L'anti-hôte [Partie 2]

Alyzée (2)

Bellamy

Elle aime les lys blancs, songea Bellamy, allongé sur le dos, les bras croisés derrière sa nuque. Elle est brune, les cheveux lisses, les yeux caramels, et elle aime jouer avec son chien dans son jardin.

Leur discussion avait fini en véritable portrait chinois de leurs traits physiques et de leurs goûts. Avachi sur son lit, la lumière de la lune caressant ses cheveux bruns à travers l'embrasure des volets, Bellamy rêvait. Il rêvait d'aller sur le continent, de toquer à sa porte, et d'aller avec elle dans le jardin pour jouer avec son chien. Pour parler avec elle jusqu'à la tombée de la nuit. Il n'en pouvait plus de seulement s'endormir en imaginant sa voix ou son visage. Il voulait pouvoir lui prendre la main.

Le week end suivant, il envoya son message.

« Dis, tu crois qu'on peut s'appeler ? »

« Oui. Ça doit pouvoir être possible sur ce site. Envoie moi ton numéro, je regarde. »

Bellamy attendit son appel en tournant en rond dans sa cuisine. Quelqu'un toqua à sa porte et son cœur faillit se décrocher de sa poitrine. Il se précipita pour aller ouvrir. Athéna était debout sur le perron, un grand sourire sur ses lèvres gercées, le vent froid lui fouettant ses joues écarlates. Son bonnet enfoncé jusqu'aux yeux et son écharpe enroulée cinq ou six fois autour du cou, il ne voyait que de petits bouts de sa peau blanche.

- Promenade sur la falaise ?

En hiver, ils avaient l'habitude de monter sur les falaises pour regarder la mer déchaînée sous les rafales de vent. C'était un spectacle tout aussi merveilleux d'années en années. Avec un peu de chance, ils voyaient même parfois de petits flocons de neiges tomber sur l'océan. Cette année, il aurait voulu en profiter avec Athéna, comme toutes les autres années. Et pourtant, les images qui lui venaient en tête étaient celles d'une promenade avec une jeune fille aux longs cheveux raides.

- Une autre fois ? Je crois que je commence à m'enrhumer.

Tina fit la moue mais se ressaisit vite.

- Tu veux que je te fasse une tisane ?

Il aurait au moins pu lui proposer de rentrer avec ce vent glacial à en décrocher des orteils. Mais la pression incessante d'un téléphone qui sonne lui dévorait l'estomac.

-Non, non ne t'en fais pas. On ira se promener une prochaine fois ?

Tina sourit chaleureusement et il ressentit un pincement au cœur en refermant la porte devant elle. Sa culpabilité disparut lorsqu'il entendit son téléphone vibrer. Il ne le laissa même pas sonner une ou deux fois et décrocha subitement.

Un silence s'installa quelques secondes.

- Bellamy ?

- Oui c'est moi.

Tous les deux se mirent à rire d'un bout à l'autre du fil.

- Si j'avais cru un jour que je parlerais au téléphone avec quelqu'un d'Algore...

- Tu n'aurais pas voulu, s'esclaffa Bellamy.

- C'est bien parce que c'est toi, plaisanta Alyzée. Mais...

Elle laissa son hésitation en suspend. Bellamy fronça les sourcils, sans pouvoir enlever le sourire de ses lèvres :