Les Récits Recensés : Aller... Sans Retour

Le Lien

Lanya n'avais pas comprise ce qui s'était passé.

Tout s'était succédé tellement vite...

La minute d'avant, elle dirigeait encore tant bien que mal les courants qui environnaient l'embarcation de l'elfe, et la minute suivante, le monde se mélangeait avec violence.

Elle ne s'était pas non plus attendue à un tel déchaînement des éléments lors du passage de la Frontière, c'était la première fois qu'elle le vivait depuis la surface. Et cela l'avais terrifiée au premier abord.

Mais elle n'avait pas pu se résoudre à abandonner le Terrestre à son triste sort, après tout, c'était de sa faute si ce dernier avait accepté de traverser les océans, sans cela, il n'aurait jamais oser tenté une telle aventure...

La mer l'entourait, la propulsant à une vitesse folle toujours plus bas, vers les profondeurs.
Elle savait que sous cette apparence ces capacités étaient limités, impossible de reconnaître le bas du haut, la mer se déchaînait toujours avec furie, et la pression exercée par le passage invisible de la Frontière était encore plus désagréable aussi proche de la surface.

Sans même y penser, elle se débarrassa de l'apparence qu'elle avait eu l'habitude de vêtir en présence du Terrestre, se sentant aussitôt après bien plus libre et puissante.

D'un mouvement de sa queue retrouver, elle brisa le courant puissant qui l'entraînait encore quelques secondes plus tôt vers le fond et d'un geste calma les eaux qui l'environnait.

À présent, qu'elle avait retrouvé sa véritable apparence, peu de choses sous les eaux était capable de lui résister. Elle regarda tout autour d'elle, sa puissante vision, lui permettant de presque tout percevoir malgré l'obscurité ambiante, mais aussi loin que portait son regard elle ne voyait nul trace de l'elfe ni de l'embarcation brisé.

Elle savait que le temps était compté, le Terrestre étant incapable de respirer sous l'eau, il ne devait plus lui resté que quelques minutes avant de mourir asphyxié. Elle se décida à utiliser une autre de ses capacités.

Les membres de son espèce, comme certains animaux marins étaient capables de produire une impulsion sonore qui leurs permettait de détecter d'éventuels obstacles ainsi que leurs proies à très grande distances.
Sans plus attendre, elle poussa l'Aecho, faisant vibré les molécules d'eau autour d'elle.

Elle sentait presque comment l'onde s'étendait tout autour d'elle avant que les premiers échos ne reviennent vers elle, une fraction de secondes seulement après avoir émis son cri, faisant vibré son oreille interne et remontant jusqu'à son cerveau. Une image mentale détaillée de son environnement s'imprima sur sa rétine.

Lanya, aurait poussé un soupir de soulagement si elle l'avait pu, car elle avait réussi à localiser Ghiltoniel, il lui suffit d'un puissant mouvement de queue pour se propulser dans les profondeurs.

L'elfe était déjà si bas que les remous de la surface ne l'atteignait plus, il dérivait à présent lentement toujours plus profondément.

Encore quelques mouvements  et la sirène le rejoignit enfin, un geste de sa part et ils se retrouvèrent isolés à l'intérieur d'une bulle. Mais l'elfe était déjà inconscient, toutefois sont écholocation avait été particulièrement précise, elle avait reconnu un pouls très faible, très irrégulier.
Mais comment l'aider ? À la surface, la tempête était toujours violente impossible de l'y ramener sans risquer sa noyade à nouveau, aucune île à l'horizon, seule l'immensité liquide les entouraient.
Lanya désespérée, regardait son ami mourir lorsqu'une folle idée lui vint.

Son cœur battait la chamade, tandis qu'elle observait le corps vulnérable de son seul ami Terrestre. Elle le dominait entièrement. Ce qu'elle s'apprêtait à faire était particulièrement risqué pour elle, mais elle n'avait pas le temps de réfléchir aux conséquences, l'eau salée avait pénétré les voies respiratoire de l'elfe depuis un certain temps déjà, et malgré la résistance accordé aux êtres Immortels, elle savait qu'en ce monde, nul n'était imperméable à la mort.

Elle porta un doigt à ses lèvres, et de ses dents aussi pointues qu'éffilées, s'entailla profondément la chair, perçant le cuir épais de sa peau. Un filet de sang se répandit dans la bulle qui les enveloppaient, que d'une injonction, elle fit pénétrer dans la bouche entrouverte de Ghiltoniel, tandis qu'elle entamait un chant ancien.
Sa voix aux intonations surnaturelles, faisait vibré l'eau, menaçant de faire éclater leurs bulle de fortune. Bientôt, émanant de l'elfe, une lumière perça l'obscurité de l'océan, projetant une ombre difforme de la sirène dans les reflets de l'eau.

La magie qu'elle usait à présent était presqu'aussi ancienne que son peuple. Dans ses souvenirs, les mises en gardes des siens quand à la manière d'établir le Lien de Sang l'avais toujours maintenue loin de cette option et cela malgré ces nombreuses pérégrinations parmi les peuples de la surface.

Bientôt, elle n'aurait presque plus besoin de sa voix pour maintenir le lien, car étrangement elle commençait à ressentir la présence du Terrestre avec plus de force. La lumière qui émanait de lui, pulsait à présent à un rythme régulier.

Au même rythme que ses propres battements de cœur, se rendit elle compte tandis que l'elfe brillait de plus en plus fort.
Devant elle, il se mit à grandir, son corps prenant de plus en plus de place, les vêtements usées qu'il portait encore finirent par se déchiré sous la pression, tandis que la lumière semblait à présent émané de chaque pore de sa peau nue. De sa longue chevelure d'or.

Bientôt, l'espace à l'intérieur de la bulle devint si restreint que la sirène ressentie le besoin de s'en extirper, mais c'était déjà suffisant, le processus était lancé.

De l'extérieur, elle ne pouvait plus rien distinguée de la métamorphose qui s'était entamée, la bulle chatoyait d'un éclat sans cesse changeant. C'était l'unique lumière qui brillait dans l'obscurité bleutée de cet univers aquatique.

Lanya tourbillonna autour d'elle, prenant enfin le temps de respirer un peu, mais déjà une violente contraction la prit, la faisant se révulser  dans l'onde.

Les premiers symptômes  de l'établissement du Lien n'avaient pas tarder à se manifestés.

Ils étaient seules, perdus au milieu de l'immensité silencieuse, là où nul n'aurais pu soupçonné les évènements qui s'y déroulaient encore...