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Posé en cours d'HGGSP, je vois...

Un élève recroquevillé sur son cahier, seul, il prend énormément de note, ne prononce pas un mot du cours, il est tout devant à gauche, et il est toujours pris comme exemple par le prof pour parler de l'élève modèle qui suit sans déranger le cours, mais cet élève très timide n'aime pas quand l'attention est portée sur lui, alors à ce moment là, il souffle.

Un élève dont le visage est marqué par la trace de bronzage du masque de ski, témoin d'une saison hivernale de ski bien remplie, et qui continue sur les glaciers l'été, le dos calé contre le mur, les pieds sur la chaise voisine, le sac de cours posé sur la table, cachant son ordinateur portable sur lequel il joue sûrement. Parfois il met son 4 couleurs dans sa bouche, tourne la tête vers l'arrière et rigole avec son voisin de derrière.

Un binôme, il s'agit d'un couple. Le garçon regarde des publications de football sur son tél, il s'accoude sur le radiateur, va presque s'endormir, il tient un stylo effaçable dans sa main, et rigole parfois avec son voisin de devant lorsqu'il a une bêtise à lui raconter. Son sac est posé sur sa table, parfois il pause une question au prof sur quelque chose qu'il n'a pas compris, alors qu'il ne suit pas le cours. La fille elle, est joliment habillée. Elle est accoudée à sa table, la tête posée dans la main avec un stylo dans l'autre, elle écoute le prof. Elle prend parfois des notes, parfois les redemande au prof lorsqu'elle les a oublié, et parfois elle continue de regarder le prof, mais elle n'écoute plus ce qu'il dit, et elle pense. Cette fille est très intelligente, et très sensible aux personnes et aux émotions. Alors, elle observe. Elle regarde les autres, et les étudie, elle essaie de comprendre et d'analyser des personnes, en les observant dans leur façon d'être, dans leurs expressions faciales. Parfois aussi, elle joue avec ses cheveux. Des fois elle me regarde, et moi aussi, alors je lui souris, et on finit par tourner la tête. Parfois son amoureux met sa main sur sa cuisse, et parfois elle le regarde longuement, alors qu'il est sur son téléphone, et ça se voit dans ses yeux, elle est amoureuse.

Un élève assis, à moitié appuyé sur le mur, le sac sur la table, la casquette à l'envers, en train de macher un chewing-gum la bouche grande ouverte, avec un écouteur dans l'oreille gauche et le regard perdu dans le vide, parfois il change la musique sur son téléphone, et parfois il raconte une blague à sa voisine. Sa voisine, athlète internationale de saut à ski, est assise de côté, se caresse la queue de cheval d'une main et fais défiler les photos sur instagram de l'autre main, elle ne suit pas du tout le cours et elle a les jambes croisées.

Un binôme féminin, le seul de la rangée ; deux amies. L'une suit attentivement le cours, lis parfois les textes à voix haute, pose des questions, fais avancer le cours, et bavarde de temps en temps avec sa voisine. Parfois on se regarde et elle finit par rigoler, et rarement mais quelques fois elle regarde dehors par la fenêtre un cours instant. A sa droite, sa voisine, une féministe de tous les instants, riche et parfois déconnectée de la réalité. Lorsqu'elle n'est pas d'accord avec le prof, elle s'énerve, hausse la voix et le contredit, sûre d'elle. Sinon elle est sur son téléphone, et prends parfois le cours. Elle discute également avec sa voisine de temps en temps, mais ne rigole pas. Elle est habillée avec un joli t-shirt décolleté blanc. Elle ne supporte pas l'humour et les blagues sur les femmes, mais étant de droite, une petite blague de temps en temps sur les arabes la laisse sourire. Elle aimerait faire du droit, ça lui va bien parce qu'elle a "une grande gueule". Un ami de ma classe qui est skieur à Tignes m'a dit d'elle un soir qu'elle "avait la dalle", et qu'elle bavait sur beaucoup de garçons.

Un garçon et une fille à côté. Le garçon a des bras très musclés, un t-shirt blanc simple et parle à la fille. Cette fille, c'est sa petite copine. Elle a les cheveux longs, noirs, elle est plus petite que lui, bien que lui ne soit pas très grand non plus. Lui est adossé au mur, regarde en direction de son amoureuse et du prof. Elle, elle le regarde lui, avec un grand sourire et un regard concentré sur son visage, plein de désir, elle l'aime énormément, et lui aussi. Ils vont bien ensemble. Elle tourne le dos à la classe, se concentre sur l'histoire qu'il lui raconte, elle rigole parfois, et lui sourit alors. Lui c'est le champion départemental d'escalade de chez lui, vers Toulouse, il est en section montagne. Et elle, c'est une très bonne skieuse de Haute-Savoie, en section ski. La fille a son cahier ouvert avec un stylo plume posé dessus, mais elle ne prend pas de notes, ne suit pas le cours, et lui n'a rien sur sa table à part son pull qu'il a retiré en début de cours, laissant apparaitre momentanément son dos super musclé et diffusant un peu de l'odeur de son parfum très sucré.

Un mec, et un autre, deux bons amis, deux grands sportifs. Ils sont à côté de moi. L'un est l'un des meilleurs skieurs de ce lycée, et l'un des plus grands cyclistes de la région, une étoile montante dans le monde du vélo, l'autre est également un grand skieur, sponsorisé par Salomon, une grande marque française de sports outdoor, notamment le ski et la montagne. Ce dernier a énormément de succès avec les filles, il les "baise" toutes comme disent ses autres amis. Il faut dire qu'il va souvent en soirées, boit pas mal d'alcool, est beau gosse et sait comment se rendre attirant avec les filles. Et puis il parle peu mais il parle bien, et ça a son effet de ce que j'ai vu. Le cycliste montre au dragueur, qui est également cycliste, des nouvelles tenues de cyclisme et des parcours à faire ensemble en vélo après les cours, qui font plus de 80 kilomètres. Le cycliste est de droite, et est très cultivé, surtout dans le domaine de la politique. Le dragueur est d'extrême droite, pro Bardella, et fait de l'immigration son sujet phare lorsque l'on débat tous les trois de politique, nous sortant ses fameux chiffres sur les pourcentages de crimes en fonction des ethnies, et faisant passer les problèmes de la France sur cette "masse" qui refuse de se plier aux coutumes et "traditions" de la France. On passe beaucoup de temps ensemble, tous les trois, à faire du sport ou à débattre sur la vie et la politique française, à l'internat, même si nos avis sont souvent divergents. L'un est radical, l'autre temporise et modère les propos de son ami du même bord, tandis que moi je suis contre, dans la plupart des cas. Aucun des deux ne prend de notes, mais ils écoutent le cours sur les médias en même temps qu'ils discutent, et de temps à autres, l'un d'eux intervient soudainement, sans lever la main, en coupant le prof, pour apporter une précision sur un événement dont le prof parle, ou pour dire qu'ils ne sont pas d'accord, ou même pour confirmer les dires du prof. Le prof ne peut pas leur en vouloir, il a fasse à lui deux (trois avec moi) élèves qui connaissent le cours avant même de l'apprendre et qui ont 18 de moyenne en HGGSP.

Un élève qui dort, tout simplement, la tête posée à plat sur le front, sur sa table. Il ne semble pas dérangé de cela, le prof non plus.

Un trio d'amis dont une fille, qui jouent aux cartes, dans le fond de la classe, le prof ne le voit pas, ou alors il ne veut pas le voir, mais il ne dit rien en tout cas.

Un élève, moi, qui est tenté de suivre le cours, d'intervenir à l'oral, de dormir, de jouer sur son tél, d'écrire sur son ordi, de jouer aux cartes, de prendre le cours, de mettre sa main sur la cuisse d'une fille dont il serait amoureux, d'écouter les blagues de son voisin, de raconter des blagues à son voisin, de ne pas parler et d'être sage, de se lever et partir, pour aller courir dehors. Il y a moi, qui fait un peu tout ça et rien en même temps, qui passe deux heures de plus en Histoire Géographie Géopolitique et Sciences Politique, assistant à un cours sur les médias français, et s'ennuyant un peu.

Ce chapitre n'est pas une fiction, mais ce que j'ai réellement observé en cours d'HGGSP. Si ça vous intéresse d'ailleurs, j'ai écris ce chapitre pendant le cours, parce que je m'ennuyais, et j'ai juste écris la fin aujourd'hui, 3 mois après la fin de ce cours presque. La différence de ce chapitre avec les autres, c'est que dans les autres, il y a quelque chose de surréaliste qui intervient dans une scène banale, alors que dans ce chapitre, c'est une scène banale qui est surréaliste.

Nouvelles, mais pas grand chose nouveau...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant