You kill me Boy (Publié Chez HUGO ROMAN en 2018)

10~ Alexandra

Quand après un nombre incalculable de bières et de vodkas, plusieurs invités se mettent d'accord pour un strip-poker, je décide de trouver une porte de sortie. J'ai beaucoup trop bu et je me sens pompette.

— Je vais aux toilettes, j'annonce.

Austin ricane bêtement.

— Tu as peur de te mettre « à nue » devant nous ? dit-il en mimant des guillemets dans l'air.

— Oh rassure-toi, il y a là-dessous des choses qui te brûleraient les yeux si tu les voyais.

Je n'en reviens pas moi-même d'avoir dit ça. L'alcool me donne des ailes. Je ne suis pas une allumeuse en général. Mais il m'a bien cherchée, non ?

Austin écarquille les yeux, surpris par mon insolence.

Après avoir ouvert une troisième porte, je trouve enfin la salle de bain et m'y enferme.

On cogne à la porte.

— Une minute, je crie.

— Trente secondes, ce sera largement suffisant, répond Austin derrière la porte.

Je sursaute. Mais que fout-il là ? J'ouvre brutalement et souffle, exaspérée.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Il me bouscule, me pousse et referme derrière lui en me tenant fermement par un bras. Ses yeux noirs me clouent sur place et sa main sur moi m'obsède. C'est fou d'être aussi perturbé par un simple contact, non ? Je n'arrive pas à me concentrer sur ce qu'il dit tant cela me trouble.

Il me pousse contre le meuble du lavabo. Son odeur poivrée et mentholée me tourne la tête et je n'arrive pas à détacher mes yeux de ses lèvres. Mon cœur bat de plus en plus vite dans ma poitrine, je suis presque sûre qu'il peut l'entendre aussi clairement que moi.

J'ai l'impression que ma tête ne répond plus. Mon cerveau est en stand-by et j'agis sans réfléchir. J'écrase mes lèvres sur les siennes. Il se raidit, surpris, mais ne bouge pas. La sensation est merveilleuse. J'ouvre la bouche et je le sens prendre sa respiration.

Il lâche mes poignets et pose ses mains dans mon dos pour m'attirer vers lui et il m'embrasse. Sa langue est chaude sur la mienne. Cette sensation de douceur et de brûlure en même temps est indescriptible.

Je passe mes mains dans ses cheveux incroyablement doux et je l'entends grogner doucement. Ce son me fait trembler de la tête au pied et quand il s'appuie sur moi en m'écrasant contre le lavabo, je laisse échapper un cri étouffé de plaisir.

Il s'arrête et sourit contre ma bouche en murmurant d'une voix rauque :

— Méprisable et sensuel, hein...

Mon cœur est sur le point d'éclater.

— Curieuse et dépravée...

Ma voix n'est qu'un souffle.

Oh mon dieu, mais qu'est-ce que je fais ?

Il me lâche et s'éloigne d'un pas. Je manque de m'évanouir et m'agrippe au lavabo des deux mains. Il lève la main et, du pouce, caresse ma lèvre inférieure. Ce geste me laisse béate.

— Alexandra... Tu embrasses bien...

Je souris.

— C'est dommage que tu ne sois pas mon type, souffle-t-il.

Il sourit aussi et sort.

Un instant, je reste là, interdite, adossée au meuble qui m'empêche de m'effondrer. Il ne vient pas de dire ça ? C'est impossible.

Je me retourne et me regarde dans la glace. Je ne reconnais pas cette fille aux yeux trop brillants et aux lèvres gonflées. Je suis devenue folle...