Chapitre 1

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Sa main se serra doucement autour de son cou gracile. Son regard brillait sous l'émotion qui étreignait par ce simple geste. Son souffle s'accéléra lorsque les yeux de la fillette papillonnèrent par le manque d'oxygène. La poitrine se soulevant avec difficulté, elle tenta de lever ses yeux vers son agresseur sans parvenir à fixer son attention. Il affermit sa prise avec un goût de satisfaction s'emparant de son être. Une excitation coulait dans son sang comme il n'en avait jamais ressenti. Il passa sa langue sur ses lèvres avec délectation face à cette souffrance qu'il infligeait tout en étant conscient des répercussions. Ses mains tremblèrent légèrement sous le coup de l'émotion avant qu'il ne reprenne le contrôle sur son corps une demi-seconde plus tard. Les paupières de la jeune fille se fermèrent doucement comme si elle s'apprêtait à s'endormir, sa poitrine âgée d'une dizaine d'années s'immobilisa et son cœur s'arrêta par la même occasion. Sa bouche entre-ouverte laissa échapper un dernier râle due douleur avant que ce dernier ne s'éteigne à peine eut-il quitté ses lèvres pâles.

Il relâcha délicatement le corps de la fillette sur le sol, tapissé d'un beau parquet parfaitement verni. Ses chaussures noires claquèrent en un bruit sec et se dirigèrent vers la salle d'eau. Il lava ses doigts agiles et sa peau hâlée avec un soin extrême. Le savon glissa entre ses doigts avec dextérité pour effacer cette sensation qui s'éternisa. Il s'empara ensuite d'une serviette blanche qu'il déplia en faisant attention de ne pas la froisser et recouvrit le visage de la jeune fille en observant auparavant avec délectation ses yeux bleus rendus vitreux par la vie qui s'était échappée de son organisme.

Il referma la porte sans la claquer et descendit les marches avec légèreté. Rien ne montrait ce qu'il venait de faire. Il s'assit dans son canapé de soie noire, tissu aussi léger et agréable qu'une toile d'araignée. Le meuble s'affaissa sous son poids tandis que ses mains se saisirent de la télécommande de la télévision. Il fit rapidement défiler les chaînes qui se présentèrent à lui pour s'arrêter sur une qui présentait les informations. Il écouta d'une oreille distraite jusqu'à ce qu'une photo apparaisse à l'écran. Son attention fut interpellée, il se redressa tout en écoutant les commentaires.

« Alerte info ! La disparition d'une jeune fille de onze ans a été signalée dans les environs de Nancy. Rousse, yeux bleus, jean noir et haut rose pastel. Si vous la voyez ou croyez l'apercevoir, veuillez appeler le numéro qui s'affiche ».

Un sourire imperceptible s'afficha sur les lèvres de l'homme pendant qu'il croisait ses jambes en s'appliquant. Il se cura les ongles avec détachement tandis que le présentateur continua sa litanie aussi monotone qu'ennuyeuse. Son souffle ralentit lorsqu'il repensa à la scène de tout à l'heure, sa main droite commença à trembloter quand l'envie de se répéter lui vint à l'esprit avec un détachement proche de la folie. Il se leva et tout en se dirigeant vers la cuisine décrocha son téléphone, répondant à la personne qui cherchait à le joindre.

— Serais-tu partant pour une soirée entre amis ?

La voix agitée de son interlocuteur agressa ses tympans violemment, le faisant relever le coin de ses lèvres.

— Je ne suis pas contre.

La tonalité profonde de sa voix résonna dans la demeure immense tandis que pendant ce temps, il s'occupait se séparer les grains de grenade.

— C'est super ! Je t'attends dans dix minutes dans le bar ! s'était exclamé l'homme au bout du fil en raccrochant sans attendre de réponse.

Le visage vide de tout ressenti, l'homme avait continué sa tâche, ne se préoccupant guère du tic-tac de l'horloge murale qui rompait mécaniquement le lourd silence. Tel un métronome, les aiguilles semblaient battre la mesure tandis que l'homme coupait les poivrons en un rythme parfaitement accordé. Ses gestes étaient posés et réguliers. Un coup d'œil à sa montre d'argent le convaincu de poser son couteau parallèlement à la planche à découper et à se munir de son portefeuille pour enfin pousser le battant de la porte d'entrée. L'air frais fouetta son visage de marbre le poussant à inspirer profondément. Comme pour se donner du courage. Ses pas le guidèrent machinalement au lieu de rendez-vous dans lequel il pénétra sans prêter la moindre attention aux sifflements qui retentissaient à son passage. Sans surprise, il vit l'homme à l'origine de l'appel, accoudé au comptoir, affalé, tentant de faire la discussion à une jeune femme servant les quelques clients présents. Il s'approcha silencieusement et observa la scène d'un œil intéressé. La femme n'accordait aucune attention à son interlocuteur et montrait de manière concise son manque d'intérêt. Les coins des lèvres de l'homme se soulevèrent, trahissant le léger amusement qu'il ressentait. Il s'approcha et posa délicatement sa paume de main sur l'épaule de l'homme, ressentant au travers du tissu le pouls, lui faisant crisper imperceptiblement les doigts sur la base du cou de l'individu. Celui-ci se retourna vivement et rencontra le regard froid de l'homme. Un sursaut de surprise suffit à faire comprendre à l'homme qu'il se trouvait sur la défensive.

Le Chant du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant