ? »

Demande Bleuenn

« Je ne sais pas. C'est comme elle veut. »

Les deux se tournent vers moi en attente d'une réponse.

« Pardon ? »

« Tu veux venir manger à la maison ce soir oui ou non ? »

Je me sens prise au dépourvu et acquiesce sans réfléchir dans la panique.

« C'est réglé alors ! J'ai essayé une nouvelle recette vous m'en direz des nouvelles. »

Je lui réponds vaguement, me demandant comment la situation a pu prendre cette tournure inattendue. Je tourne la tête en soupirant et croise le regard d'August. Rencontre furtive qui cesse tout à fait lorsque qu'il reporte son attention sur ses pieds.


August et AprilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant