Nate
Une heure. Une putain d'heure qu'elle avait cessé de crier ce putain de prénom à la con. "Ethan". Qui était-il ? Pourquoi l'appelait-elle alors qu'elle était en pleine crise de panique ? Que représentait-il pour elle ? Et putain, pourquoi avait-elle besoin de lui alors que c'était moi qui étais stupidement resté ?
Il était déjà 5 heures du matin et je n'arrivais toujours pas à dormir. Comme d'habitude à vrai dire. Quant à elle, elle était étendue de toute sa longueur, la couette lui couvrant que partiellement le corps. Elle paraissait enfin être apaisée, dans les bras de Morphée.
Bah qu'il la garde avec lui jusqu'au petit matin, ça serait vraiment appréciable. Ras-le-cul de jouer au baby-sitter pour enfant traumatisé.Elle avait déjà fait deux crises de panique depuis la première fois qu'elle s'était endormie. Le même schéma se répétait sans cesse en boucle : elle pleurait, se débattait, crier le nom de ce foutu mec, me broyait les bras tellement elle les serrait fort puis se calmait doucement. Et pendant tout ce temps, je tentais désespérément de la protéger sans savoir contre quoi elle se battait réellement. Et bordel, jamais elle ne m'avait remercié pour être resté, pour la calmer et surtout pour ne pas l'avoir laissé chialer jusqu'à ce que mort s'en suive. Non. Rien. Madame se rendormait sans même m'adresser un putain de regard.
J'étais donc là comme un con à attendre que les minutes défilent tout en gardant un œil sur elle. Pourquoi fallait-il que je reste auprès d'elle bordel ? J'avais qu'à me casser comme l'enfoiré que j'étais. Mais non. Je persistais à rester. Je persistais à la prendre dans mes bras pendant ses crises. Et j'espérais qu'elle daigne me regarder. N'importe lequel de ses regards : les méchants, les provocants, les farceurs, les jaloux. Je voulais juste en apercevoir un, histoire de m'assurer qu'elle allait bien. Je voulais juste qu'elle sache que j'étais là même si elle ne me voyait pas.
Bordel, c'était vraiment moi qui venais de dire ça ? La honte.
Son petit corps était posé sur le matelas bien que sa tête soit sur mon bras. Une position vraiment inconfortable pour ma part mais elle semblait si bien installée que je préférais rester de marbre. Je ne bougerais pas d'un centimètre. Quitte à perdre mon égo et ma fierté, autant le faire à fond.
Je surveillai alors chacune de ses respirations. Régulières bien que saccadées par tous ses pleurs. Mon regard déambulait sur son corps. Tantôt j'examinais son visage, tantôt ses jambes. Je me retrouvais comme un con à la reluquer dans sa propre chambre. Enfin non, je ne la matais pas. Je l'observais simplement. Ses traits, ses cheveux, ses courbes et ses fess- bon ok je la matais. Mais avec bienveillance. Addy était du genre splendide quand elle se la fermait.
Cette nana représentait tout ce que je détestais : elle me tenait tête, elle me répondait, elle m'insultait ouvertement, elle ne baissait jamais le regard et elle n'avait pas peur de moi puisqu'elle retenait mes coups. Et pourtant, depuis que je l'avais croisé dans cette putain de salle de boxe et qu'elle m'avait répondu avec dédain, elle n'avait pas cessé de me hanter. Elle m'intriguait. Ce petit bout de femme d'un mètre soixante-cinq avait réussi à ME déstabiliser et à ME faire ME remettre en question. Moi, le mec le plus idolâtré de tout USF. Pathétique.
Et puis quand je plongeais dans son regard, j'avais l'impression d'être si vulnérable et pourtant si bien. J'arrivais à lire chacune de ses émotions et c'était sûrement ce qui faisait le plus mal car chaque mot qu'elle avait prononcé à mon égard était sincère. Elle me détestait. Pourquoi fallait-il que ça m'impacte autant ? L'avis des gens ne m'intéressait pas alors pourquoi cette gamine de 18 ans arrivait à me flinguer le cerveau ? Le pire de tout c'était que je refusais qu'elle me perçoive comme le connard que tout le monde voyait en moi. Pourquoi ? Aucune putain d'idée.
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Prisionera
Jugendliteratur52 semaines, 365 jours, 8760 heures. Voilà le temps de liberté qu'il lui restait. Arrêter de survivre et vivre une dernière fois. Voilà ce qu'elle désirait par-dessus tout. Nouvelle vie, nouvel état, nouvelle rentrée, nouveaux amis. Voilà ce qu'elle...