Les Récits Recensés : Aller... Sans Retour

À l'ombre d'Obeyron

Comment décrire les sensations que l'on éprouve lorsque l'on est porté par le flux d'un courant continu ? C'est la première pensée qui vint à l'esprit de l'immortel lorsqu'il pénétra pour la première fois cette étrange anomalie aquatique.

Le grand courant qu'évoquait Lanya était perçu de l'extérieur comme un long ruban translucide traversant la semi-obscurité de leurs univers bleuté. Il semblait se tordre et se mouvoir au rythme des ondes, sans cesse en mouvement et se perdant dans l'obscurité.

Mais de l'intérieur, l'eau était si claire qu'elle semblait émettre sa propre lumière, et le flux incessant les propulsait à un rythme constant, un sentiment d'euphorie, proche de la sensation de voler, ne quittait plus Toniel et il se laissait porté par le courant.

Très vite, ils s'éloignèrent des régions où ils quittèrent les Symphones. Ceux-ci, pour une raison qui leurs était propre, préféraient restés dans ces régions afin de rencontrer d'autres membres de leurs espèces. Ils se séparèrent alors qu'ils rejoignaient un autre ban de Symphones plus important. Certains atteignant prêt d'une quarantaine de mètres, paraissaient si imposant et gracieux pour le jeune Synaïle qu'il était, que l'idée de Lanya selon laquelle il existait des membres de sa propre espèce encore plus immenses lui semblait comme une autre des espiègleries de la sirène.

Toujours est-il qu'il s'agira de l'une des plus formidable rencontres qu'il avait pu faire. Bien qu'il ne comprenais pas encore bien le concept du Mocrone, que la sirène semblait si facilement distinguée des simples animaux, leurs accordant une attention toute particulière.

Le relief défilait à un rythme accéléré à l'extérieur, noyé en partie dans la pénombre liquide, tandis que les deux Sirois filaient eux aussi entraînés par la puissante onde.

Et ils n'étaient pas seuls. Le courant Sud-est était aussi fréquenté qu'un jour de marché dans les quartiers d'Elyön la dorée.
Il s'y mêlaient une multitude d'espèces aquatique, nombre d'entres eux n'étant pas connus de l'immortel, Lanya entreprenait de l'instruire quant aux espèces qu'ils croisaient au sein de cet autoroute.

Beaucoup, étaient de simples poissons dont seuls la taille et la couleur permettait de les distinguer. Certains très petits, arboraient des couleurs vives, d'autres plus grand avaient des couleurs plus sombres mais tous évoluaient par groupe compact au sein de l'onde, formant une sorte de nuage vivant et mouvant.
Mais il n'y avait pas que d'inoffensives créatures, Toniel reconnu différents types de requins reconnaissable par leurs dentition meurtrières et leurs regards froids, mais aussi des dauphins qu'il avait déjà eu l'occasion de voir au large des côtes d'Ishiar Mektum, ainsi que quelques baleines.
Il y avait aussi des tortues de mer, rappellant à l'immortel les Boröndïns vivant dans l'ancien bois. Ces derniers se plurent à nager à leurs côtés.

Tous évoluaient au sein du courant, comme si prédateurs et proies n'avaient plus de raisons de se craindre ou de s'attaquer.
Lanya lui expliqua qu'il était interdit de répandre du sang au sein des courants, voilà pourquoi proies et prédateurs se côtoyaient sans s'aggresser où se fuir, ainsi selon elle même les Mocrones qui s'opposaient aux Synaïle respectaient la loi imposé et n'avaient jamais tenté d'agresser quiconque au sein d'un courant.

Ce ne fut pourtant que plusieurs jours après, alors que le paysage évoluait toujours et que les animaux changeaient sans cesse autour d'eux que la Synaïle entrepris de lui faire comprendre la distinction entre les simples animaux et les Mocrones.

« Comment se fait-il que tu ne les perçoivent pas ? » lui avait-elle demander alors qu'ils nageaient au côtés d'une très grande et très âgée tortue.
Lanya n'avais pas cessé ce jour là de tournoyer autour de la créature, plongé dans ce qui semblait être un échange très intense, puis s'étant rendu compte que son compagnon s'était renfermé dans un mutisme l'avais interpellé.