IV

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Le lendemain, j'étais allé en cours sans me soucier du regard des autres ;
Ashley ne faisait désormais plus partie de ma vie.

En allant dans la cour, j'ai senti le regard de certaines filles se poser sur moi, des regards noirs.
Probablement des amis d'Ashley, mais je m'en foutais. Elle pouvait pleurer dans les bras de ses copines, j'en avais rien à foutre. Pour moi, c'était elle qui avait foutu la merde.

En parlant du loup.
Ashley venait de débarquer dans la cour. Elle avait un sweat large Nirvana et son cargo noir. Elle portait des Adidas à ses pieds, le modèle de Korn. Pour ce qui est du reste, elle n'était pas belle à voir. Ses cheveux étaient cachés par la capuche de son sweat, son teint était aussi pâle que du lait de vache, ses yeux étaient aussi rouges que celle d'une droguée, des cernes aussi violettes qu'un coquard lui encerclaient les yeux et ses lèvres étaient aussi sèches que du charbon. Je vous laisse imaginer, un vrai zombie. Elle qui était si mignonne...
Lorsqu'elle a vu l'une de ses copines, elle s'est effondrée dans ses bras comme si elle était sur le point de s'évanouir. Des larmes coulaient à flots sur ses joues. Quelques cris et gémissement de douleur sortaient de son corps. Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi mal de toute ma vie.

Martin venait tout juste de débarquer. Il passa devant Ashley et ricana en la voyant. Un sourire mauvais était dessiné sur son visage. Un sourire moqueur. Il me remarqua et vint vers moi :
« Mec, t'as vu la gueule d'Ashley ?
- Je ne vois que ça.
- Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais sans déconner t'as gérer de fou ! »
Je vous avoue que sur le moment, je n'étais pas très fier. Ashley était sans aucun doute la fille la plus douce et gentille que j'ai connue. Et la voilà détruite à cause de moi.
Je sais, ce n'est pas très cohérent ce que je dis ; un coup je m'en foutais, un coup je le regrettais. Et avec Martin, j'étais très fier.
Mais sérieusement, mettez-vous à ma place deux secondes.
D'un côté, vous avez votre meilleur ami ultra populaire qui traite les filles comme des mouchoirs usagés et qui vous a fais passer de ringard à beau gosse. Et de l'autre, vous avez cette fille avec qui vous vous entendez bien, qui est comme une petite sœur à vos yeux, et qui vous a aidé à vaincre la peur des autres jusqu'à venir gâcher votre amitié en avouant qu'elle crush sur vous depuis un moment. Quelle personne allez-vous choisir pour rester populaire et beau gosse aux yeux des autres ? À vous de voir. Mais moi, j'ai opté pour la première.
Revenons à nos moutons.

Je n'avais point vu Ashley de la matinée depuis l'épisode de la cour. J'avais entendu dire qu'elle était restée des heures à l'infirmerie et qu'elle avait gerbé tout ce qu'elle pouvait. Miam. Ce n'est qu'en début d'après-midi que je l'ai revu. Vous vous en doutez bien, elle n'était pas venue au self. Toujours avec sa capuche sur la tête, elle passait son temps à traîner dans les couloirs, ou à pleurer seule dans son coin. Ses soit disantes copines l'avait laissé tomber. Sympa l'amitié.
Vers 15h, Martin vint me voir :
« Mec, j'ai une putain de bonne idée !
- Dis-moi.
- Et si on lui faisait la misère à la petite Ashley ?
Mes yeux se sont tournés vers lui, de vraies balles de ping-pong.
- Quoi ?!
- Regarde-la sans déconner. Tu trouves ça normal qu'elle joue la dépressive à chialer toute la journée alors que c'est de sa faute ?
- C'est vrai qu'elle a un culot énorme. Ouais fin en attendant elle était juste amoureuse de toi imbécile. Qu'est-ce que tu entends par lui faire la misère ?
Il avait les yeux rivés sur elle, toujours avec son sourire mauvais.
- C'est simple. Dans les couloirs, à un moment où il n'y a personne, on la croise, on la choppe et on lui fait bien comprendre qui est le patron.
- C'est-à-dire ?
- Tu verras bien. Rendez-vous à 17 heures dans le couloir B. » Et il s'en alla.
Une boule s'était formée dans mon ventre. Je la sentais très mal cette histoire.

17h. L'heure de la vengeance avait sonné.
Ashley s'était précipité vers la sortie. Martin me lança un regard qui disait « On fonce. »
D'un coup, on se leva en même temps et on la suivit.
Plus personne n'était dans les couloirs. Le lycée n'avait pas encore fermé.
Martin remarqua Ashley et fonça vers elle. Il la tenait par le sweat, au niveau de l'épaule.
« Qu'est-ce que vous faites ?!
- Ferme-la et suis-nous. »
Il la traîna jusqu'à l'extérieur du bahut, dans un coin caché où personne ne passait, pas même une mouche. Il la plaqua violemment contre le mur et approcha son visage du sien, elle était tétanisée.
« Alors, comme ça on chiale comme une gamine ?
Des larmes apparaissaient pendant qu'il lui crachait à la figure.
- Mais qu'est-ce que tu me veux à la fin ?!
- J'crois que tu n'as pas bien l'air de capter le message petite pute. Tu oses faire la victime alors que tu cherches la merde en première ?
- Bon sang, mais qu'est-ce que j'ai fait de mal ?!
Il y avait de la détresse dans ses yeux, une lueur d'espoir que je puisse lui venir en aide, mais je ne bougeais pas d'un poil.
- T'as vraiment cru qu'une fille comme toi allais avoir sa chance avec Oliver ? Toi ?!
- Je...
- Non Ashley, ferme ta gueule ! T'aurais mieux fait de la boucler et de garder ça pour toi !
- Putain, mais explique moi ce qu'il y a de mal à aimer quelqu'un !
- Quel genre de salope tombe amoureuse de son grand frère Ashley ?
- Va te faire foutre ! »
Des bouts de postillons avaient atterris sur la joue de Martin.
Le regard d'Ashley était rempli de haine. Martin tourna la tête pour s'essuyer. En se retournant vers elle, il serra le poing de toutes ses forces la frappa au visage. Sa tête bascula et du sang sorti de sa lèvre.
« Putain, mais qu'est-ce qu'il te prend ?!
- Tu l'auras voulu.
- Non !
Il l'a tenu par les poignées et la parsema de coup de genoux dans le ventre. Des cris de douleur en sortirent. Elle se mit à genoux et le supplia d'arrêter. Celui-ci ne l'écouta point. Il la prit par les cheveux et lui mit des coups-de-poing dans le nez. Du sang en sortait. Elle finit à terre. Il se baissa et la chopa par le col :
- T'es vraiment qu'une sous-merde ma petite Ashley. Et crois-moi que je n'en ai pas fini avec toi.» Il la lâcha brutalement et en s'en alla.
« Vient Oliver, elle n'en vaut pas la peine. »

Ashley au Royaume des MortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant