Les jours qui ont suivi ont été épouvantables dans tous les sens du terme. L'état d'Ashley s'empirait de jour en jour. Des coups et blessures étaient marqués partout sur son corps. Martin la martyrisait tous les soirs. Ça me faisait peur et je faisais tout pour y résister. Elle tremblait en nous voyant et pleurait à la sonnerie de 17 heures.
Je commençais à le regretter petit à petit. J'avais un très mauvais pressentiment. Le matin, je la voyais s'enfiler des cigarettes en tremblant des mains jusqu'à salir son cargo de cendres.
Elle s'était transformée en fantôme aux yeux de tous, sauf des nôtres.
Ashley était morte de l'intérieur.
Je ne m'en rendais pas forcément compte, même pas du tout, mais elle souffrait terriblement. Son coquard à l'œil gauche qu'elle cachait soigneusement avec son anti-cerne exprimait le mal-être et la douleur. Quant à ses yeux aussi rouge que du piment, eux, exprimaient la détresse.
Du point de vue de Martin, c'était marrant. De mon point de vue d'aujourd'hui, ça me file la nausée rien que d'y penser.
Quand la cloche sonnait la fin des cours, il lui jetait toujours ce regard malsain qui voulait dire « Ça va être ta fête Miller ». Il la tirait par les cheveux et la frappait jusqu'à qu'elle n'en puisse plus. Sans oublier les crachas sur son visage d'ange et les insultes.
Ashley Miller subissait les pires choses qu'une adolescente puisse subir de la part de ses camarades de classe, dont un où elle était folle amoureuse. Parce que, oui, je participais quelques fois à ces violences. Il m'arrivait de lui tirer les cheveux et de lui frapper le ventre. Je l'avais même insulté à plusieurs reprises.
Je participais à ces cruautés en espérant m'amuser un petit peu. Mais en réalité, ça me faisait mal de la voir comme ça. Certes, son amour pour moi n'était pas réciproque. Mais d'un côté, je l'aimais quand même, comme une sœur. Imaginez, votre petite sœur se faire frapper et insulter sous vos yeux par votre meilleur ami. Imaginez le cauchemar. Je sais que de ce point de vue là, sans hésiter, vous aurez cassé la gueule de votre meilleur ami. Mais moi, comme un con, je l'ai laissé faire.
Je ne peux pas vous décrire tout ce qu'il lui faisait subir, même si je vous ai déjà raconté une bonne partit. Premièrement, je vous épargne ces passages de violence et de cruauté extrême, ne me remerciez pas. Deuxièmement, il faudrait consacrer un livre entier pour chaque soir où il la torturait.

 Ashley vivait un véritable cauchemar.

Ashley au Royaume des MortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant