La plume anonyme

46. Encore un cauchemar

Je viens de rentrer du lycée, heureuse d'annoncer à mes parents que j'ai enfin été acceptée dans l'équipe des cheerleaders, mais lorsque je passe le pas de la porte aucun bruit ne se fait entendre dans la maison. Pourtant la porte est ouverte.

Le silence pèse dans les premières pièces où je passe ma tête avant de voir la porte du garage ouverte – celle-ci donnant à la cuisine – et alors que je me rapproche pour pouvoir y entrer, des chaussures sont posées devant la porte...Je les reconnais parmi milles.

Et alors que je pénètre dans le garage, mon cœur manqua de s'arrêter...

- Mon dieu, criai-je avant de me redresser dans mon lit, trempée de la tête aux pieds.

Je tourne la tête vers mon réveil mécanique qui affiche 3h10 du matin, putain de cauchemar.

Le même depuis des années qui me hante chaque nuit, pratiquement à la même heure, qui me procure des sueurs froides trempant mes draps dans leur entièreté avant de me réveiller en sursaut. Celui qui remplit ma culpabilité à chaque fois que ce souvenir refait surface dans ma tête, celui qui m'empêche d'avancer. Parce qu'au final, j'en suis persuadé, c'est ma faute.

Je ne peux pas me rendormir, pas tout de suite. Je sors de ma chambre prenant le temps de poser mes pieds discrètement dans les escaliers pour ne pas les faire craquer avant de me retrouver dans la cuisine me remplissant un verre d'eau fraîche.

Que mon esprit redevienne clair s'il vous plaît.

Les cauchemars il n'y a rien de pire, avoir l'impression de revivre encore et encore cette situation que nous imaginons en dormant, se réveiller et être angoissée à pouvoir en mourir sur place...Je donnerais tout ce que j'ai pour pouvoir les faire disparaître complètement de ma vie.

Alors que je fais les cent pas dans la maison en passant par le hall d'entrée allant jusqu'au salon, je surprends la silhouette de ma mère, debout devant la baie vitrée une cigarette au bec.

Alors que j'hésite une seconde à reprendre mon chemin sans même faire attention à elle – puisque je n'ai toujours pas digéré sa décision – je m'avance vers cette vitre presque transparente tant elle est propre avant de l'ouvrir délicatement avec mes doigts et de me placer à côté d'elle.

Elle ne me regarde pas, elle sait pertinemment pourquoi nous sommes là, toutes les deux.

- Un cauchemar ? me dit-elle en recrachant la fumée sortant de sa bouche

- Toujours. Et toi ? lui répondis-je sans même lui déposer un regard

- Comme tous les jours.

- Je m'en veux maman, chuchotai-je en laissant échapper une larme

Maman et moi faisons le même cauchemar, toutes les nuits, à la même heure. Celui-ci hantait mes pensées et celle de ma mère au passage, nous causant des nuits blanches ou incomplètes affolantes nous laissant comme séquelles des cernes bien violettes le lendemain. Maman fumait uniquement juste après ces derniers d'ailleurs, elle n'a jamais touché une cigarette avant ça.