La séparation

21 3 28
                                    

Athéna 

J'avais du mal à respirer. Allongée dans ce tube en verre épais, j'avais vu Torielle et Bellamy être arrachés de ma vision sans que je puisse rien y faire. A présent, je ne pouvais que garder les yeux rivés sur le plafond, emprisonnée dans cette boite de conserve étroite, les jambes serrées et les bras le long du corps. 

La lumière était aveuglante, le plafond n'était qu'une tâche floue. Je tremblai. La pièce était glaciale, mais il n'y avait pas que cela. Domoto rôdait autour de moi, je voyais son ombre déformée à travers le verre, j'entendais sa voix rebondir contre ma prison. Nate, enfin, Domoto junior avait disparu. Je ne savais pas laquelle des deux visions me terrifiait le plus. Domoto seul ou en compagnie de son fils qui me regardait avec ses doux yeux verts, qui me tenait la main, m'attendait à l'hôpital, se penchait pour m'embrasser. Un haut le cœur souleva ma poitrine.

Je me sentais trahie. Trahie comme je ne l'avais jamais été. J'avais voulu lui accorder ma confiance, lui donner la chance qu'il m'avait réclamée. Je ne faisais que céder à ses caprices. Si j'avais été autre part que dans ce tuyau transparent, j'aurais pu pleurer. Mais actuellement, je ne voulais accorder aucune de mes larmes à ces salauds. 

Je tentai de lever mes bras pour cogner contre ma prison de verre : 

- Où sont mes amis ? hurlai-je pour me faire entendre.

Allongée à hauteur d'une table, je vis le long torse de Domoto se tourner vers moi, comme si un moustique venait de lui tourner autour de l'oreille. La forme longiligne de son corps était accentuée par la forme du verre qui déformait sa silhouette sous sa blouse blanche. Il ressemblait à un médecin de film d'horreur.  

- Si tu te tiens tranquille, tu pourras revoir ton ami vivant. 

Je parvenais à peine à saisir l'entièreté des mots qu'il prononçait, étouffés par la grande cloche de verre. 

- La policière par contre j'en doute. 

- Que...

Je tapais avec plus de force contre les parois translucides, poings serrés : 

- Qu'est ce que vous lui avez fait ?

La paume d'une main se colla violemment contre la paroi de verre et une auréole de buée se forma autour. Deux grands yeux oranges me fixaient intensément, comme ceux d'un animal guettant sa nourriture. Je me figeai.

- Tu n'es pas en position de réclamer quoi que ce soit.

J'étais un rat de laboratoire dont on tapait sur la cage avec les ongles pour lui faire peur. Domoto avait à sa merci son éternelle rivale qu'il ne considérait plus comme un obstacle à présent. Il était de nouveau le maître.

Et Torielle, où était Torielle ?

- Libérez-les ou je fais exploser ce tube en mille morceaux, tonnai-je froidement.

Domoto secoua la tête. Il retrouvait progressivement son sourire.

- Non tu n'en fera rien.

Ma poitrine se serra.

- Essayez de m'en empêcher, lançai-je avec un air de défi.

- C'est déjà fait.

Je cessai brusquement de respirer. Un léger sifflement parvint à mes oreilles. Coincée dans ce tuyau qui faisait la largeur de mes épaules, je tentai tant bien que mal de bouger, essayer de voir d'où provenait ce bruit. Il me semblait qu'il venait d'au dessus de ma tête.

- Qu'est ce que vous faites ?

- Si je sépare de ton hôte, le Cœur ne pourra plus subsister en toi.

L'anti-hôte [Partie 2] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant