Le sommeil

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J'ouvris les yeux et fixai le plafond. J'eus l'impression de m'être fait rouler dessus à multiples reprises par un camion. L'impression de 'lavoir point dormit depuis des semaines. Je me sentais épuisé.

Cela faisait un moment que je faisais des grosses insomnies. Deux semaines. Épuisant. Tous les jours, en rentrant à la maison, je tombais immédiatement dans les bras de Morphée. Je tombais malade et j'avais mal à la tête sans arrêt. J'étais si épuisé.

Il n'y avait pas que cela ; je me sentais vide. Les épisodes de dépression, je les vivais deux fois par ans, durant une longue semaine.

Deux jours sans école. Pourtant, il fallait que j'y aille.

Je ne pouvais pas supporter être en échec scolaire. Mais je m'en foutais. J'y arrivais pas.

Je fixai la boite de cachets posée sur la table de nuit.

Pathétique. Je ne ressentais rien. La colère, la tristesse ; tout avait disparu. A la place, le néant.

Ennuyant.

Je m'ennuyais, mais j'avais la flemme de me lever. Être vide d'émotions, c'était ennuyant. La passion et l'envie n'existaient plus.

Malheureusement, ce jour-là, il fallait que j'aille à l'école. Maman avait payé pour ce voyage scolaire au ski, et je savais que ce n'était pas donné.

Je soufflai et me levai. Maman fut déjà partie pour le boulot. Harper me conduirait. La nuit dernière, elle était venue dans ma chambre pour faire ma valise. Elle était silencieuse. Parfois, j'avais l'impression que je ne la méritais pas. Elle était si patiente avec moi.

J'attrapai mon sac et me dirigeai vers la voiture, où elle m'attendait. À l'intérieur, elle me tendit un muffin, mais je marmonnai que je n'avais pas faim. Je le tenais dans ma main.

- Ça va aller ?

- Je vais bien, dis-je après avoir expiré une grande inspiration. Je suis juste un peu fatigué. Ça va passer.

Inutile d'essayer de m'aider. Je n'avais toujours pas trouvé quelque chose qui me ferait aller mieux. Juste des pics d'adrénaline, de temps en temps, en volant : pourquoi pas, mais là, j'étais trop fatigué pour ça.

- Ça passera. Des fois, il suffit d'être patient. Ça passe.

C'était plus que le désire que ça passe. C'était qu'il n'y avait rien. Absence de sentiments. L'apathie sera toujours présente, mais le bonheur prendra le dessus. L'absence du « je vais bien » ; c'était là que l'apathie se montrait.

Harper continua :

- La dépression, il faut y faire face.

- Je sais Harper. On avait déjà eu cette conversation des centaines de fois. Elle entra dans le parking du lycée et se plaça derrière le bus. Elle m'envoya un petit sourire.

- Je sais que tu sais. Ça ne fait pas de mal de rappeler que ce n'est que temporaire. Et je t'aime.

Je lui souris en retour. Pauvres gens qui n'ont pas d'Harper dans leur vie. Elle a ses propres problèmes, mais elle jouera toujours son rôle de grande sœur. Je ne pourrais pas vivre sans elle.

- Moi aussi. Je me penchai et lui fis un câlin avant de quitter la voiture. Je rentrai dans le lycée et je la regardais péniblement partir.

Je me dirigeai en direction de la salle de classe où tout le monde discutait. Dès que j'y mis un pied, Tori et Ansel me virent et me regardèrent bizarrement. Tori fut la seule à venir me rejoindre.

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