L'anti-hôte [Partie 2]

Une semaine plus tard

Torielle

- Où est ce que tu vas ?

Torielle savait bien qu'elle finirait par être entendue alors qu'elle enfilait ses chaussures et ouvrait la porte d'entrée.

Le bout du nez d'Athéna apparut dans le couloir en face de l'entrée. Elle se tenait dans l'embrasure de la porte de Bellamy. Depuis près d'une semaine elle s'était enfermée et parlait très peu, prétextant réfléchir.

Bellamy apparut à sa suite :

- Tu m'as encore pris un pull !

En effet, Torielle avait de nouveau un sweat noir sur les épaules, et sa capuche recouvrait ses cheveux d'ébène. Son regard sombre lui donna un faux air innocent.

- Désolée j'en ai encore besoin.

- On a dit qu'on ne prenait plus de risques inutiles, coupa Athéna.

Depuis une semaine, ils ne sortaient plus. Alors que la ville connaissait une grande période de chaos, avec des lampadaires qui grésillaient, des moteurs de voiture qui lâchaient, des hôpitaux qui demandaient des coupures massives dans toutes l'île pour pouvoir alimenter leurs patients, le trio s'était mis d'accord pour se faire discret le plus longtemps possible.

Torielle n'allait plus au poste, et malgré les appels incessants de Richard, elle faisait la morte. Domoto la soupçonnait déjà, elle n'avait plus rien à cacher, alors elle ne se gênait pas pour se faire passer pour une fugitive.

- Je... J'ai quelque chose d'important à faire.

Athéna était plus que contrariée, elle la jugeait avec ses petits yeux noisettes.

- C'est trop dangereux. Domoto n'hésitera pas à te faire de nouveau du mal s'il met la main sur toi. Et si tu t'éloignes de moi, je ne pourrais plus te protéger aussi facilement.

Athéna faisait référence au pouvoir du Cœur, qui a défaut d'alimenter l'île, grandissait en elle de jours en jours. Torielle se mordit la joue. Pauvre gamine. Elle avait des cernes affreuses et des joues creusées. Souvent, son nez saignait et il lui restait toujours du sang écaillé sur la peau.

Elle repensa à la conversation qu'ils avaient eue, une semaine plus tôt, après avoir poussé la voiture jusqu'à la maison de Bellamy.

- Athéna, il faut que tu te débarrasses de cette saloperie.

Bellamy avait le visage fermé, et s'exprimait presque de manière inaudible.

- Je ne peux pas me débarrasser du Cœur sans me séparer de Lara.

- Eh bien sépare toi d'elle !

Athéna s'était emportée.

- Tu t'entends parler ? Si je te demandais de te séparer de Cyan tu le ferais ?

Bellamy était resté muet, mais Torielle avait vu dans son regard que cela ne l'impactait pas plus que ça.

- Calme toi Athéna, avait-elle ajouté. Tu ne te sépareras de personne. Mais tu dois comprendre que le pouvoir du Cœur est dangereux.

- Je peux le maîtriser !

Elle avait la main compressée sur sa poitrine. Elle avait ajouté plus calmement :

- Domoto va attaquer le continent, enlever tous les sans âmes et utiliser le pouvoir du Cœur comme une arme. Je ne peux pas abandonner maintenant. Tous les habitants ont besoin de moi.

- Tu n'as pas à supporter ça toute seule, avait tonné Bellamy.

- C'est pour ça que j'ai besoin que tu me soutiennes !