Chapitre 3

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À regret, il tourna le dos à cette femme qui était devenu un fantôme par rapport à la dernière fois où il l'avait vue. Cette constatation ne lui donnait qu'une envie, revenir sur ses pas et obtenir la cause de ce changement. Aucune raison valable ne lui venait à l'esprit pour cela ni concernant les marques qu'il avait aperçu. Fatigué de rechercher des choses sans importance, il haussa les épaules avec nonchalance en se dirigeant vers le lieu où sa voiture avait été garée. Une fois dans l'habitacle, il prit la décision de se documenter sur cette femme. Pour cela, il roula au pas et se gara en face de la petite boutique et attendit. Les heures s'écoulèrent lentement, très lentement sans qu'il ne fasse un pas de travers dans sa surveillance. Sa patience porta ses fruits lorsque trois heures plus tard, la jeune femme sortit du magasin un élégant sac à main sur son épaule. La tête droite, elle avança et traversa en regardant à gauche puis à droite. Chad mit sa voiture en route et attendit qu'elle prenne de l'avance. Elle partait à pied, ce qui signifiait que son lieu d'habitation ne se trouvait pas très loin. Peut-être était-elle toujours dans cet appartement miteux dans lequel il s'était emparé d'elle pour ensuite l'emmener chez lui.

L'homme commença à s'engager sur la route au pas et débuta sa traque avec excitation. Il ne s'était pas trompé, elle avait gardé le même appartement. Un rictus se dessina sur son visage hâlé et neutre. Il la vit s'arrêter un long instant avant de prendre une profonde inspiration qu'il devina à sa poitrine qui se souleva, délicieuse. Chad fronça les sourcils accentuant son regard de glace qui descendit sur les mains de la jeune femme. Ces dernières tremblaient fortement alors qu'elle se trouvait en face de chez elle. L'incompréhension le gagna pour la première fois de sa vie le remplissant de fureur. Ses poings se serrent sur le volant tandis qu'il ne quitta pas une seule seconde la femme qui venait de sortir ses clés. Chad se souvenait que l'immeuble étant abandonné depuis quelques années, l'agent immobilier l'avait cédé pour un prix raisonnable à la jeune femme qui aujourd'hui l'occupait dans son entièreté. Mais celle-ci ne possédait pas les moyen nécessaires pour apporter les rénovations de première nécessité. Il se souvenait lorsqu'il avait mit les pieds pour la première fois dans ce taudis insalubre du dégoût qui s'était emparé de lui. Chad grimaça à la simple pensée de ce moment. L'homme vit la jeune femme pénétrer finalement dans son immeuble avec hésitation en regardant autour d'elle, les yeux remplis de peur. Quelques minutes s'écoulèrent durant lesquelles Chad resta, pour une raison inconnue, assis dans son véhicule. Soudain, une idée lui traversa l'esprit. Il ouvrit la portière et sortit de sa voiture avec une tenue impeccable. Son manteau noir voletait derrière lui à cause de la légère brise qui rafraichissait l'atmosphère et ses cheveux bruns parfaitement coiffés ne bougeaient pas d'un pouce. Son attention se porta sur la porte rongée par les mites que la jeune femme venait de refermer derrière elle. Sa poitrine se gonfla lentement puis il se mit à avancer d'un pas parfaitement mesuré. Ne se posant pas de questions, il poussa le battant en un craquement sonore, les sens en alerte. Rien ne répondit, lui permettant de continuer son chemin.

Ses narines se mirent à frémir en humant cette odeur qui jadis lui avait malmené son odorat. La moisissure présente sur chaque centimètre carré de la vieille bâtisse le mettait à l'épreuve. Une grimace vint déformer son sublime visage tandis qu'il ajustait sa veste parfaitement accordée avec son complet turquoise. Ses yeux se baladèrent avec dégoût sur l'escalier, ou du moins ce qu'il en restait, qui se tenait face à lui. Un coup d'oeil sur la rambarde lui suffit pour conclure qu'elle ne tenait que par la prouesse d'une force divine. C'est alors qu'avec une extrême prudence il posa la pointe de son mocassin sur la première marche qui manqua de céder sous la légère pression. Néanmoins, elle tint bon, lui permettant ainsi de lever sa seconde jambe et de réitérer l'exercice jusqu'à ce qu'il se trouve en haut de l'escalier. L'homme d'affaires s'engagea sur le palier silencieusement, passant en revue les pièces sur lesquelles le couloir permettait de donner. Toutes les portes étaient ouvertes, sauf une. Il s'agit de cette dernière qui attira la curiosité de l'homme. Le battant entrouvert permettait à un léger filet de lumière d'éclairer la douce pénombre du couloir. Chad s'approcha avec toujours cet air impartial et poussa doucement la porte afin d'obtenir plus de visibilité. La scène à laquelle il assista par la suite fit frémir son épiderme d'une émotion inconnue qu'il s'empressa d'enfouir. La jeune femme était bien présente mais pas pour autant seule. Un homme d'une quarantaine d'années lui faisait face adoptant une posture menaçante tandis que dans sa main droite se trouvait un canif rouillé. Le ton continuait de monter et la jeune femme agenouillée semblait attendre quelque chose de la part de cet individu. L'homme, arme à la main, avança vers la femme en faisant craquer le vieux parquet sous ses pas lourds et pensants. Chad observa en silence ce qui se déroulait sous son regard vide de sentiments. Et lorsque la main ne détenant pas l'arme blanche de cet homme se leva et rencontra violemment l'épiderme déjà violacée de la femme, son corps n'émit aucun tressaillement. Il se contenta de regarder en prenant en note tout ce qui était susceptible de l'aider. Il venait de trouver la réponse à la question qu'il s'était posé dans la boutique face aux yeux bleus qu'il avait aperçu.

Ce qu'il voyait aurait dû lui procurer cette émotion qu'il idolâtrait cependant, ce ne fut pas le cas. Bien au contraire, voir cette femme se faire violenter ne faisait que nourrir sa rage et sa haine vis-à-vis de l'agresseur. Son sang se mit à bouillir dans ses veines tel une bombe à retardement dont l'explosion reposait sur une action extérieure. Sa tension augmenta en flèche tandis que les coups qui pleuvaient sur la jeune femme se firent de plus en plus nombreux. Le souffle court, Chad vit le poing de l'homme s'écraser sur la poitrine de la victime au ralenti. Cette dernière poussa un énième cri de souffrance qui acheva d'enflammer la mèche se mettant à se consumer devenant de plus en plus dangereuse à chaque seconde qui s'écoulait. Elle ne réagit pas de manière explosive comme on aurait pu s'y attendre. Non... Mais calmement avec une froide dextérité parfaitement calculée. L'homme d'affaires s'avança, silencieux dans le dos de sa prochaine victime qui ignorait que sa fin était proche. Le couteau dont il s'était saisi dans sa poche se trouvant dans sa main au teint hâlé, il continua son chemin en adoptant l'allure d'un félin. Son attention fut alors réduite à un seul élément : l'homme se trouvant face à lui. Il perdit connexion avec la réalité tandis que la femme avait la vue brouillée par les larmes de douleur qui se déversaient en flot sur ses joues tuméfiées. Cette vue fut pour Chad la permission qu'il attendait pour se lancer. Son bras gauche entoura la poitrine de sa victime tandis que la droite dessina une fine lamelle de sang sur sa gorge. Profitant de sa surprise, Chad en profita pour l'attirer loin de la jeune femme et de son regard. Son captif dans ses bras se débattant de plus en plus énergiquement, il acheva son travail en sectionnant l'artère carotidienne le laissant se vider de son sang. Il relâcha doucement la pression et posa délicatement le corps toujours chaud sur le vieux parquet. Secouant légèrement la tête de la gauche vers la droite, Chad se sermonna intérieurement. Le travail n'avait pas été correctement exécuté, il avait été trop rapide. Du travail bâclé. De plus, le jeune femme traumatisée étante dans la pièce d'à côté pouvait arriver à tout moment.

Pris d'une fureur brûlante, Chad manqua de balancer son arme contre l'un des murs aussi fragiles que du papier. Il arrêta son geste à demi en jetant un coup d'oeil à sa victime maculée de rouge poisseux. Un rictus mauvais se dessina doucement annonçant l'arrivée d'une idée lui paraissant brillante et judicieuse. Il s'agenouilla à quelques centimètres du corps et observa. Il observa ses globes oculaires avec gourmandise puis descendit jusqu'à cet organe qui nous pompait le sang, nous permettant de vivre et de ressentir des émotions. Toujours ce sourire inquiétant aux lèvres, il leva bien haut son arme et la posa délicatement sur son coeur. Chad traça un mince filet bien profond, retira l'excédant de sang puis écarta les deux extrémités de la plaie avec délectation, le regard brillant. Enfin... Il poussa un soupire d'aise remplit de tranquillité et de quiétude, comme si rien ni personne de pourrait l'en empêcher. L'homme plongea ses mains gantées dans le torse de sa victime et les les posa avec sérénité sur cet organe qui n'était plus rien. Il tira un coup sec détachant net tout ce qui le reliait à son porteur. Le sevrage avait été effectué. Soudain, un craquement l'interrompit dans sa vibrante extase. Chad tourna brusquement la tête, le regard rivé sur l'ombre se dessinant sur le parquet sombre. Son esprit ne mit pas longtemps à réfléchir, ses bras bougèrent rapidement, envoyant ce qu'il tenait dans lac main aux pieds de la jeune femme en profitant de sa terreur en s'enfuyant sans se retourner. 

Le Chant du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant