À bord du Black Pearl [BxB]

Chapitre 11

Je cours dans les rues depuis maintenant plusieurs minutes, manquant à chaque tournant de rentrer dans une personne ce qui leur décrochait des plaintes telles que « Eh ! », « Attention ! », « Regardez où vous allez ! » auquel je répondais par un simple « Excusez-moi. » alors que j'étais déjà loin d'eux.

Plus rien n'importait à ce moment là. Ni les personnes autour, ni mes muscles tendus et douloureux. Je voulais courir, de plus en plus vite.

La respiration me manque et ma gorge me brûle ou plutôt tout mon corps me brûle mais cela m'importe peu. Tout ce que j'entends c'est mes respirations rapides et profondes, les bruits de mes pieds heurtant le sol,  et les battements rapides de mon cœur qui résonnaient jusqu'à mes tympans. Je commençais à avoir la vue trouble avec des points lumineux orangées comme si gt sur le point de perdre connaissance. Pourtant, mon objectif m'encourage à effectuer une enjambée de plus que la précédente.

Je commence à reconnaître les rues et utilise mes dernières forces pour accélérer. Une fois arrivé, je m'arrête un instant devant la porte, en m'appuyant sur mes genoux pour reprendre ma respiration et m'assurant ensuite d'être présentable, avant de l'ouvrir délicatement puis d'entrer.

C'est là que je le vois.
Quand bien même la forge était sombre et poussiéreuse, les quelques trous du toit laissaient passer les premiers rayons du soleil éclairant ainsi la fine silhouette de Jack.
Il était là, debout, sur l'une des poutres du plafond, sabre à la main, s'entraînant dans le vide avançant d'avant en arrière.
Chaque pas, chaque coup de sabre, chaque mouvement qu'il effectue provoque chez moi un sentiment d'admiration et fit battre mon cœur à la même vitesse, que lorsque je courais alors que je n'effectue aucun effort.

Cependant cette scène fit remonter en moi un flot de nostalgie et me serra le cœur de savoir qu'il était ici, seul, à rejouer le jour de notre rencontre. Il semblait perdu, loin dans son propre monde et ses pensées.

Silencieusement, je le rejoignis sur la poutre, sur l'extrémité opposée derrière à lui, prenant au passage une des épées à disposition.

« - Prêt pour ta revanche ? »

Il se retourna, au début surpris, avant que son visage ne soit illuminé par son sourire espiègle et pur.

« - Et comment ! »

Il frotta la lame de son épée contre la mienne avant de donner le premier coup que j'ai aussitôt rembarré.
Ensuite, il changea de poutre et je tente aussi bien que je peux de le rejoindre sur la sienne. À plusieurs reprises il manqua de tomber.

« - N'étais-tu pas censé organiser ton mariage ? Pourquoi es-tu ici ? »

Après quelques coups, constatant que je ne répondrai pas à ses questions, il descendit et je le rejoignit. C'est alors que ma vision fut troublée.

« - Du sable ?! C'est de la triche ! »

J'essuyais mon visage a l'aide de ma manche, avec une mine énervée.

« - Ça fait 2-1 pour toi. Dis-je avec une pointe de colère dans ma voix.
- On dit qu'souvent on apprend de ses erreurs mais t'es bien la preuve vivante que c'est faux.
- Eh ! Dis-je d'une voix profondément outrée mêlée à un léger ricanement. »

Cette scène a dû particulièrement l'amuser car c'est à ce moment-là que je l'entendît rire pour la première fois.
Ce rire est sans nul doute le plus beau que je n'ai jamais entendu. Son rire joyeux et sans retenue est assez contagieux ce qui me fit rire de plus belle.

À ce moment là il était difficile de s'arrêter, sauf qu'une pensée me traversa l'esprit coupant court à notre euphorie.

« - J'ai divorcé d'Elizabeth, et je suis ici pour postuler au poste de matelot dans ton équipage, sur ton navire, et sous tes commandements. Et aussi pour rembourser une dette de dix sacs d'or.
- Tant que tu ne vides pas ma cale remplie de rhum, je te garderais au sein de mon équipage.
- Marchée conclus.
- Comment savais-tu que j'étais ici ?
- Le compas.
- Si c'est ton plan pour monter en grades, elle ne marche pas.
- Tu en es certain ? »

Souriants, nos regards se posèrent sur les lèvres de l'autre. L'adrénaline monta en nous et nos visages se rapprochèrent naturellement pour sceller nos lèvres telle une promesse silencieuse qui nous lierait l'un à l'autre tout autant qu'un mariage. Ce baiser marque le début d'une nouvelle vie ensemble, à deux, sans plus qu'aucune de mes nuits ne soit envahie par la solitude inexplicable qui emplissait mon cœur et mon âme autrefois.

« - Je t'aime, Jack. »

Ces mots, sortirent de sa bouche telle le son d'une vague calme, venant se glisser doucement sur le sable, pleine de tendresse.

« - Moi aussi, « Will ». Il serait temps de lever le cap. »