Une odeur de café vint chatouiller mes narines.
Malgré les cent cinquante mètres carrés de la maison et les nombreuses chambres qu'elle compte, j'ai choisi celle du rez-de-chaussée, car elle possède une immense baie vitrée qui donne sur une petite terrasse à l'arrière de la maison, directement dans le jardin. Mamina m'a fait remarquer que si c'était une technique pour filer en douce la nuit, c'était peine perdue, car je suis totalement libre de mes allées et venues. « Du moment que tu as de bonnes notes, que tu ne te drogues pas et que tu sais faire preuve de bon sens, notre cohabitation devrait bien se passer. » m'a-t-elle simplement précisé.
J'aime déjà cet endroit. Si loin de l'appartement strict et froid de Boston. Là bas, tout est toujours rangé et organisé. Je suis pourtant assez organisée, mais Lauren a des manières qui frôlent les troubles obsessionnels compulsifs. Prenant un malin plaisir à la contrarier, je me suis souvent amusée à changer les coussins du salon de place et à laisser des miettes sur le plan de travail.
Je repense à sa tête juste avant mon départ. Après l'avoir laissée faire mes valises — en ayant évidemment repassé et plié tous mes vêtements au carré, puis les avoir rangés par ordre colorimétrique en faisant attention de faire une valise été et une valise hiver —, j'ai renversé le tout sur mon lit et balancé mes affaires dans mes bagages au hasard. Lauren a poussé des cris de stupeur et est partie s'enfermer dans sa chambre les larmes aux yeux.
Ma grand-mère, elle, n'est pas une fée du ménage. Même si elle semble avoir fait les poussières et qu'un léger parfum de fleur flotte dans l'air, je n'ai pu m'empêcher de remarquer la pile de prospectus sur la table basse du salon, les vêtements jonchant le sol de la salle de bain et les fleurs mortes dans le vase de l'entrée.
J'attrape mon smartphone et regarde l'heure. Il me reste une heure et demie avant le début de mon premier cours. La boule au ventre que je me suis acharnée à contrôler tout le week-end réapparaît.
Je me lève et file à la salle de bain attenante à ma chambre. Je prends une douche rapide, me brosse les dents, les cheveux et enfile un jean et un tee-shirt blanc tout simple quoiqu'un peu moulant. Je passe mes tennis blanches, prends ma veste et mon sac et me dirige vers la cuisine.
— Allie !
Abigail est attablée à l'îlot central, une tasse de café à la main. Un homme d'une trentaine d'années aux cheveux noir profond est assis avec elle. Cachés derrière des lunettes, il a les mêmes yeux que ceux de ma grand-mère. Les mêmes que ceux de ma mère. Les mêmes que les miens...
— Alexandra !
— Oncle Charlie.
Mon oncle se lève et me prend dans ses bras. Je déteste vraiment les démonstrations d'affection de cette famille.
Il a les traits de sa mère fins et graciles, quoique masculins. C'est un bel homme.
— Comment vas-tu ?
— Bien.
— Elle est stressée, c'est son premier jour d'école, répond Abigail à ma place.
Je me sers une tasse de café et attrape un toast pour le porter à ma bouche.
— Je connais bien le conseiller d'orientation de St Jones. Ton père et moi avons usé de toute notre influence pour te faire intégrer l'établissement.
J'émets un grognement, essayant d'oublier que je n'ai pas encore appelé mon géniteur alors qu'il me l'a fait promettre avant mon départ. Mais si nous ne savions déjà pas communiquer en habitant sous le même toit, je ne vois pas comment des milliers de kilomètres de distance pourraient nous aider.
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You kill me Boy (Publié Chez HUGO ROMAN en 2018)
Romance"- Pourquoi ? Cette fois, c'est la voix d'Austin qui retentit à mes oreilles. Je me force à le regarder en face. - Parce que tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches ; méprisables et sensuels. Je...