Allongé sur le lit, je fixais le plafond.
- Reid, tu peux pas rester à la maison dès que ça ne va pas, dit Harper tendrement. Je suis à la bourre, prends tes cachets. Maman va venir pour que tu te lèves.
Génial. Maman.
Harper sortit de la pièce. Je restai immobile. Je n'avais pas la force de bouger. Le temps que maman arrivât me parût une éternité.
- Reid, ne me fais pas ça aujourd'hui, j'ai pas le temps, dit-elle.
Je restai silencieux.
- Reid ! S'exclama-t-elle vertement avant d'ouvrir les volets. Lève-toi maintenant.
Je ne dis rien. Je regardais le plafond, totalement apathique.
- J'aime pas ça quand tu ne dis rien, dit-elle. Faut que je prenne ton téléphone ?
Pas un bruit.
- Reid, passe-moi ton téléphone. Je rassemblai assez de forces pour lever mon bras et lui passer mon téléphone, sans décrocher mes yeux du plafond.
- Regarde-moi s'il te plait.
Non.
- Il faut que j'aille travailler. Si tu sèches les cours aujourd'hui, tu verras.
Tout ce qu'elle disait rentrait par une oreille et ressortait par l'autre. Je m'en fichais complètement.
- Lève-toi ou je fais enlever la porte de ta chambre.
Des menaces, encore et encore. Ce n'était pas ce qui allait me faire sortir du lit. Je sombrais de plus en plus dans le vide total.
- Faut qu'on te change de traitement ? Dit maman qui secouait la boite de cachets. Ils ne te réparent pas.
Je pensai alors à tout ce que j'aurais pu lui répondre si j'en avais eu la force. Les médicaments ne te « réparent » pas, mais ça, la plupart des gens ne le comprenaient pas. Ce n'était pas un remède magique. Ils t'enlevaient la tristesse pour la remplacer par le vide. Ils ne la remplaçaient pas par le bonheur.
Ne serait-ce que le sentiment d'aller bien serait suffisant.
Je devais rester seul à écouter de la musique. C'était ainsi que je pouvais me « réparer » temporairement. Lorsque tout ce que tu ressentais n'était que le vide, tu essayais de le combler avec des boosts d'adrénaline : enfreindre la loi, boire, embrasser, etc.
Maman pensait que je faisais semblant. Je ne voulais pas lui faire du mal ou la décevoir, je cherchais juste autre chose que ce putin de vide. J'en avais vraiment marre.
Elle souffla d'un air triste.
- J'abandonne. Je sais plus quoi faire avec toi Reid. Je t'aime et je ne veux que ton bonheur.
Elle se leva à contre-cœur avant de se diriger vers ma porte.
- Elle, dit-elle en tapant sur la porte, elle dégage ce soir. Elle sortit de ma chambre. Un moment après, j'entendis la porte d'entrée se fermer.
Je restai allongé pendant des heures. Mon ventre gargouillait, mes yeux étaient desséchés, mes pensées se brouillaient et j'avais très envie de faire pipi.
Aucune raison ne m'obligeait à quitter mon lit.
Toute personne normale m'aurait crié dessus. J'étais pratiquement en train de tuer mon corps. Eh. Je m'en fichais. Je n'avais pas envie de me lever, ni d'être allongé, mais j'étais obligé de l'être, car je ne voulais pas me lever.
Ennuyé et affamé, je pris le peu de forces qu'il me restait pour fredonner à voix basse.

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Alive
Romance** Traduction de Alive de @goldnotes ** « Il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine » Cela faisait des années que Reid Thompson peinait à trouver de la motivation. Mais alors qu'il intégra l'école Lincoln, il s'inscrivit dans l'équipe de foot où...