Septième chapitre (PABLO)

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Je ne pensais pas que l'effet de l'alcool pouvait être si long. Je demanderai à Raphina le secret de son breuvage. J'avais vraiment la sensation d'avoir dessoûlé ce matin au réveil, et même pendant l'entraînement.
Pourtant, pourquoi mon amour d'enfance se tenait devant moi.
Le visage de celle que j'ai mis tant de temps à oublier, sans jamais réellement y arriver. Je pensais ne pas la reconnaître si je la croisais un jour, mais elle n'a pas changé. Elle est toujours la même. Elle a toujours les mêmes yeux verts, dont il est impossible de détourner le regard. Elle a toujours la même ridule sur le front quand elle est surprise ou inquiète. Mais ses cheveux ne sont plus blonds comme des fils d'or. Elle n'a pas plus les mêmes cheveux que Raiponse. Elle a les cheveux de mère Gotten. Noirs.
Cependant, si une chose n'a pas changé, c'est à quel point elle est magnifique.
- Cara ? demandais-je dans un souffle.
- Pablo ? me répondait-elle de manière quasi-inaudible.
Je n'en croyais pas mes yeux. C'était impossible. Pas maintenant.
Noirs. Noirs. Noirs.
Elle n'avait pas menti. Elle ne m'avais jamais menti. Elle était bien la nièce de Xavi Hernandez.
~
Aucun de nous deux ne parle pendant toute la durée de l'examen. Elle ne prend pas la peine de m'indiquer quoi que ce soit et se contente de me coller des sondes à droite à gauche sur le corps.
Quand ses petites mains entre en contact avec ma peau, une frisson me parcours, et ma peau se retrouve couverte de chair-de-poule. Elle le remarque mais ne dit rien. Elle n'esquisse pas le moindre sourire.
Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi penser, peut-être est-ce pareil pour elle ?
Au bout de quelques temps, elle décolle toutes les sondes de ma tête et de mon cou, et part s'assoir en face de moi à son bureau.
Je reste à l'observer comme un con pendant une dizaine de minutes, puis soudain, elle lève la tête et me dit froidement :
- T'attends quoi au juste ?
Je la fixe abasourdi.
- C'est quoi ton problème ? demandais-je, sur la défensive.
- C'est quoi mon problème ? Explose-t-elle.
- Mon problème c'est que 10ans après avoir perdu le seul ami, le seul amant que je n'ai jamais eu, au moment précis où je me résous enfin à tourner la page, il fait son retour dans ma vie ! Elle me fixe avec fureur.
- Mais mon problème c'est que tu es partie sans un mot, sans une explication, sans rien. Même si on était des putains de gosses ça fait 10ans que tu m'obsède. Alors qu'est-ce que tu fais là Pablo hein ? Pablo Gavi. Elle crache ces derniers mots comme si ils lui brûlaient la gorge.
- Cara... c'est la seule chose que j'arrive à dire.
Elle se lève d'un bond sur sa chaise. Tout à coup très calme elle me dit :
- Part Pablo. Part. S'il te plaît.
Une larme unique apparaît sur sa joue. Je reste stupéfait sur-place. Je ne crois pas ce qui est en train de se passer. Je... Je dois être en train de rêver.
- Part Pablo, s'impatiente-elle. La visite est finie.
Je finis par me lever mais j'ai les jambes en cotton. Je marche lentement jusque la porte du cabinet, mais je me rappelle avoir embarquer quelques bonbons dans ma poche avec moi (autant éviter une crise d'hypoglycémie après un entraînement). Je met la main dans ma poche et en sort trois krema. Une à la pomme, un à l'orange et un à la fraise. Je jette un œil dernière moi et surprends Cara en train de me regarder. Elle est toujours debout derrière son bureau, mais la larme unique qui coulait sur sont magnifique visage s'est transformé en un torrent de larmes. Ses yeux ressortent d'autant plus. Même dans cet état, elle reste la plus belle fille que je n'ai jamais vu.
Je m'approche de son bureau tête baissée et y dépose le bonbon à la fraise. Elle me regarde et lorsqu'elle comprend ce que je suis en train de faire, ses larmes redouble d'intensité et elle se laisse choir sur le fauteuil de son bureau.
J'ai envie d'aller la serrer dans mes bras, mais je sais que ne peut pas le faire.
Sans un regard de plus, je sors du cabinet.
~
Lorsque je sors du bâtiment médical du complexe sportif, je vois que Pedri m'y attend, un grand sourire aux lèvres. Il doit voir que je ne suis pas d'humeur car son sourire se transforme en une grimace d'inquiétude.
- Ça va ? T'as vu un fantôme ou quoi ?
- Tu crois pas si bien dire, marmonnais-je.
- Hein ?
- Non rien, je réponds. Agacé. On y va ?
- J'attends Cara.
- Hein ?! Explosais-je. Mais c'est pas possible c'est une putain de blague de merde tout ça !
Pedri ne comprenant rien à la situation explose aussi.
- Tu vas te détendre toi ! C'est quoi ton problème déjà ?!
- Mon problème c'est Cara justement !
- Comment une fille que tu viens de rencontrer et avec qui t'as passé 20min peut te mettre dans cet état ? Demande-t-il, sans comprendre.
- Parce que justement ça fait tout sauf 20 min que je la connais.
Mon ami se détend d'un seul coup.
- Comment ça mon reuf ?
- Tu te souviens aux 20 ans d'Ansu ?
- oulà ça dépend ! C'est la soirée où on a le plus bu de nos vie... je me souviens la gueule du coach le lendemain quand il nous a vu arriver, se marre-t-il.
- Oui mais bref, je balaye d'un geste de la main. Je t'ai parler d'une fille. De qui j'étais tombé amoureux très jeune. Trop jeune.
Je vois Pedri faire mine de réfléchir.
- Ah oui ! Clara non ? S'exclame-t-il soudain.
- Cara, le corrigeai-je.
Après une éternité. Il relève la tête vers moi.
- C'est la merde alors, dit-il soudain.
Je ne prends même pas la peine de répondre. Je vois Pedri hésiter avant d'ajouter :
- Surtout que je lui ai proposé de vivre avec nous ce matin.
- T'AS FAIS QUOI ? Hurlais-je.
Il baisse la tête et ajoute :
- Et elle a dis oui.

Para siempre (toi pour toujours) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant