L'épée du désert

~Chapitre 30~

Pdv de Yesmine :

Une semaine est passée...

Une semaine de souffrance, et ce n'est que le début.

Ce soir se dérouleront les fiançailles, mes fiançailles.

Tout le pays a été mis au courant de ce soi-disant mariage.

Et j'ai revu Samir plusieurs fois pour l'organisation et j'en ai beaucoup découvert sur lui.

Je me regarde une dernière fois dans la glace, je ne me reconnais même plus.

J'ai l'impression d'être un fantôme, l'ombre de moi-même, une illusion, ça fait un mal énorme de se voir faiblir sans pouvoir faire quoi que ce soit.

Je ne peux pas rejeter l'offre, ma famille veut que j'accepte et Samir me menace de me détruire si je ne le fais pas.

Je ne peux pas fuir au loin, tout le monde me connaît, je n'irai pas loin avant qu'on me ramène de nouveau chez moi et je n'ai aucune aide extérieure pour pouvoir m'évader.

Il faut être réaliste, la vie n'est pas un comte de fée.

Loin de là. Et je pense être le parfait exemple pour cela.

Je suis passée d'un bonheur absolu à un chagrin foudroyant en l'espace de quelques semaines.

Tout peut basculer du jour au lendemain. Alors profitez du moment présent car on n'est jamais sûr de ce qui se passera les jours suivants.

-Yesmine ? Prononce la voix de mon petit frère.

Je me retourne vers lui alors qu'il m'observait avec ses magnifiques yeux chocolat.

-Quand est-ce que tu es rentré ? Je ne t'ai pas entendu. Lui dis-je en déposant ma brosse à cheveux sur ma coiffeuse et en me précipitant à couvrir mes bras de mon kimono.

-Pourquoi tu es blessée Yesmine ?

-Non, non je ne le suis pas du tout voyons. Répondis-je de la voix la plus sereine que je puisse posséder.

-Si ! Arrête de me mentir, je les ai vu !

-Qu'est-ce que tu as vu ? Dis-je en craignant sa réponse.

-J'ai vu des bleus sur tes bras, tu es tombée ?

-Oui, oui je suis tombée lorsque j'étais à cheval. M'empressais-je de répondre.

-Et tu vas te marier ? Ajoute-t-il en me scrutant de la tête au pied.

-Et bien oui. Dis-je ne pouvant pas soutenir son regard.

Malgré son âge, c'était un petit garçon très intelligent, et je pense même qu'il n'a pas cru un mot de tout ce que je lui ai dit.

Car en effet, les bleus que mes bras portent ne sont absolument pas à cause d'une chute à cheval, mais à cause de Samir.

Lorsque je lui répondais, ou que je disais quelque chose qui n'allait pas dans son sens, ou qui ne lui plaisait tout simplement pas, il ne se retenais pas de me serrer très fort les bras, et la différence de gabarit étant importante n'a pas facilité les choses.

Je me suis alors retrouvée avec plusieurs bleu.

Mais je n'en ai parlé à personne, pas même Rania.

-Tu l'aimes encore n'est-ce pas ? Dis mon petit frère en s'installant sur mon canapé.

Nul besoin de demander de qui il parlait, car je le savais.

-Oui. Dis-je pour simple réponse.

-Alors ne te marie pas, attend le ! En plus l'épée noire est bien plus fort !

-Ce n'est pas aussi simple.

Les discussions avec mes frères étaient toujours agréables, mais en ce moment, je n'avais qu'une seule envie c'était qu'ils quittent ma chambre dès que l'un d'entre eux y pénétraient. Et là c'est exactement ce que je souhaite afin d'éviter à tout prix cette discussion.

Je ne veux pas du tout en parler, ça me fait beaucoup trop mal.

-Je dois aller quelque part, tu veux bien sortir pour que je me change ?

-D'accord. Dit-il avant de quitter la pièce.

Comme tous les jours, depuis maintenant une semaine, je m'absente afin d' aller visiter la tombe de Badr.

Ils les ont enterrés la semaine dernière...

J'ai assisté aux funérailles...

Dans l'ombre ...

Il y a maintenant une tombe à son nom.

Je me change rapidement er sors du manoir.

Après environ 15 minutes de marche à pieds, j'arrive enfin au cimetière.

Et comme à chaque fois, depuis maintenant des semaines, mes larmes coulent.

Douleur, chagrin, désespoir, mélancolie, solitude, détresse.

C'est tout ce que je ressens depuis son départ précipité.

Je m'assois à sa tombe et commence à l'arroser comme à chaque fois.

-Badr.... Dis-je en caressant la terre humide. Tu me manques ! Dis-je en freinant un énième sanglot. Tu sais que ce soir se tiennent mes fiançailles ? Mais je ne le veux pas mon amour, je te jure que je ne le veux pas. Mon cœur me fait atrocement mal. Dis-je en sanglotant cette fois-ci.

Ma tête se baisse jusqu'à arriver à la terre humide.

J'avais l'impression qu'il me prenait dans ses bras ainsi.

Chose que l'on a jamais pu faire...

J'avais envie de le faire.

Mais il était désormais trop tard.

-Il n'est pas toi, il ne le sera jamais. Il n'est pas doux comme toi, bien au contraire. Mais je vais réussir à surmonter cette épreuve... Dis-je alors que des larmes glissaient sur mes joues.

A chaque visite, j'ai l'impression que mon âme se consume d'avantage...

-Je t'aime plus que tout Badr.... Je ne cesserai de t'aimer. Dis-je en attrapant une poignée de terre avant de la laisser retomber. Veille sur moi s'il te plaît. Dis-je en me levant.

Mais je me sens observée.
De beaucoup trop près ...

La panique commence à s'installer alors que je me mis à chercher des yeux je ne sais quoi...

Pdv ???:

Le moment est venu pour moi d'intervenir dans cette mascarade.

Ça ne peut plus durer plus longtemps.

Patiente encore un peu, j'arrive.