Iris...

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Après avoir sauté du pont, une âme charitable m'avait sauvé de l'eau. Mon père disait le connaître et l'avoir rencontré à plusieurs reprises. J'ignorai encore qu'il était et je le détestai pour ça. Je ne lui avais rien demandé et ce dernier avait contré mes plans. Depuis, mes parents me surveillaient comme le lait sur le feu. Refusant de m'expliquer sur mon acte, obligés de me faire suivre par un thérapeute à la demande des médecins, ma mère tentant en vain de jouer la bonne copine. J'étais aussi en colère contre elle, je l'aimais, mais j'étais en colère car c'était en partie sa faute si j'étais devenue la cible de ces connards. Je m'en voulais de la tenir responsable, mais il me fallait un responsable et je l'avais prise pour cible. Mon père et ma grand-mère, eux jouaient les arbitres entre Maman et moi, nos colères étaient violentes et explosives, or avec l'âge Maman s'était assagi, mais moi j'étais une adolescente rebelle avec les hormones en ébulition en plus.


La boule au ventre, la capuche et ma veste sur la tête, mon sac en bandoulière sur mon épaule, mon casque avec la musique à fond dans les oreilles, je pénétrai dans les couloirs du lycée. Le médecin m'avait autorisé à reprendre les cours, Papa m'y avait emmené avec ce regard inquiet car je m'étais encore embrouillé avec Maman au point de la faire pleurer. Longeant les murs, évitant de croiser le regard des gens, je me rendis à mon casier pour y poser mes livres de cours. Je coupai la musique et m'apprêtai à refermer mon casier quand je fus cernée par un groupe de filles avec à sa tête, Allison. Allison Carmichael, pom pom girls en terminale, ex-petite amie de Tony Cortez le quaterback de l'équipe de football et reine de mes tourments. L'instigatrice première des horreurs, des rumeurs et tout ça parce que ma mère déteste la mienne. Sa mère s'appelle Tasha et elle était amoureuse de mon père jusqu'à ce qu'il rencontre ma mère et qu'elle ne devienne la femme de sa vie.

— Même les poissons de la rivière et la mort n'ont pas voulu de toi !

— Elle est juste nulle, même pour se foutre en l'air ! ajouta une autre qui éclata de rire comme une putain de grosse dinde.

Je serrai le poing, avant d'entendre Tony crier. Je tournai la tête et vis un ballon de football me foncer droit dessus quand brusquement une ombre apparut devant moi et arrêta le ballon. J'avais fermé les yeux et détourné le visage, me préparant mentalement à l'impact, mais rien ne vint. Je me redressai et tournai la tête pour voir un regard vert me sonder. Il tendit sa main et écarta la mèche de cheveux de mon visage avant de m'offrir un sourire. Il posa un chaste baiser sur mon front avant de s'éloigner. J'ignorai qui était ce mec et pourquoi il s'était montré si attentionné et gentil avec moi. Je vis Allison le fixer et être elle aussi sous le choc de la scène à laquelle elle venait d'assister. Puis mon attention se porta sur l'inconnu. Ce dernier faisait face à Tony et de rage le colla contre son casier.

— Ca t'excite de t'en prendre à une première année ?! C'est comme ça que tu prends ton pied ?! Terroriser une fille qui ne t'a rien fait te fait bander ?! Et si tu t'en prenais à quelqu'un qui peut te répondre ? Et si tu montrais à tes potes que tu as des couilles en te trouvant un adversaire à ta taille.

— Mec... balbutia Tony en perdant de sa superbe.

— Recommence et je te fais manger ton ballon avant de jouer au foot avec ta gueule ! menaça l'inconnu en faisant claquer le ballon contre le casier juste à côté de la tête de Tony qui détourna le regard terrorisé.

L'inconnu se tourna et me fit un signe de tête avant de s'éloigner après avoir réajusté sa casquette sur sa tête brune. Je déglutis et le vis disparaître. La sonnerie retentit et je réalisai que j'avais cessé de respirer. Sans demander mon reste, je m'enfui en courant et me rendis à ma salle de cours.

Storie twoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant