Chapitre 24

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"Où suis-je ?"

Un froid mordant la faisait trembler, malgré les nombreuses torches éclairant la salle et le feu crépitant dans l'âtre d'une énorme cheminée à sa droite. La pièce était haute, si haute qu'elle ne parvenait pas à en voir le plafond, plongé dans l'obscurité. Sous ses pieds nus, la pierre grise et glaciale ne l'épargnait pas, alors qu'une odeur de soufre agressait ses narines. 

Au fond de la salle se dressait un trône en métal noir, imposant et travaillé et un crâne de dragon menaçant, sa mâchoire béante ouverte comme s'il s'apprêtait à cracher son souffle brûlant, était suspendu au-dessus.

Elle remarqua alors deux silhouettes: la première, sur les marches menant au trône, tenait sa baguette pointée sur la seconde, qui avait un genou posé au sol et serrait les dents. Elle l'observa longuement, avec la sensation de l'avoir déjà vous: cette chevelure ébène, ces yeux sombres et brûlant d'une flamme intense... Le sorcier qui le tenait en joue, d'apparence malingre, aux traits fins et aux yeux fourbes, ricana avant de s'exclamer, d'un ton satisfait: 

-Voilà bien longtemps que nous ne nous étions pas autant amusés, Draven ! Quel dommage que tu n'aies pas été à Durmstrang, les pathétiques manants avec lesquels j'ai joué n'avaient pas ta résistance ! 

Draven se redressa, soufflant d'une respiration rauque, avant qu'un rire grave et froid ne résonne dans la salle. 

-Je comprends désormais pourquoi tes maléfices sont aussi faiblards, Vlad. À peine plus douloureux qu'un chiot qui mordille ! 

-Insolent ! S'emporta le dénommé Vlad, dont les joues étaient devenues cramoisies. Endoloris ! 

Elle recula d'un pas en voyant la lueur rouge atteindre Draven, qui laissa échapper un grognement de douleur mais resta debout, luttant contre la douleur du Sortilège Interdit. 

-Rappelle-toi de ta place, vermisseau ! Le fustigea son bourreau. Un second fils, et qui plus est, un bâtard reconnu uniquement parce que mon père s'est laissé envoûter par ta catin de mère ! 

À ses paroles, le Chasseur se redressa brusquement et tira son épée, se dirigeant à grands pas vers Vlad dont le sourire narquois fut remplacé par de la terreur pure. 

-IL SUFFIT ! 

La voix puissante qui avait retentit appartenait à un homme à la stature imposante, encore plus grand que Draven, aux cheveux grisâtres et aux yeux d'un bleu polaire et impitoyable. Aussitôt le Chasseur se stoppa, alors que Vlad se précipita vers le vieil homme en s'exclamant d'un air scandalisé: 

-Père ! Avez-vous donc vu ce que ce sauvage s'apprêtait à faire ? Il faut le punir ! 

-Cela suffit, Vladimir. Tu devrais être en train d'étudier. Quitte cette pièce immédiatement. 

-Mais, Père... 

-Maintenant. 

Le ton glacial du patriarche et son regard perçant persuadèrent l'ainé de partir au plus vite, en jetant un dernier regard rageux à son cadet. Ce dernier rangea sa lame dans son fourreau, s'inclinant devant son père qui passa devant lui pour s'installer sur le trône de métal sombre. 

-Quant à toi... qui crois-tu être, pour dégainer ta lame sous mon toit, et menacer l'héritier de ma maison ? 

Draven serra les dents et répliqua: 

-Il a insulté ma mère, il a de la chance d'être encore en vie. 

-Draven. Le ton de l'homme était calme, mais sévère. C'est grâce à ta mère que tu peux porter mon nom, alors ne gâche pas cette chance qu'elle t'a offerte. Elle mérite mieux que ça. 

Obscurus {Aubépine Tome 2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant