Ashley au Royaume des Morts

VII

Seigneur... Comment on a pu en arriver là ? Si j'avais su...

Martin kidnappait Ashley chaque soir pour lui faire passer un sale quart d'heure. Un quart d'heure, qui semblait durer une éternité.
Aujourd'hui, je me demande encore comment je n'ai jamais pensé une seule fois que ça allait partir aussi loin, trop loin ?
Je m'en souviendrais toute ma vie. Et je le regretterais sûrement pour toujours...

Samedi 26 mai, alias le pire jour de ma vie.
En cette matinée de printemps, il faisait chaud, très chaud. Tellement chaud que plus personne ne dormait. Martin m'avait appelé vers neuf heures du matin. Il voulait qu'on sorte pour se changer les idées, et j'ai accepté.
Ça faisait quelques jours qu'Ashley vivait un véritable cauchemar. Je priais pour qu'il ne s'en prenne pas à elle le week-end. Jour de chance, il la laissa tranquille.

Dix heures du matin, la chaleur était partie pour faire place à la fraîcheur. Les rues de Toulouse étaient sombres, tout comme le ciel. Comme s'ils allaient bientôt annoncer une très mauvaise nouvelle, une nouvelle dévastatrice qui allait changer nos vies à jamais. Martin parlait trop, beaucoup trop. Pour une fois, il ne parlait pas d'Ashley. On rigolait de tout, sans se soucier de rien.
On était heureux, mais plus pour longtemps.

Après vingt minutes de marche, on finit par passé dans la rue où habitait Ashley. Bizarrement, j'avais peur de la croiser. Peur qu'elle s'effondre, qu'elle panique ou qu'elle en parle à sa mère. Je n'étais pas serein du tout.

C'est en rentrant dans la ruelle que le cauchemar commença.

On rigolait encore jusqu'à ce qu'on remarque quelques détails intrigants.
Tous les voisins étaient réunis devant la maison d'Ashley. Tous étaient en incompréhension, certains paniquaient, et je ne mis pas longtemps à les rejoindre.
"C'est quoi ce bordel ?" me disait Martin.
On avança jusqu'à ce qu'on vît à notre tour les ambulances et les voitures de police. J'aperçus la mère d'Ashley, celle-ci était effondrée dans les bras de son mari, les larmes coulant à flots. Son père quant à lui, discutait avec un policier. Il était sur les nerfs et ne comprenait pas ce qui lui arrivait. La maison était entourée de ruban de police. Des hommes sortirent de la maison, portant une civière couverte par une housse, cachant ainsi le corps d'Ashley. Son bras dépassait encore, révélant ainsi son poignet en sang. C'est en voyant son corps entrer dans le véhicule funéraire que mon cerveau a tilté. Après qu'on l'ait tué mentalement, Ashley avait fini par se tuer physiquement. Je sentis mon corps se raidir et mon cœur se briser. Tous mes souvenirs d'elle défilèrent sous mes yeux, devenant soudainement perdus à jamais. Les larmes troublaient ma vue. Un sentiment de colère, de confusion et de chagrin me submergeait.

Si seulement je pouvais revenir en arrière...

Martin était figé sur place. Il ne savait pas s'il devait pleurer ou bien s'enfuir. Ses yeux parlaient. Ce n'est pas de notre faute, si ?
"Vient Oli, il ne faut pas qu'on reste là." disait-il en me tirant par la manche.
Je n'arrivais plus à bouger, j'étais tout aussi figer que lui. Je continuais à la regarder dans cette voiture, tout en aillant les larmes qui coulaient sur mon visage.
"Oli..." répétait-il en panique.
Je finis par craquer, et m'effondrer au sol. 
"Pourquoi ? POURQUOI ?" hurlai-je en tapant sur le sol.
Les voisins autour de moi me regardaient, comme si j'étais fou.
"Oli vient... Il faut partir...
- On l'a tué, Martin...
- Non, ne dit pas ça...
- ON L'A TUÉ PUTAIN !"
Je hurlais au point de ne plus avoir de voix, je perdais de plus en plus la tête.
Les parents d'Ashley me regardaient avec incompréhension. Et lorsque je croisai leur regard, je compris que je devais partir au plus vite.
En me retournant, je vis que Martin avait disparu, il avait pris la fuite.
Sans réfléchir, je me redressai et pris la fuite à mon tour.

Ma maison était vide, j'étais seul. Je m'enfermai dans ma chambre et pleurai pendant des heures jusqu'à m'endormir. Les cauchemars ne mirent pas longtemps à m'envahir.

Tu n'es qu'un monstre Oliver, un putain de monstre.