Slave [MinSung]

Chapitre 10

Chapitre 10

Ji Sung ne sut pas à qui il ressemblait et il n'osa pas poser la question. Il se contenta de donner le nom de Félix ainsi que quelques informations, juste parce que Lino avait l'air sincère en disant qu'il souhaitait les protéger tous les deux, et qu'au point où il en était, il préférait lui obéir. Le reste de l'après-midi, Lino le garda près de lui, comme s'il ne voulait pas le lâcher du regard, le laissant s'installer sur la table basse, directement dans son bureau, alors qu'il continuait à travailler. L'ambiance avait été étrange, moins oppressante, et Ji Sung avait été complètement plongé dans le travail du plus vieux. Il l'avait entendu passer des coups de fil, il l'avait écouté donner des ordres, il s'était surpris à le trouver profondément attirant lorsqu'il orchestrait sa prochaine transaction. Lino parlait posément, d'un ton froid mais légèrement plus avenant lorsqu'il était face à l'un de ses généraux, et dictait des consignes claires et précises. Ji Sung n'avait pas de mal à concevoir qu'il menait le District 9 sans le moindre souci, sachant se faire respecter sans même élever la voix. Son charisme était indéniable et Ji Sung commençait à comprendre ce qu'avait voulu dire Chris à propos de son boss, ce n'était pas une personne impulsive et irréfléchie. Lino avait fini par le congédier à la nuit tombée et son bras-droit avait servi de chauffeur. Épuisé, il s'endormit rapidement, sans même repenser à l'humiliation subie au lycée, mais le réveil fut plus douloureux.

Lorsque Ji Sung ouvre les yeux, son alarme n'a pas encore sonné, et il peine à comprendre pourquoi il a quitté les bras de Morphée. Ses paupières papillonnent et il allume la lampe de chevet, il fait encore trop sombre dans la pièce. Son portable affiche tout juste cinq heures trente-cinq et il sursaute en entendant de nouveaux coups frappés à la porte de sa chambre.

- Yah ! Han Ji Sung ! Lève-toi !

Ji Sung se fige une seconde avant de repousser la couette en se levant, attrapant une veste sur le dossier de sa chaise de bureau pour la passer par-dessus son tee-shirt. Ouvrant la porte de sa chambre, il tombe nez à nez avec le visage fermé de son père qui lui fait signe de le suivre jusqu'au salon. Il n'a pas une relation conflictuelle avec ses parents, mais il ne peut pas dire qu'ils s'entendent bien pour autant. Aussi loin qu'il se souvienne, il n'a jamais réellement eu d'affection de leur part, ils cohabitent, mais ça s'arrête là. Ils travaillent tous les deux dans une usine automobile, usant leurs corps pour une poignée d'argent, et ne sont presque jamais chez eux en même temps que leur fils.

- A quelle heure tu es rentré, hier soir ? Demande la mère de Ji Sung lorsqu'il arrive dans la pièce à vivre.

- Je sais plus, onze heures je crois.

- T'étais où ?

Ji Sung hausse les épaules, les yeux encore lourds de sommeil, et se gratte le coude en attendant la suite, pas vraiment sûr de la tournure de la conversation.

- Le lycée nous a appelés, reprend son père, tu as séché deux demi-journées. Les examens de fin d'année sont dans trois semaines, je peux savoir à quoi tu joues ?

- Je suis désolé, je vais rattraper mon retard.

- C'est pas le problème, Ji Sung, tu dois bosser, on a pas l'argent pour t'entretenir éternellement. On en a déjà parlé, si tu n'as pas ton diplôme, tu seras obligé de finir à l'usine, comme nous.

Ji Sung est fatigué, il n'en peut plus d'entendre les gens lui dire quoi faire, qui être. En temps normal, il se tait et s'excuse en attendant que l'orage passe, mais là, il n'en n'a pas le courage, il n'arrive plus à courber l'échine.

- Est-ce que vous savez seulement pourquoi j'ai séché ? Est-ce que vous imaginez simplement l'enfer que je vis au lycée depuis qu'on est rentré de Malaisie ?