CHAPITRE 2 : TANTE KONY

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La chaleur suffocante de la journée s'immisçait dans la petite maisonnette de Gyona où vit Maleek avec sa petite sœur Imefa, sa tante et ses trois enfants, rendant l'atmosphère encore plus étouffante. Kony, la tante de Maleek, était affairée derrière sa machine à coudre, s'efforçant de terminer une écharpe pour son client Juraz. Mais la tension était palpable.

"Qu'est-ce que tu fous, Kony ? Ça fait des semaines que j'attends cette écharpe !" s'exclama Juraz d'un ton rauque, sa voix empreinte d'une agressivité teintée d'alcool.

Kony, le visage marqué par la fatigue, leva les yeux vers Juraz. Elle tenta de garder son calme, malgré les insultes qui s'abattaient sur elle. "Je fais de mon mieux, Juraz. J'ai eu beaucoup de commandes ces derniers temps, tu sais."

"Arrête tes excuses à deux balles ! T'es qu'une foutue incapable !" Juraz cracha ces mots avec mépris, les lèvres pincées par la colère.

Les mots durs de Juraz blessaient Kony au plus profond d'elle-même. Elle se mordit la lèvre, cherchant à préserver sa dignité. "Je travaille dur pour nourrir ma famille, Juraz. Tu n'as pas idée des difficultés auxquelles nous faisons face ici."

"Ta famille ? T'as déjà entendu parler de contraception, connasse ?" Juraz ricana, se complaisant dans son arrogance.

Les paroles de Juraz furent comme un coup de poing dans l'estomac pour Kony. La tristesse et l'humiliation se mêlèrent dans ses yeux. "Je t'en prie, Juraz, ne me parle pas ainsi. Je fais de mon mieux, mais j'ai aussi mes limites."

Le regard de Juraz se durcit, tandis qu'il se levait de sa chaise. "Tes limites ? Tu n'as pas le droit d'avoir de limites, espèce de pauvre fille insignifiante !"

Puis, soudainement, la porte s'ouvrit brutalement, révélant la silhouette imposante de Maleek. Son regard sombre et ses épaules carrées témoignaient de sa présence calme et taciturne. Il observa la scène avec une intensité silencieuse, analysant chaque détail de la dispute.

Le silence tomba alors que Maleek avançait d'un pas lent et mesuré, se plaçant entre Kony et Juraz. Sa voix, d'une fermeté glaçante, s'éleva dans la pièce. "Assez", prononça-t-il d'un ton bas mais autoritaire.

Kony et Juraz se turent instantanément, surpris par la soudaine intervention de Maleek. Son calme déconcertant ajoutait une tension palpable à l'air déjà lourd. Les yeux de Maleek fixèrent Juraz, perçants et déterminés.

"Kony est une femme forte qui se dévoue corps et âme pour nous tous", dit-il d'une voix glaciale. "Tu te trompes si tu penses pouvoir la rabaisser ainsi. Tes paroles ne te grandissent pas, Juraz."

Juraz, pris de court par la détermination de Maleek, tenta de répondre mais se trouva sans voix. Il baissa la tête, sachant qu'il avait franchi une limite qu'il aurait mieux valu ne pas dépasser.

Maleek détourna son regard de Juraz et se tourna vers sa tante. Il s'approcha d'elle doucement, posant une main réconfortante sur son épaule. "Ne te laisse pas abattre par ses paroles, tante Kony. Tu es bien plus forte que cela."

Kony, submergée par l'émotion, sentit les larmes perler au coin de ses yeux. Elle attrapa la main de Maleek et la serra avec gratitude. "Merci, Maleek. Merci d'être là."

Dans cette petite maisonnette de Gyona, au cœur de leur réalité difficile, Maleek avait défendu sa tante avec une force tranquille. Il savait que parfois,
les mots pouvaient être plus blessants que les coups, et il était prêt à se battre pour protéger ceux qu'il aimait.

Maleek observa alors la petite maisonnette qui les abritait, cherchant dans les détails subtils les souvenirs et les émotions qui y étaient attachés.

Les murs défraîchis, témoins de leur lutte quotidienne. Le faible rayon de soleil qui filtrait à travers la fenêtre, illuminant leur humble foyer. Les quelques objets personnels soigneusement disposés, symboles de leur attachement à un passé révolu.

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