Chapitre premier (CARA)

324 6 0
                                    

2024
Chez l'ennemi.
Il n'y a pas d'autres mots pour décrire la ville dans laquelle je viens de passer cinq années de ma vie à étudier la neuropsychologie. En effet, cinq ans plutôt, à seulement 15 ans, après avoir passé mon bachillerato, j'ai intégré l'université européenne de Madrid. Oui. De Madrid. Moi, Cara Hernandez, nièce de Xavi Hernandez et grande fan.e du FCBarcelone, je suis partie étudier à Madrid. Mais là n'est plus la question. J'ai enfin obtenue mon master de neuro-psychologie, tout ça est derrière moi. J'ai enfin fini l'école, je suis diplômée d'études supérieures, j'ai un master, à seulement 20 ans.
J'ai un parcours scolaire des plus exemplaires, et pourtant particulièrement chaotique. Effectivement, j'ai sauté ma première classe en primaire. Ma première année de primaire à vrai dire. Je savais déjà lire et écrire alors à quoi bon. J'ai ensuite sauté la dernière année de primaire, déjà prête à entrer au collège, et la deuxième année de collège. Bref à 15 ans j'étais diplômée, et avec les félicitations du jury, évidemment.
Seulement voilà, à cause de toutes ces classes manquées, j'ai perdu mon premier amoureux, mon meilleur ami. Pablo.

Je ne sais absolument pas ce qu'il est devenu. Je mentirais en disant que je n'ai pas essayé de savoir. Je viens d'avoir 20 ans et ce môme de 6ans traîne toujours dans mes pensées. Évidemment il n'a plus 6 ans, mais 20 comme moi. J'aimerais savoir ce qu'il est devenu, à quoi il ressemble. Mais je ne connais que son prénom : Pablo. Et Pablo, sur Google ça donne précisément 664 000 000 résultats. Je pourrais appeler mes parents, ils habitent toujours dans notre maison à Séville, peut être que « Pablo » et sa famille y vivent encore. Alors je saurais son nom de famille, ce qui affinerais mes recherches. Mais à quoi bon ? Pourquoi rester bloqué sur une histoire qui a plus d'une décennie. Inutile, il est temps de tourner la page.

Je ne retrouverais jamais mon Pablo.

Je ferme violemment mon mac après avoir une dernière fois cherché « Pablo » sur Google. Je soupire et me prend la tête dans les mains, toujours assise sur mon bureau. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, perdue dans mes pensée, jusqu'à ce que mon téléphone sonne. Le nom de « tonton Xavi » apparaît à l'écran, avec en arrière plan, une photo de nous, au Camp-nou, après une victoire en 2010. Je souris à chaque fois devant cette photo. Mes longs cheveux blonds sont à présent teint en brun très foncé, presque noir. Je ne me ressemble plus tellement. C'est peut-être pareil pour Pablo ? Peut être qu'il n'est plus brun mais blond ? Je me souviens d'ailleurs de la longue conversation que nous avion eu après ce match. Je lui en avait tellement parlé, mais il ne me croyais pas. Il ne me croyais pas quand je lui disais être aller au Camp Nou et il ne me croyais encore moins quand je lui avait dis que le grand Xavi Hernandez était mon oncle. Je m'étais vexée. Je crois que c'était la première fois qu'on se disputaient. Je ne sais plus tellement.

Je me tire de ces pensées incessantes envers mon amour d'enfance, prends mon téléphone et décroche :
- ¡holà tìo!
- ¡Ma petite maravilla ! Comment vas-tu ?
- Ça va tìo ! Et toi ? Bravo pour la Liga de cette année ! Depuis 2023 on ne vous arrête plus !
- Gracias mi maravilla. Plus qu'à gagner la « ligue et champions » et je serais un entraîneur comblé !
- c'est quoi la « ligue des champions » déjà ?
- Ohhhh Cara... là toi de 5ans ferait un arrêt cardiaque devant une bêtise pareille...
- pardon Tìo, mais je n'ai plus trop le temps de suivre le foot depuis un moment, lui dis-je en rigolant.
- La « ligue des champions » c'est simplement la compétition européenne la plus prestigieuse !
- Ah oui ! C'est l'euro ? Je me souviens maintenant en 2016...
- NON CARA, m'interrompt mon oncle. L'euro et la ligue des champions sont deux compétitions bien différentes : l'une se joue en équipe nationale et l'autre en club !
- ah ok ! fis-je semblant de comprendre. J'ai définitivement décroché avec le football.
- mais bon je suis un peu désespéré... ma neuro-psy viens de me lâcher et si mon staff médical n'est pas complet, on risque la discalification...
- Tu cherches une neuro-psy ?
- Oui... depuis l'accident entre Araujo et Gavi en 2021, je suis obligé d'avoir un neuro-psy dans l'équipe pour les suivre.
- Tìo, je viens d'être diplômée de neuro-psy, j'ai eu mes résultats de partiel mardi.
- c'est pas vrai ! s'écria mon oncle. Tu es neuro-psychologue ?? Tu as déjà un emploi ou tu es disponible ? Oh mon Dieu Cara j'ai vraiment besoin de toi sur ce coup. Vraiment je ne...
- Tìo, Tìo, calme-toi coupais-je mon oncle. Oui je suis disponible, et oui c'est avec plaisir que je viendrais t'aider pour la fin de la saison.
- Oh merci ! Merci Cara ! s'écria mon oncle. Et je savais que je venais de lui rendre un grand service, car je peux compter sur les doigts le nombre de fois où mon oncle m'a appelé Cara.
- Avec plaisir ahah. Mais merci à toi ! Tu m'évites la lourde tâche de trouver un emploi. Travailler pour le FCBarcelone pour débuter sa carrière c'est pas mal quand même.
- C'est sûr qu'on a vu pire ! Mais merci à toi Cara. Vraiment.
Il y eu un petit blanc de quelques secondes avant que mon oncle reprenne :
- Bon mi maravilla, j'espère que tu n'as rien de prévu prochainement, parce que j'ai besoin de toi au plus vite. Je t'envoie un billet d'avion par mail pour demain matin. Il marque une pause avant d'ajouter : en buisness classe !
Il explose de rire et j'explose rire également, mais je suis quand même ravie de voyager telle une princesse.
- Ok merci tìo, je fais ma valise ce soir et dès demain je rentre à la maison.
« Je rentre à la maison ». Pas littéralement du coup, car je ne rentre pas à Séville, mais à Barcelone, là où je suis née, chez moi.
- Parfait. Bisous mi maravilla. Ne rate pas l'avion' j'enverrais quelqu'un te chercher demain, ajoute-t-il avant de raccrocher.

Une fois l'appel terminé, je lance ma playlist de Lana del Rey et me lance dans ma valise.

Para siempre (toi pour toujours) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant