Chapitre 5

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Ces sept mots le firent relever brutalement la tête. Il n'en revenait pas et pour la première fois il laissa son masque échapper à son contrôle. La surprise, l'incompréhension et pour finir l'impuissance se succédèrent alors qu'il dirigeait son regard sombre et déstabilisant vers les deux femmes. Une semblait totalement refermée sur elle-même tandis que la seconde la dévisageait comme si elle était complètement dérangée. Elle posait un regard inquiet sur la jeune Ludmila dont l'expression vide de ses yeux n'aidaient pas son examen.

— Tu peux m'expliquer, s'il te plaît ? demanda la femme d'une voix prudente.

Son interlocutrice silencieuse leva ses grands yeux émeraude vers le médecin puis commença d'une voix lente et morne à narrer les événements d'hier sous les yeux incompréhensifs de l'homme d'affaires dont les lunettes de soleil cachaient leur expression.

— Un homme est entré et s'est débarrassé de la personne qui passait chaque soir pour me prendre l'argent que je gagne chaque jour. Je l'ai surpris avec son cœur dans la main.

Rien de plus que deus phrases résumant parfaitement la situation. Un air inquiet se dessina sur le visage de la femme quand elle se leva et invita sa patiente à faire de même avec calme.

— Nous allons voir cela ensemble, d'accord ? la prévint-elle sans lui laisser le choix malgré sa question.

Pourtant, à peine deux pas furent-ils faits qu'un groupe de personnes en teeshirt et short pointait leur direction du doigt en chuchotant. Chad soupira en sachant qu'il avait été repéré et que maintenant l'arrivée des paparazzis n'allait pas tarder. Il se leva dans le calme tout en gardant la posture fière et arrogante qu'il affichait devant les médias puis attendit le dos droit que le propriétaire daigne sortir. Sa demande fut exaucée dans les secondes qui suivirent. Le marchand regardait autour de lui, l'air hagard se demandant certainement ce qu'il était en train de se passer et pourquoi son téléphone sonnait sans arrêt. Chad mît fin à ses souffrances en s'avançant, la mine glaciale et fermée. L'homme ouvrit grand les yeux puis cligna des paupières trois fois avant de reporter son attention vers le géant en noir se trouvant face à lui.

— Mon...monsieur Volkov ? bégaya le pauvre homme en croisant les yeux noirs de l'homme d'affaires qui avait retiré ses lunettes avec supériorité.

Chad se contenta de l'observer de la tête aux pieds tandis que le malheureux tremblait devant ce regard intransigeant.

— Votre... établissement semble avoir une bonne clientèle, remarqua Chad en balayant des yeux le bâtiment qui aurait bien besoin de quelques rénovations.

— Je... Oui.

L'homme voyait le piège se refermer sur lui sans rien plus pouvoir faire pour l'en empêcher.

— Que pensez-vous du fait de diriger cette boutique ? questionna innocemment Chad en fixant son regard dans celui vitreux de son interlocuteur qui se liquéfiait sur place.

L'homme d'affaires savait parfaitement que la foule s'était approchée curieuse et que la scène était filmée par différentes chaînes télévisées. Et d'autant plus que la femme qui avait conduit à cette situation était témoin de tout ce qui se passait. Rien que pour allonger cette dernière impression, il continua de se jouer des émotions du marchand qui avait toujours à la main un plateau où se trouvait une fournée d'appétissants croissants français.

— C'est un beau travail que je ne reléguerais à personne, répondit-il en reprenant de l'assurance et en bombant le torse mettant en avant son embonpoint.

— Dans ce cas, nous nous trouvons dans une impasse, susurra Chad afin que seul son interlocuteur ne l'entende. Je suis intéressé par votre boutique.

Le Chant du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant