Emily

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Le dernier match de la saison avait lieu au lycée. Une grande partie de l'école décida de venir assister au match – choix qui fut vite regretté car il faisait si froid.

Personnellement je ne ressentis pas le froid puisque je courrais.

Nous fûmes en novembre, alors le soleil fut déjà couché. Novembre, putin, pourquoi on jouait encore au foot ?

Je passai le ballon à Ansel puis avançai sur le terrain.

Le terrain fut odieusement éclairé par les projecteurs blancs. Nous fûmes tous épuisés et suants, mais nous gagnions.

Je vus Ansel regarder sans arrêt vers les gradins, faisant coucou de temps en temps. Impossible de savoir à qui.

Après le match, tout le monde se regroupa pour discuter. Je vis Ansel se diriger vers les gradins où une petite fille lui sauta dans les bras.

Ohhhhh, sa sœur.

J'eus toujours cru qu'il était fils unique, même s'il l'eut toujours nié.

Tori tapota sur mon épaule, détournant mon attention de ces deux.

- Bravo ! dit-elle, souriante.

- Merci. J'ai remarqué que Leah était assise avec quelqu'un d'autre ?

- Ouais, on s'est pris la tête, mais t'inquiète pas. Il est où ton mec ?

- Tori, je t'ai dit que si tu disais ça une autre fois j'allais te crucifier.

- Ouais, ouai. Elle regarda autour d'elle et le vit. Aw une petite fille. Viens, on va la voir. Elle me tira par le poignet.

- Hein. Quoi ? Non. J'essayai de dégager mon poigné de ses griffes mais elle fut si forte.

- Mon couple va peut-être exploser, alors laisse-moi m'occuper du tien, dit-elle, puis continua de me tirer en sa direction.

Il utilisait la langue des signes. Était-elle sourde ?

- Salut le merdeux, qui est cette fille ? demanda Tori alors que je me tins derrière elle, gêné.

En s'approchant, je vis qu'elle portait un appareil auditif rose à son oreille droite. Peut-être pouvait-elle entendre un peu ? Quelques sons ?

Il regarda Tori, clairement pas surpris qu'elle décidât qu'ils furent dorénavant amis. Il sembla s'en ficher.

- C'est ma sœur.

La petite lui tapa sur l'épaule, puis lui dit quelque chose en langue des signes.

- C'est Emily, dit-il. Si vous ne l'avez pas remarqué, elle est sourde.

- Oh ok. Je peux dire mon prénom ? Je sais comment faire.

Je le vis sourire légèrement. Tori se mit à genoux et lui fit les signes. Un grand sourire se dessina sur le visage de la petite. Elle avait deux couettes faites avec des élastiques roses qui s'accordaient avec sa veste. Elle portait autour du cou un cache oreille de la même couleur.

Avec un grand sourire, Emily épela ce qui, je pense, fut son prénom.

- Comment je lui demande son âge ? Tori regarda Ansel. Il le lui montra, puis elle tenta de l'imiter.

Emily leva sept doigts.

Je ne pensais pas que Tori aimait les enfants.

Une femme aux cheveux brun foncé marcha en notre direction puis mit sa main sur l'épaule d'Ansel.

- Et qui sont ces deux-là ?

- Maman, voici Tori et Reid.

Tori se releva avec un grand sourire aux lèvres. Elle serra la main de la femme et je fis de même.

- Oh oui, je me souviens de toi. Tu étais en primaire avec Ansel, dit la femme à Tori.

- Effectivement.

Tori et, je suppose, madame Beck commencèrent à parler. Ansel se trouvait à côté de sa mère.

Je m'agenouillai lorsqu'Emily vint en ma direction.

J'essayai de me rappeler quelque chose, mais rien ne me vint. Alors je levai les mains pour jouer à Trois Petits Chats. Elle sourit et leva ses mains.

Je chantonnai « trois p'tits chats, trois p'tits chats, trois p'tits chats, chats, chats »

Même en accélérant le rythme, elle réussit parfaitement.

Ensuite, elle me montra tous les bracelets qu'elle avait sur le bras. Je vis que c'était elle qui les avait .

La plupart des sons qui sortirent de sa bouche furent des petits rires. Comme Ansel, elle avait les cheveux et les yeux marron. Elle avait un sourire chaleureux, le même que je vis une fois sur le visage d'Ansel.

Ansel et elle avaient tout de leur mère : les cheveux brun foncé, les yeux marron, et ce doux sourire. Enfin bon, ce fut rare les fois où Ansel parut être chaleureux.

Lorsque je levai les yeux, je vis Ansel nous regarder avec ce rare sourire chaleureux. Il se retourne en direction de sa mère, mais je continuai à le regarder.

Je laissais mon cœur s'ouvrir, sachant qu'il serait à un moment brisé. J'étais bête.

Mais bon, je m'en fichais. 

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