Quatrième chapitre (PABLO/CARA)

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PABLO

J'étais à la soirée de Raphina depuis presque une heure déjà, et Ansu avait déjà disparu avec je-ne-sais quelle fille. Il doit penser que je « m'amuse » avec une fille aussi, mais la vérité c'est que là tout de suite maintenant, je me fais plus chier que autre chose. J'ai envoyer un message à Pedri y'a vingt minute pour savoir s'il était en route, il l'a lu mais n'a pas répondu. Merci Pedri, vraiment. Je tourne dans l'appartement comme une bête en cage quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je vois au loin une fille toute de noir vêtue, avec une longue que de cheval noire entrer : ce n'est pas Pedri donc je tourne le dos en direction de la cuisine. Je me fais chier tout seul autant me mettre une race.

-Pablo ? Pablo ? C'est toi ?
Je lève difficilement la tête après les trois verres de scotch de luxe que me suis enfiler cul-sec, et les 2 tequila-paf que j'ai fais avec Raphina et sa copine.
-huuummm, je parviens à grogner.
-Oh tu pues l'alcool, fait Pedri en plissant le nez.
Quand je réalise que c'est mon pote qui me parle, une bouffée de joie m'envahi.
- Pedritoooo!! Mon pote ! T'es enfin là ? T'en as mis du temps ! Parviens-je à articuler en me redressant.
- Oui désolé, la nouvelle neuro-psy a perdu ses valises à l'aéroport donc on a eu pas mal de retard, puis on est aller se préparer mais elle n'avais pas d'affaires... bref la galère !
- La nièce de Xavi ? Demandais-je en pensant soudainement à mon amour d'enfance.
- La nièce du coach ?
- Oui bah la nièce de Xavi alors c'est ce que j'ai dit !
- WoW on se détend mon pote ? Pourquoi tu t'exites ? Tu l'appelle jamais...
Je ne le laissais pas finir et demanda, histoire d'en avoir le cœur net :
- Est-ce que ses cheveux étaient blond ? Et est-ce qu'on aurait dit qu'ils étaient fait d'or ? Comme Raiponse ?
Pedri resta quelques secondes figé à me dévisager bizarrement.
- Quoi ?
- T'as fumé Pablo ?
Je ne répondis rien, comme un con. Les yeux dans le vide.
- Non mais j'ai peut-être abusé des tequ-paf avec Rafou...
-Noirs.
Je lève la tête vers Pedri et fais une grimace.
- Noirs ?
-Les cheveux de la nièce du coach. Ils étaient noirs.
Je me laisse tomber sur le canapé derrière moi, et répète en boucle : Noirs.
Cara était une menteuse. Voilà tout.
Noirs. Noirs. Noirs. Elle avait les cheveux noirs.
Je me répète ces huit mots, encore et encore, jusqu'à ce qu'une jeune fille aux cheveux noirs se matérialise devant moi comme par magie. Mais pas n'importe quelle fille. Ma Cara. Enfin, ma Cara avec des cheveux noirs. J'ai vraiment beaucoup trop bu. Je ferme les yeux et me masse le crâne, pour chasser cette image de ma vue. Ma Cara n'aurait jamais teint ses magnifiques cheveux blonds.
Quand je rouvre les yeux, elle n'est plus là.
Je me lève en direction de la cuisine, pour aller le chercher un grand verre d'eau. Immense même. Je dois dessoûlé au plus vite. Quand j'entre dans la cuisine, je vois un énorme saladier remplit de bonbon. J'en cherche un à la fraise, mais n'en trouve pas. Je me rabat alors sur un bonbon à la pomme.
Tandis que je me remplis un grand verre d'eau, Ansu m'attrape par les épaules :
- Alors mon grand ! Tu passes une bonne soirée ? Me demande-t-il avec un regard aguicheur.
Ne sachant pas trop quoi répondre, je hasardais un simple :
- Bof
Ansu me propose immédiatement un verre pour y remédier, mais je prétexte de ne simplement pas trop être dans mon assiette et il me laisse tranquille.
La simple vision de Cara m'a retourné le cerveau. Mais ce n'était pas elle. C'est impossible. Pas avec ces cheveux noirs. Et puis, je ne l'ai pas revu depuis la primaire. Je serais incapable de la reconnaître.

2019// CARA

Je rentrais chez moi après ma dernière journée au lycée. Ça y est. Le lycée était fini. Dès la semaine prochaine, je m'envolerais pour Madrid, afin d'entamer mes études de psychologie. J'ai décidé d'y aller dès maintenant car plus rien ne me retenais ici. Je n'avais pas d'amis. Je ne parlais plus au seul ami que je n'ai jamais eu depuis des années. Pablo. Mon Pablo.
C'est fou d'être aussi affecté par une amourette de primaire. Mais voilà tout, Pablo et moi depuis toujours : c'était fusionnel.
Je risquais parfois quelques regards dans son jardin. Ma chambre étant à l'étage et étant orienté face au jardin, j'avais une vue plongeante sur mon jardin, mais aussi sur celui de mon ancien meilleur ami. Il jouait beaucoup au foot. Mais une fois, nos regards se sont croisés et il est brusquement rentrer chez lui. Après ça, il n'est pas ressorti jouer au foot pendant plusieurs semaines.
Je n'ai jamais réellement compris pourquoi on se parlait plus, nous n'avons jamais eu de vraie de fin. Jusqu'à ce jour où j'ai croisé sa sœur, Aurora par hasard dans la rue en rentrant ce fameux dernier jour de lycée.
-Aurora ? demandais-je timidement en passant devant sa porte, où elle s'apprêtait à rentrer.
- Cara. Me répondit-elle froidement.
Je masquais difficilement ma grimace.
-Qu'est-ce que tu veux ? dit-elle finalement. Radoucie.
Je pris une grande inspiration et posa la question que je n'osais pas poser depuis quelques années.
- J'aimerais comprendre Aurora. Comprendre pourquoi Pablo et moi c'est fini. Pourquoi ça fait des années que je n'ai pas parler à mon meilleur ami ?
Elle resta plusieurs secondes devant moi, à me dévisager sans répondre. J'allais rebrousser chemin quand elle me dit :
- C'était trop fort Cara. Trop fort pour de simples enfants. Il n'a pas supporter que vous soyez séparés, au fil des classes que tu sautais. Il a décroché. Il est devenu fou parce qu'il était fou de toi. À même pas 10ans Cara. 10ans.
Elle laisse un silence planer quelques secondes, comme pour me laisser le temps de digérer ses paroles.
- Évidemment, tu étais très occupée. Alors tu n'avais plus de temps pour lui. Tu t'éloignais. Probablement sans le vouloir. Mais c'est le cas. Ça l'a détruit. Si jeune. Quelque chose s'est envolé avec toi. Mais tu n'est qu'une enfant Cara. Elle s'approche, pose délicatement sa main contre la joue. Tu n'est qu'une enfant, répète-elle. Plus pour elle que pour moi cette fois. Je le sens. Alors on ne peut pas t'en vouloir. Elle s'éloigne brusquement. Mes parents m'ont dit que tu partais étudier à Madrid ? Je pense que c'est le mieux. Pour toi. Et pour mon frère. Elle marque une dernière pause et me dis au revoir. Je rebrousse chemin quand je l'entends qui m'appelle une dernière fois.
- Cara ? Tu sais quand même que son film préféré est Raisponse. Parce qu'elle a les mêmes cheveux que toi. Ça, ça n'a jamais changer.

Enfin, elle trouve les talons et rentre chez elle. Je reste plantée là, abasourdie par ce que je viens d'entendre. Je savais que c'était fort pour des enfants mais pas à ce point. Une unique larme coule sur ma joue, et comme pour la cacher, il se met à pleuvoir.
Je rentre chez moi déposer mon sac, je prends mon vélo et je pars au supermarché le plus proche. Je ne passe que trois minutes à l'intérieur. Je sais précisément ce que je suis venue chercher.

Une fin.

Je me rend au rayon cosmétique et achète une teinture pour cheveux noire bon marché. Aurore m'a dit qu'une partie de son frère était morte avec moi, alors qu'une partie de moi meurt aussi.

Para siempre (toi pour toujours) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant