Après quelques secondes de confusion, Monika se trouve à terre dans une forêt. C'était la troisième fois qu'elle empruntait le portail, et pour l'instant, elle se demandait encore à partir de combien de voyages on pouvait s'habituer à cette sensation exotique que de s'effondrer sur soi-même. Elle se releva, retrouvera son fusil (qui n'avait apparemment pas fait le voyage dans l'emprise de ses mains). Monika se mit en marche. Elle se rappela de tout ce qu'elle avait appris durant sa pré-formation. Respirer doucement et de manière constante. Contrôler l'ensemble de ses mouvements. Considère ce qu'elle contrôle comme une extension de son corps. Ses vêtements, son arme. Tout ça, à partir de maintenant, c'est ELLE. Elle continua de marcher à travers les labyrinthes de racines de la forêt à la recherche du faon et de sa mère, et le fait que la plupart des animaux environnants ne faisait pas cas de sa présence la rassura sur l'efficacité et la légitimité de son entraînement. Elle gardait bien un œil sur tout ce qui l'entourait. Après tout, si on lui avait mis une arme dans les mains, c'est avant tout pour chasser mais aussi pour se défendre. Après tout, les cultistes dont avait parlé Elie étaient très certainement encore dans les parages, et si cette échelle de l'intensité de la violence existait, c'était sûrement pour une bonne raison. L'air était à la fois frais et sec, et la lumière filtrait à travers les feuillages des arbres environnants. Elle faisait attention à ne pas accrocher les fibres de ses vêtements dans les ronces, à ne pas cogner le canon de son arme contre les troncs. Au bout d'une demi-heure, elle arrive sur zone. Elle observa quelques instants, fit le tour de la clairière où se trouvait les deux biches, se positionna, se mit à genoux et ajusta son fusil. Inspirer. Expirer. Cible immobile, tir simple, distance d'approximativement 50 mètres. Elle mit son doigt sur la gâchette, réajusta le fusil sur son épaule. Et sentit le canon d'un autre fusil juste à l'arrière de son crâne. Monika réfléchit. Elle était sur un genoux, une position où elle possédait un assez bon équilibre, un fusil chargé et dont l'entièreté de la construction lui permettrait surement d'assurer un bon coup de crosse dans le menton. Elle resta encore quelques millièmes de secondes la, a regarder droit devant elle, a préparé sa réaction. Puis elle se mit en mouvement. Monika commença par rabaisser sa tête en avant, par surete. Elle introduit un mouvement circulaire grâce à sa jambe droite dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre. Durant le laps de temps qu'elle utilisait pour se retourner, elle en profita pour rajuster sa prise sur son fusil, de manière à pouvoir frapper de manière optimale. En moins d'une demi seconde, elle faisait face à son adversaire. Enfin, presque. Elle était toujours à hauteur de genoux. Seulement, Monika se dit que cette position lui offrait bien plus de stabilité que son adversaire, qui était debout. Monika, tout en profitant pour se relever, lui envoie sa crosse dans le menton, ou tout du moins dans sa direction. Ce dernier recula de quelques centimètres, Monika le loupant de peu, mais le faisant effectivement perdre l'équilibre un instant, comme prévu. Ce dernier semblait tomber à terre. Monika monte ses bras au-dessus de sa tête, dans l'objectif d'assurer définitivement son adversaire. Seulement, au moment où Monika abattait la crosse de son arme, et que son adversaire touchait terre, celui-ci lâcha son arme et se servit de ses bras pour se projeter dans sa direction, les pieds en premiers. Ceux-ci heurtent les bras de Monika, qui lâche prise sur son arme et tombe en arrière sous le choc. L'adversaire profite de sa cinétique pour se relever, rattraper l'arme lâchée par Monika, elle la pointer vers elle, toujours chargée alors que Monika se retrouve dos à terre, les deux avants bras en l'air et la pétrifiant de douleur. Monika pensait que c'était fini. Elle regarda son adversaire. Un individu vetu d'une robe sombre, parseme de ruban rouge, le visage recouvert par un masque blanc et le crane abrite par une capuche decoulant de la robe. Monika avait eu le temps de bien dévisager le cultiste, et admettait au fond d'elle-même que ce dernier prenait son temps pour tirer, après un combat ou il était si vif. Monika continua de patienter, tout en respirant fort et en divaguant sur son sort intérieurement. Après une dizaine de secondes, elle perd patience, et commence à avoir des crampes à force de tenir droit ses bras blessés.
"Bon, tu me tue oui ou merde ?"
Le cultiste gloussa, et abaissa son fusil.
"Je n'aurai jamais pensé te revoir, et encore moins dans ces circonstances, Monika."
Monika était perplexe. Elle reconnaissait cette voie. Mais d'où ? Hum... Le lycée ? Le collège ? Non... Peut-être aux cours de piano ? Non plus... Et elle se souvint; comment aurait pu t elle oublier la voir de celle qu'elle entendait régulièrement gémir durant deux ans dans la chambre voisine a la sienne ?
"Bon sang, Elisa ?"
Elisa retira son masque blanc, revelant ses cheuveux roux mi-longs et sa tache de naissance au front.
"La seule et l'unique."
Monika essaya de se relever, mais Elisa pointa son fusil dans sa direction.
"Hola, doucement."
"Elisa, je t'ai littéralement déjà vue nue en train de vomir dans une baignoire. Tu me bouges ce fusil et tu m'aide a me relever."
Monika tendit sa main. Elisa sembla hésiter quelques secondes, puis la saisit.
"T'es franchement crevante."
Monika et Elisa s'assirent l'une en face de l'autre sur des rondins. Monika jeta un coup d'œil dans la clairière.
"Le chahut a dû les faire fuir."
"Le chahut ? Tu m'a quasiment pète les bras."
"T'est plus solide que ça et on le sait toutes les deux."
"Si tu le dis..."
"..."
Un silence s'installa. On aurait pu jurer que les deux jeunes femmes savaient exactement de quoi elles allaient parler, ainsi que pourquoi il était inévitable d'en parler. Les deux abordent des visages graves. Seulement, aucune des deux n'osait prendre la parole. Mais Elisa brise la glace.
"C'est... de ma faute ?"
Monika croisa les mains, appréhendant cette discussion."
"Quoi donc ?"
"Si tu es parti à l'institut."
Monika gloussea.
"Je sais que ça te flattait que je dise oui. Mais c'était avant tout une décision personnelle."
Puis Monika reprit son air grave.
"Mais ce serait mentir de dire que non."
Elisa rentrant la tête dans les épaules.
"Je l'ai compris tu sais. Avec du temps. Que ce n'était pas la bonne décision."
Monika croisa les bras.
"De donner son corps à une bande de scientifiques expérimentaux louches ? Effectivement, pas ta meilleure idee."
"J'étais persuadé que c'était ce qu'elle aurait voulu. Ce que Libitina..."
"S'il te plait. Ne dis pas son nom."
Elisa regardait Monika dans les yeux, mais celle-ci détourna le regard.
"Tu penses encore à elle ?"
Monika regarda les branches par terre.
"Tous les jours."
Le silence se reinstallat, plus longtemps cette fois. Elisa se leva.
"On ne s'est jamais vues. On ne s'est jamais parlé."
"La même."
Elisa s'éloigne dans les bois, puis disparaît dans la pénombre. Monika resta assise quelques instants. Ça faisait quelques mois qu'elle n'était pas allée sur sa tombe. Elle irait ce week-end, peut-être qu'elle voudrait bien l'accompagner. Monika continua de fixer le sol quelques secondes.
Elie.
Son sang ne fait qu'un tour. Elle se dépêcha de retrouver son fusil, et jeta un coup d'œil à la lunette. Une petite lumière rouge clignote faiblement. Monika angoisse très vite à l'idée qu'elle avait entendu sa conversation, ou bien même vue. Mais où était passé ce satané faon ? Enfin bon, qu'est ce qu'il allait bien pouvoir lui reprocher ? Monika marchait beaucoup moins prudemment. Est-ce que la non-agression d'un cultist était une trahison ? Non, c'est impossible. Elle trouvera les biches, et tua la mère. Elle était en sueur. Elle sortit en tremblant le bouton de sa poche, et appuya dessus.
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Markov: Livre 2
RandomÉcrit dans un style différent de la première partie, ce chapitre se concentre sur l'histoire de Élie et de Monika durant leurs heures de travail à l'Institut. Il n'est pas requis d'avoir lu le livre 1 pour comprendre, la structure temporelle des dif...