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chapitre 14 : Enola, avant

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Les bras autour de mon corps tremblotant, je me balançais d'un pied à l'autre en regardant distraitement mes chaussures, n'osant pas lever la tête vers Pedro qui faisait de même. Dans la nuit noire et douce de ce milieu du mois de février, ma veste me portait fidèlement compagnie pour ne pas crouler sous les degrés peu élevés dehors, alors que j'attendais encore ma mère.

Je lui avais envoyé un texto quinze minutes auparavant pour la prévenir que l'on voulait rentrer avec Pedro, et elle ne devrait plus tarder maintenant. Sauf que ces minutes semblaient durer des heures tellement le silence était pesant autour de nous.

- La voilà.

Un frisson me parcourut l'échine quand la voix rauque de mon voisin sonnait à mon oreille, cela faisait au moins trente bonnes minutes que l'on n'avait pas échangé un mot. Même pour lui dire que j'avais appelé maman, je n'avais pas ouvert la bouche et lui avais simplement montré mon écran. Pourquoi s'éviter comme ça ? La réponse était déjà toute faite.

Lui et moi nous étions embrassés et ni l'un ni l'autre n'arrivait à prendre la parole après ça. Avais-je bien fait mon baiser, m'étais-je trop faite absorbée par le moment qui m'avait eu l'air totalement hors du temps ? Et le triste retour à la réalité me frappait de plein fouet, je n'arrivais même plus à regarder Pedro dans les yeux.

Alors dans un silence à en faire retourner un cadavre, on avançait jusqu'à la voiture de ma mère qui était stationnée juste devant la propriété de Luis. Toujours avec les lèvres collées l'une contre l'autre, on montait à bord du véhicule en échangeant brièvement avec le chauffeur qui nous demandait si tout s'était bien passé.

J'avais embrassé Pedro. J'avais senti mon cœur s'envoler.

- En tout cas, c'est un chic quartier par ici. argumentait ma mère alors que j'étais assise à côté d'elle, Pedro sur le siège juste derrière moi.

D'où j'étais, je pourrais jurer le bon Dieu que je réussissais à quand même entendre sa respiration saccadée à l'arrière. Plusieurs fois, j'avais laissé mon regard s'échouer sur le rétroviseur de ma portière et je m'étais directement redressée en surprenant les yeux du brun déjà sur ma personne.

Il me faisait avoir des sueurs froides à distance, c'était terrible.

- La paire de crampons lui a fait plaisir ? ma mère cassait à nouveau le silence glaçant de l'habitacle, sans se douter un instant où mes lèvres s'étaient posées quelques temps auparavant.

- Oui, il a bien aimé la couleur. lui répondait Pedro tandis que je fixais toujours le tableau de bord, ne sachant même plus parler.

- Tant mieux. Mais dites, y avait des parents à cette soirée ? Parce-que je suis sûre d'avoir vu deux-trois ados plutôt bien éméchés.

- Y avait un peu d'alcool mais trois fois rien. intervenais-je pour éviter à ma mère de faire une syncope en plein milieu du boulevard de la ville.

- Enola n'a rien consommé t'en fais pas, j'y ai fait attention.

Même si on pouvait croire que Pedro était en train de me couvrir en précisant ma sobriété nickel, j'étais persuadée quelque part qu'il avait vraiment prêté garde à ce que je ne touche pas à une goutte d'alcool. Je savais bien que pendant la soirée, un regard m'avait brûlé le dos à chaque fois que je m'étais approché du buffet et des boissons.

𝘫𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘧𝘦́𝘳𝘢𝘪𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘵𝘰𝘪 - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant