Chapitre 3

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21 heures. 22 heures. 23 heures. Terminant une bouteille de rosé, je regarde tourner les aiguilles sans que Wesley ne se décide à rentrer de son dîner d'affaires. Ces quelques heures depuis le départ de Liliane m'ont permis de réfléchir à comment aborder la chose, et à quelle approche avoir vis-à-vis de celui en qui je ne peux pas avoir confiance, et réciproquement. C'est à minuit passé que j'entends sa voiture se garer dans la cour, puis la porte d'entrée s'ouvrir avant d'être claquée. Lorsque Wes pénètre dans le salon et me trouve assise seule en silence, il sursaute.

– Bon sang, vous m'avez fait peur. Que faîtes-vous là ? Vous n'êtes pas couchée ? me demande-t-il en reprenant ses esprits.

– Nous devons parler, réponds-je simplement.

Il soupire, visiblement épuisé.

– Pouvons-nous attendre demain ?

– Non. Ça ne peut pas attendre.

Wes comprend à mon air grave qu'il n'a pas le choix, et prend place en face de moi.

– Bon. Très bien. De quoi voulez-vous discuter ?

Je prends une profonde inspiration, consciente que les heures passées à préparer cet instant n'ont en rien adouci la difficulté de ce que je m'apprête à dire.

– J'ai quelque chose à vous avouer...

Alors que je réfléchissais à comment formuler les choses, je me suis aperçue qu'il n'existait aucune façon d'annoncer convenablement à son futur époux une infidélité. Wesley fronce les sourcils.

– Je vous écoute.

Tandis qu'il m'observe d'un air attentif, je prends une grande inspiration, prête à envoyer valser ma vie avec lui, peut-être irrémédiablement.

– Voilà... Je vous ai trompé, lancé-je sans crier gare histoire de me délester de ce poids.

Wesley reste stoïque et entrelace calmement ses doigts.

– Je vous demande pardon ? répond-il d'une voix posée, n'ayant peut-être pas bien entendu.

– J'ai couché avec un autre homme, répétai-je autrement afin de lui faire intégrer l'idée.

Je vois alors son visage se fermer et ses sourcils se froncer.

– J'ai besoin d'un verre, dit-il en se levant, se dirigeant ensuite vers le bar.

Il remplit alors un verre entier de bourbon, qu'il descend cul sec et repose en douceur, le son du contenant contre la table résonnant dans la pièce. Il est bien trop calme, et c'en est inquiétant.

– C'est tout ? Vous ne voulez pas en savoir plus ? demandé-je surprise par un tel manque de réaction.

– Qui était-ce ? me demande-t-il après avoir reposé calmement la bouteille.

Je déglutis, prête à affronter sa réaction.

– Giuseppe.

– Le masseur ?

– Lui-même.

La mâchoire de Wesley se serre, mais il demeure calme.

– Quand est-ce arrivé ?

– Il y a deux mois. Enfin, pour la première fois...

Il se tourne lentement vers moi, les yeux plissés.

– La première fois ?

– C'est arrivé à plusieurs reprises...

Il ne dit rien pendant quelques secondes, puis explose de rage son verre vide sur le mur, projetant des bris de verre partout sur le sol, avant de quitter la pièce.

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