Changbin et Sophie. Sophie et Changbin. Dans la tête de Changbin, c'est comme ça que ça marche : les deux meilleurs amis contre le reste du monde.
Ouais... Enfin ça, c'était avant que Sophie n'aille à la fac et ne rencontre Seungmin, Félix et Hyunji...
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La fatigue courait encore dans les longues jambes de cet homme qui, aux yeux d'inconnus croisant sa route, semblait avoir fui un royaume d'un autre temps. Son allure princière faisait tourner des têtes ; ça, Hwang Hyunjin en avait bien conscience, surtout depuis son dernier contrat. Il avait beau danser dans une école, donner toute son énergie dans sa passion, dans ce feu qu'il répandait devant les miroirs d'entraînement, son amour pour le mannequinat n'avait jamais terni dans son cœur, et la marque que son agence avait contacté pour lui, avait demandé qu'il laisse pousser ses cheveux. Certainement qu'il les garderait de cette façon encore un bon moment. Il les aimait beaucoup, ainsi.
En revanche, ce qu'il appréciait moins, c'était la langueur dans ses cuisses. Il avait encore dû travailler en duo avec un des assistants de son professeur, plus beau que n'importe quelle statue ou peinture que Hyunjin avait pu voir. Ses professeurs adoraient le séparer de son meilleur ami. Au moins, ce magnifique assistant, face auquel son cœur battait toujours un peu plus fort, faisait ressortir le plus merveilleux de leurs mouvements.
Hyunjin leva le visage vers le ciel. Il avait commencé une peinture, il y a quelques jours, et ce fameux assistant y figurait. Impossible de l'oublier. Ce sentiment l'agaçait autant qu'il l'intriguait. Rarement avait-on piqué son intérêt de la sorte, et il semblait que ce visage refusait de quitter son esprit.
Non, c'était sûrement perturbant, mais pas autant que le visage de son meilleur ami qui illumina ses silencieuses pensées.
« Jinnie !!
— 'Lix, t'avais une course à faire, comment t'as fait pour arriver avant moi ? »
Félix lui sauta dans les bras, comme à chaque fois qu'ils se voyaient, même s'ils s'étaient quittés une demie heure auparavant, à la fin de leur dernier cours de la journée. Ses yeux brillaient de joie de le revoir. Parfois, Hyunjin se demandait si ce jeune homme n'avait pas des ailes cachées dans le dos.
« T'as dû t'arrêter un moment, pendant que tu rêvassais, supposa-t-il en détachant leurs corps. (Hyunjin lui sourit, alors l'autre l'imita.) Sophie doit être à l'intérieur, on y va ?
— Bien sûr. »
Ils passèrent la porte du café, laissant néanmoins entrer deux employés qui sortaient de la mairie. Heureusement pour eux que Sophie habitait dans une bourgade juste à côté de Séoul, et pas en centre-ville, là où ils étudiaient, vivaient et, lui, travaillait, car ils pouvaient profiter de prix pas trop élevés et d'établissements aussi agréables que celui-ci.
Félix fonça vers le fond du café, un peu comme un enfant trop excité de voir ses copains, et cette analogie attendrit encore l'artiste. Il salua d'un geste poli une serveuse, s'excusa alors que, trop occupé à regarder une nouvelle peinture resplendissante, il avait failli percuter un employé, et parvint jusqu'à la table de leur très chère fonctionnaire qui avait réservé depuis 17h03, heure de sortie de la mairie. De son siège, Sophie les saluait de son légendaire sourire, de ses gestes de mains trop énergiques, et bien sûr, d'un grand :
