3 - Premier jour

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Un bip incessant me tira de mon sommeil. C'était mon réveil. Lorsque je compris pourquoi il sonnait, une joie s'empara de tout mon être et je me réveillai aussitôt, prête à affronter ce premier jour. Aujourd'hui était le début de ma nouvelle vie. J'allais enfin faire ma rentrée à l'université. À moi la vie étudiante !

Une semaine était donc passée depuis ma rencontre avec Austin. Et, à mon plus grand étonnement, notre cohabitation se passait plutôt bien. Il respectait mes règles et mon besoin d'avoir de l'espace et en contrepartie, j'apprenais doucement à lâcher prise et à apprécier son humour pervers et sexuel. Une grande première pour moi.

Nous avions d'ailleurs discuté de notre dispute. Il ne comprenait pas ma réaction excessive quant à ce surnom débile et ses blagues déplacées. Je lui avais alors fait comprendre que je n'étais pas fan des hommes et que je ne me sentais pas à l'aise avec eux. Je n'avais pas eu besoin de rentrer dans plus de détails, ni d'expliquer le pourquoi du comment, Austin avait acquiescé tout en me regardant bizarrement. Je devinai qu'il voulait me poser des questions plus intimes, mais il s'était retenu et ça, je lui en étais reconnaissante.
Lui m'avait alors montré par A + B qu'il n'était ni un pervers, ni un violeur. C'était simplement sa personnalité et son humour. Il n'avait, selon lui, aucune arrière-pensée. J'avais décidé de lui laisser le bénéfice du doute. Je ne lui faisais pas confiance mais il me donnait l'impression que je pouvais. Et ça, c'était bien plus que je ne l'aurais imaginé.

Je ne lui avais toutefois posé aucune question au sujet de ce pari. Pourquoi ? La raison était simple. Si je commençais à le questionner, il aurait eu la possibilité de me poser des questions personnelles en retour. Et je ne voulais pas lui parler de moi, de mon passé, de là où je venais, etc. Les questions basiques quand on rencontre une personne quoi ! J'étais incapable de répondre honnêtement à celles-ci. Et déjà que notre rencontre n'avait pas été très douce, je n'avais pas eu envie de lui mentir aussitôt. Alors j'avais préféré garder mes interrogations pour moi.

Nous étions donc restés sur les questions superficielles telles que "quel cursus fais-tu ?" ou encore "quel âge as-tu ?". Enfin pour moi, car lui m'avait parlé d'absolument toute sa vie. Je savais donc qu'Austin était en troisième année. Il avait alors 21 ans (oui il avait redoublé une année), il était fils unique, venait de Floride même, ses parents étaient divorcés, il était en licence de sport et surtout il avait des amis je cite : "extraordinairement géniaux, tu les adorerais poussin". Enfin bref, le mystère Austin n'en était plus un à mes yeux.

De moi, il savait simplement que je m'appelais Addy Thomas, que j'avais 18 ans, que j'étais en cursus lettres et que je n'aimais pas le genre masculin. Le strict minimum. C'était parfait.

Je n'avais pas envie que l'on me définisse sur mon passé ou sur tout ce que j'avais pu vivre. En arrivant ici, j'avais envie d'être une nouvelle Addy. Alors oui mon passé aller très bientôt me rattraper, mais j'avais devant moi un an pour être cette nouvelle Addy. J'avais choisi de saisir cette opportunité : être la Addy que je voulais.

Ces derniers jours, Austin avait passé la plupart de son temps dehors avec ses amis et notamment à faire des soirées. Il m'avait proposée de venir les rencontrer mais mon but était de me faire des amis, seule.

Un soir, nous avions d'ailleurs débattus plus de deux heures car monsieur voulait que je vienne avec lui à une de ces foutues soirées. J'avais, évidemment, refusé. Ses arguments n'ont pas su me convaincre mais il m'avait promis qu'il reviendrait à la charge et que, cette fois, je ne pourrais réfuter ce qu'il dirait. La vraie raison de mon refus était que je n'étais pas encore prête à sortir avec des inconnus. Mais ça, il n'était pas obligé de le savoir.

Déjà que l'homme n'était pas bon sobre alors en étant bourré, c'était la catastrophe assurée !

Aujourd'hui était donc le grand jour. Je ne connaissais évidemment personne et cela me stressait énormément. Repartir de zéro n'avait rien de simple surtout quand on était quelqu'un d'anxieux. Le moment fatidique approchait et mon angoisse augmentait fortement. Je rongeai alors mes ongles jusqu'à me faire saigner. Le but étant d'avoir mal physiquement pour ne plus penser à ce qui allait suivre.

PrisioneraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant